vendredi 20 septembre 2013
Quelles sont les principales armes chimiques utilisées dans le monde
Bachar Al Assad a admis mercredi que son pays avait bien des armes chimiques et assuré que cet arsenal sera détruit. Le président syrien a répété toutefois que l’attaque du 21 août n’était pas le fait de son armée. Autrement dit : il n’y est pour rien dans la mort de plus d’un millier de personnes.
Dans le même temps, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a déclaré que la Russie allait remettre au Conseil de sécurité de l’ONU des preuves confirmant que l’attaque chimique était une “provocation” des rebelles syriens”. Mais de quelles armes chimiques parle-t-on ? De cinq agents essentiellement.
1. Le gaz moutarde
Le gaz moutarde aurait été mis au point vers 1860. Il tient son nom d’une forme impure du produit chimique ayant l’odeur de moutarde. Il est aussi appelé Ypérite, en référence à la ville d’Ypres, en Belgique, où il fut pour la première fois utilisé au combat le 11 juillet 1917.
Il est ensuite massivement produit et diffusé pendant la Première Guerre Mondiale puis dans de nombreuses guerres au cours du XXe siècle, comme les conflits coloniaux et la guerre Iran-Irak (1980-1988). L’ancien dictateur irakien, Saddam Hussein, l’a utilisé le 16 mars 1988, lors du bombardement de la ville de Halabja, faisant près de 5.000 victimes.
Cinq variantes du gaz moutarde existent. Toutes incolores et inodores. Sous sa forme pure et à température ambiante, c’est un liquide visqueux.
Le gaz moutarde passe à travers les vêtements et le caoutchouc naturel des bottes et masques. Il pénètre dans la peau en 3 à 5 minutes. Il attaque les voies respiratoires et provoque de graves brûlures chimiques des yeux et de l’épiderme. Le gaz moutarde reste plusieurs jours dans l’environnement.
Il n’existe aucun antidote au gaz moutarde. Les premiers soins à apporter aux victimes sont de l’oxygène et une assistance respiratoire, un soutien des fonctions vitales et des médicaments en cas de convulsions. Le gaz moutarde peut être mortel mais sa première fonction est d’être très fortement incapacitant. A haute dose, il provoque des cancers de l’oesophage.
2. Le gaz sarin
Le sarin est un gaz neurotoxique. Il a été mis au point par des chercheurs allemands d’IG Farben qui travaillaient par hasard en 1938 sur de nouveaux pesticides. Ainsi, il tient son nom de ses inventeurs : Schrader, Ambros, Rüdiger et Van der Linde.
Le sarin a été produit en très grande quantité par les Etats-Unis et l’Union soviétique après la Seconde Guerre mondiale. Il a été utilisé comme arme chimique avant d’être considéré comme une arme de destruction massive en 1991 par les Nations-Unies. Sa production, son stockage et son emploi sont interdits depuis 1997.
Selon le chercheur américain John Hart, la France conduisait des essais de sarin sur le terrain pendant la guerre d’Algérie. En 1995, ce gaz a été utilisé lors d’un attentat dans le métro de Tokyo, au Japon, par la secte japonaise Aum, faisant 13 morts et plus de 6.000 blessés.
Incolore, sans goût et quasiment inodore lui aussi, le sarin pénètre dans le corps par voie respiratoire ou contact avec la peau. La dose létale est de 50 milligrammes pour un adulte. Ce gaz provoque l’étouffement en dix minutes à peine. Les victimes se plaignent d’abord de maux de tête violents et présentent des pupilles dilatées. Surviennent ensuite convulsions, arrêts respiratoires et coma précédant la mort.
Le sarin peut être diffusé dans les airs, mais il peut aussi servir à empoisonner l’eau ou la nourriture. Des vêtements entrés en contact avec des vapeurs de sarin de façon continue peuvent contaminer d’autres personnes pendant encore une demi-heure après l’exposition. Il existe un antidote efficace s’il est pris très rapidement.
3. Le gaz VX
Dix fois plus mortel que le sarin, le gaz VX a été inventé dans un centre de recherche britannique en 1952. Il se présente sous forme liquide à température et pression normales. Incolore, son mode d’absorption est le même que pour le sarin, à savoir l’inhalation ou le contact cutané. Sa production, son stockage et son emploi sont interdits depuis 1997 par la convention internationale sur les armes chimiques.
Le VX provoque la mort en s’attaquant au système nerveux. La dose létale est de 10 milligrammes par minute et par mètre cube. Les symptômes sont divers : écoulements du nez, larmes aux yeux, salivation excessive, transpiration accrue et tremblements musculaires.
Il existe des antidotes au VX. Le principal est l’atropine, mais d’autres substances comme la pralidoxime ou le diazépam peuvent réduire les risques. Les militaires soumis à une menace chimique disposent de seringues auto-injectables de 2 mg. La dose est répétée toutes les 15 minutes jusqu’à ce que les sécrétions des voies respiratoires reviennent à la normale et que la respiration se stabilise. Pour les civils, la première réaction à avoir après exposition est de retirer ses vêtements et se laver les yeux et la peau avec de l’eau et du savon.
Le gaz VX est très apprécié des scénaristes. Il a été évoqué dans les séries The Rock, 24 heures chrono et The Unit, MI-5, et dans les films Secret Defense, Eleventh Hour US, Nikita et Strike Back.
4. Le gaz tabun
Comme le sarin, le tabun est un gaz neurotoxique dangereux par inhalation ou contact épidermique. Il se présente sous la forme d’un liquide incolore ou brun selon son degré de pureté et a une odeur légèrement fruitée. Les symptômes peuvent varier d’un individu à l’autre, mais les plus observés sont les vomissements, salivations, diarrhées, vertiges et le coma.
Le tabun s’attaque au système nerveux et respiratoire. C’est la paralysie du système respiratoire et le resserrement des bronches qui provoquent la mort en l’espace d’une vingtaine de minutes. Le tabun reste plusieurs jours dans l’environnement. Dans l’immédiat, il faut retirer ses vêtements et se laver les yeux et la peau avec de l’eau et du savon. Comme le VX, le principal antidote est l’atropine.
5. Le cyanide
Le cyanure d’hydrogène est un agent hémotoxique qui bloque l’absorption d’oxygène dans le sang et entraîne la mort par asphyxie. Incolore et fortement volatile, il pénètre dans le corps par innhalation ou contact avec la peau. Il a notamment été utilisé sous sa forme gazeuse dans les chambres à gaz des camps d’extermination nazis.