Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

dimanche 25 août 2013

Une intervention secrète en Syrie pour déloger Bachar Al-Assad ?


Selon les informations du Figaro, des commandos formés par Israël, les Etats-Unis et la Jordanie seraient en action depuis quelques jours en Syrie.

Serait-ce le tournant de la guerre en Syrie ? Alors que Bachar Al-Assad est accusé d’avoir exécuté 1300 personnes via des armes chimiques, ce qu’il dément, Le Figaro vient apporter une information qui pourrait bien bouleverser les équilibres au Proche-Orient.

Selon le quotidien français, les premiers contingents syriens encadrés et formés à la guérilla par des Américains en Jordanie seraient entrés en action depuis la mi-août dans le sud de la Syrie, dans la région de Deraa. Le groupe de 300 hommes serait épaulé par des commandos israéliens et jordaniens, ainsi que par la CIA. Ils auraient franchi la frontière le 17 août, rejoints par un second contingent deux jours après.

Le Figaro cite des sources militaires, lesquelles précisent que les Américains forment depuis plusieurs mois des opposants à Bachar Al-Assad, dans un camp d’entraînement installé à la frontière jordano-syrienne. De quoi expliquer un éventuel recours à l’arme chimique ? En juillet dernier, le porte-parole de Bachar Al-Assad avait publiquement affirmé que le régime n’en utiliserait pas, « sauf en cas d’agression extérieure. »

Parallèlement à ces actions sur le terrain, la communauté internationale avance ses propositions sur la scène diplomatique. L’ONU vient de formellement demander au gouvernement syrien d’autoriser ses experts à enquêter près de Damas sur l’arme chimique. Fin juillet, le régime de Bachar Al-Assad avait donné son feu vert pour visiter trois autres sites qui auraient été le théâtre d’attaques similaires.

Depuis le début du conflit, les ONG ont recensé plus de 100.000 morts, et près de deux millions de réfugiés.

Obama et Cameron examinent des options militaires

Une future intervention contre la Syrie se précise. Au téléphone, Barack Obama et David Cameron ont exprimé "leur profonde préoccupation (...) devant des signes de plus en plus importants (indiquant) qu'une attaque significative aux armes chimiques avait été menée par le régime syrien contre son propre peuple", selon un communiqué de Downing Street.

Et "le fait que le président (syrien Bachar) el-Assad n'a pas coopéré avec les Nations unies laisse penser que le régime a quelque chose à cacher", a accusé Londres, ajoutant que "l'utilisation significative d'armes chimiques mériterait une réponse sérieuse de la communauté internationale".

Au moins 355 morts

De son côté, le président Obama s'est fait présenter toute la journée à la Maison-Blanche les possibles opérations militaires qui pourraient être déclenchées contre la Syrie. "Le président a assisté à l'exposé détaillé qu'il avait demandé sur la palette d'options potentielles devant préparer les États-Unis et la communauté internationale à répondre à l'utilisation d'armes chimiques", a indiqué la présidence à l'issue d'une réunion autour de Barack Obama, en présence du vice-président Joe Biden et des plus hauts responsables gouvernementaux, militaires et du renseignement du pays.

Le président américain est sous pression depuis que l'opposition syrienne a accusé le régime, avec des photos et vidéos qui ont fait le tour du monde, d'avoir perpétré le 21 août une attaque de grande ampleur aux armes chimiques qui aurait fait au moins 1 000 morts. L'organisation Médecins sans frontières a fait état du décès de 355 patients "présentant des symptômes neurotoxiques", tout en restant prudente sur leur origine et sur les responsabilités.

Washington reste prudent

La Syrie nie en bloc et accuse même ses ennemis rebelles d'avoir utilisé des armes chimiques près de Damas. Pour faire monter la pression, un responsable du département d'État a révélé samedi soir que le secrétaire d'Etat John Kerry avait exceptionnellement téléphoné, jeudi, à son homologue syrien Walid al-Moualem pour lui signifier que "si le régime syrien n'avait rien à cacher, il aurait dû autoriser un accès immédiat et sans entrave au site" de l'attaque présumée.

Washington reste toutefois prudent sur les faits. La Maison-Blanche a répété que les services de renseignement américains continuaient de "rassembler des faits afin de déterminer de manière certaine ce qui s'est passé".

Déploiement de moyens militaires 

Il n'empêche que le patron du Pentagone Chuck Hagel avait implicitement annoncé vendredi soir le déploiement de moyens militaires afin de fournir des "options" au président s'il devait donner l'ordre d'intervenir en Syrie. Ces moyens comprennent l'envoi en Méditerranée d'un quatrième destroyer équipé de missiles de croisière, selon un responsable de la défense.

En revanche, ni l'envoi de "troupes au sol (ni) une zone d'exclusion aérienne n'ont été discutés" lors d'une première réunion jeudi à la Maison-Blanche, d'après un diplomate américain.

Obama "passif"

Le président Obama s'est exprimé pour la dernière fois vendredi sur CNN. Et il s'est montré très réticent devant la perspective d'une opération militaire de grande envergure en Syrie. Il n'a même pas évoqué la fameuse "ligne rouge" qu'il avait lui-même tracée en août 2012 en guise d'avertissement à son homologue syrien s'il se servait de son arsenal chimique.

Ce président américain sceptique de l'interventionnisme militaire à tous crins, qui a retiré ses troupes d'Irak et s'apprête à le faire en Afghanistan, a mis en garde contre toute nouvelle guerre au Moyen-Orient. "Nous voyons des gens qui réclament une action immédiate. (Mais) se précipiter pour faire des choses qui tourneraient mal, nous embourber dans des situations très difficiles, peut nous entraîner dans des interventions très compliquées et coûteuses qui ne feraient qu'alimenter encore le ressentiment dans la région", a argumenté Barack Obama, visant le sénateur républicain John McCain. Ce dernier, battu par le démocrate à la présidentielle de 2008, l'a accusé de "passivité".

Menace contre les USA en cas d'intervention

Un haut commandant des forces armées iraniennes, a prévenu dimanche de «dures conséquences» si Washington franchissait «la ligne rouge».

La télévision d'Etat syrienne a déclaré que des soldats ont trouvé des matières chimiques samedi dans les tunnels qui avaient été utilisés par les rebelles. (photo: Reuters)

«Si les Etats-Unis franchissent cette ligne rouge il y aura de dures conséquences pour la Maison Blanche», a déclaré le commandant Massoud Jazayeri, adjoint du chef de l'état-major des forces armées iraniennes, réagissant à une éventuelle opération militaire américaine en Syrie.

«La guerre terroriste actuelle en Syrie a été planifiée par les Etats-Unis et les pays réactionnaires de la région contre le front de la résistance (face à Israël, ndlr). malgré cela, le gouvernement et le peuple syriens ont obtenu de grands succès», a ajouté M. Jazayeri.

«Ceux qui ajoutent de l'huile sur le feu n'échapperont pas à la vengeance des peuples», a-t-il encore déclaré.

L'Iran accuse régulièrement les Etats-Unis et leurs alliés occidentaux et arabes de soutenir les rebelles syriens pour renverser le régime du président Bachar al-Assad.

Le secrétaire à la Défense américain Chuck Hagel a déclaré dimanche que les forces américaines étaient prêtes à agir contre le régime syrien mais a souligné que Washington était toujours en train d'évaluer ses options après les informations selon lesquelles l'armée syrienne a utilisé des armes chimiques dans la région de Damas.

Le gouvernement syrien a démenti ces accusations affirmant que les groupes rebelles étaient à l'origine de ces attaques contre la population civile.