Les tirs nucléaires réalisés par la France entre 1966 et 1974 auraient provoqué des retombées de plutonium sur Tahiti, l'île la plus peuplée de Polynésie.
L'ensemble de la Polynésie française a été exposé aux radiations des essais nucléaires conduits par la France entre 1966 et 1974 qui ont provoqué des retombées massives de plutonium sur Tahiti, selon des documents de l'armée dévoilés mercredi par Le Parisien-Aujourd'hui en France. En janvier, la commission du secret de la Défense nationale a rendu un avis favorable à la déclassification de 58 documents portant sur les tirs nucléaires réalisés par la France en Polynésie sur cette période. L'armée avait reconnu en 2006 que l'un des tirs du 17 juillet 1974 avait provoqué des retombées jusqu'à Tahiti, l'île la plus peuplée de Polynésie, sans donner plus des précisions.
Les retombées sous forme de pluie de ce tir sur Tahiti les 19 et 20 juillet "contenaient du plutonium, l'élément le plus dangereux pour la santé", écrit Le Parisien. La radioexposition au plutonium a été de "500 fois la concentration maximale admissible en une heure", selon le quotidien, qui fait également état d'une zone radioactive plus importante que ce qui a été annoncé par l'État. "Les documents déclassifiés permettent de chiffrer à plus de 350 le nombre de retombées radioactives sur l'ensemble de la Polynésie", indique Le Parisien.
Pour la première fois, les documents de l'armée indiquent également que des militaires de l'armée française ont été exposés à ces radiations. Environ 150 000 personnes ont participé en tant que personnel civil et militaire aux 210 essais nucléaires français réalisés dans le Sahara algérien entre 1960 et 1966 puis en Polynésie française entre 1966 et 1974. En 2004, le pôle santé publique du tribunal de Paris a ouvert une enquête pour "homicide involontaire, atteinte à l'intégrité physique et administration de substance nuisible", à la suite d'une plainte de l'Association des vétérans des essais nucléaires français (Aven).