L'avocat du marchand d'armes franco-libanais affirme que son incarcération est "arbitraire" et un "moyen de le faire taire".
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"Ziad Takieddine n'a jamais eu l'intention de quitter la France. Il n'a pas l'âme d'un fuyard, mais celle d'un combattant." Tels sont les propos tenus samedi par Me Francis Vuillemin, avocat de l'homme d'affaires franco-libanais, mis en examen et écroué dans la nuit. Les enquêteurs le soupçonnent de s'être procuré frauduleusement un passeport de la République dominicaine avec pour volonté de fuir. Francis Vuillemin a interjeté appel de cette décision du juge des libertés et de la détention (JLD).
"Son incarcération arbitraire est le moyen de le faire taire. Cela rassurera certains. Pour l'instant", a prévenu l'avocat. "L'assignation à domicile sous surveillance électronique, mesure moderne et suffisante, a été méprisée par le juge sans raison valable au profit de l'archaïsme d'une détention provisoire non fondée, abolissant la présomption d'innocence", a dénoncé l'avocat. "Plus grave encore, la sécurité de Ziad Takieddine ne sera pas assurée en prison."
"Une fable montée en épingle"
Pour Me Dominique Penin, autre avocat de Zaid Takieddine, son client "n'a jamais voulu ni même imaginé" prendre la fuite. "Cette fable montée en épingle repose sur le prétendu passeport de la République dominicaine qui n'a jamais existé ni même été réclamé par une quelconque autorité." Selon lui, M. Takieddine a été "totalement abusé" et "s'est fait gruger par des escrocs" car "il n'avait nullement besoin d'un passeport de pacotille pour fuir la justice".
Ziad Takieddine a été plusieurs fois mis en examen dans le volet financier de l'affaire Karachi, les juges Renaud Van Ruymbeke et Roger Le Loire enquêtant sur son rôle dans le versement d'éventuelles rétrocommissions sur un contrat d'armement avec le Pakistan qui auraient servi à financer la campagne présidentielle d'Édouard Balladur en 1995. Dans le cadre de cette enquête, l'homme d'affaires était soumis à un contrôle judiciaire qui lui interdit notamment de quitter le pays.
Le marchand d'armes possède un passeport français, qui lui a été retiré dans le cadre de son contrôle judiciaire, et d'un passeport libanais. Il aurait pu, selon Me Penin, "fuir depuis longtemps s'il l'avait souhaité". Au contraire, selon Me Penin, "il a fait face à toutes ses obligations judiciaires" depuis son placement sous contrôle judiciaire, il y a deux ans. Zaid Takieddine a plusieurs fois demandé, en vain, aux juges, la levée de son contrôle judiciaire pour pouvoir rendre visite à sa famille, à Londres et au Liban. Avant la mise en examen de son client, Me Francis Vuillemin avait affirmé que telle n'avait jamais été l'intention de son client, qui avait voulu se procurer un passeport de la République dominicaine parce qu'il voulait investir dans ce pays.