Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

mercredi 12 juin 2013

Scandale au département d'État sous l'ère Clinton


L'ambassadeur américain en Belgique (à gauche), ici avec le vice-président Joe Biden en 2010, aurait eu des relations sexuelles avec des mineurs. 


Le département d'Etat est éclaboussé par des affaires présumées de prostitution et de trafic de drogue impliquant des diplomates et agents à l'étranger, des accusations portées par la télévision CBS et concernant l'époque où Hillary Clinton était secrétaire d'Etat. La chaîne s'appuie sur un rapport au vitriol rédigé fin 2012 par l'inspection générale du ministère des Affaires étrangères et mettant au jour des actes présumés criminels ou délictuels commis par des fonctionnaires, qui auraient été de surcroît couverts par leur hiérarchie et la sûreté diplomatique du ministère.

Ce corps d'élite assure la sécurité du secrétaire d'Etat et des 70'000 employés du premier réseau diplomatique mondial à Washington et dans 275 postes. Ce service prestigieux est déjà terni par l'affaire Benghazi. Il avait été épinglé pour ses ratés en matière de sécurité du consulat en Libye, attaqué le 11 septembre dernier par des islamistes qui avaient tué quatre Américains, dont l'ambassadeur.

Prostituées

Cette fois, des agents de la sûreté diplomatique protégeant Mme Clinton à la tête du département d'Etat (2009-2013) sont accusés d'avoir «engagé des prostituées durant des voyages officiels à l'étranger». Le mémorandum de l'inspection générale, cité par CBS, dénonce même une «pratique endémique».

Une autre possible affaire de prostitution vise l'ambassadeur des Etats-Unis en Belgique. Mais bien que CBS se soit bornée à parler d'«un ambassadeur soupçonné d'être client de prostituées dans un jardin public», l'ambassadeur Howard Gutman a tenu à se dévoiler pour nier avoir jamais sollicité de prostituées à Bruxelles, où il est depuis août 2009.

Il s'est déclaré «en colère et attristé par les allégations sans fondement faites dans la presse» et a jugé «dévastateur de voir souillées les quatre années durant lesquelles (il a) servi fièrement en Belgique», dans un courrier électronique repoussé par son ministère. «Je vis dans un magnifique parc à Bruxelles que l'on doit traverser pour se rendre à plusieurs endroits (de la ville) et je n'ai jamais eu de comportement indécent», s'est défendu le diplomate.

Trafic de drogue

La télévision américaine affirme en revanche qu'on aurait demandé à des fonctionnaires du département d'Etat d'arrêter en 2012 d'enquêter en interne sur les agissements de l'ambassadeur. M. Gutman aurait rencontré à Washington le sous-secrétaire d'Etat Patrick Kennedy, qui l'aurait renvoyé à Bruxelles sans l'inquiéter.

M. Kennedy a assuré dans un communiqué être «responsable du respect des plus hautes valeurs pour tous les employés» et n'avoir «jamais interféré, ni approuvé la moindre ingérence dans une enquête». Le rapport de l'inspection générale dénonce également un «réseau clandestin de trafic de drogue» autour de l'ambassade à Bagdad consistant à fournir des produits stupéfiants à des employés contractuels travaillant pour la sûreté diplomatique.

Les Républicains demandent des comptes

«Nous prenons très au sérieux les allégations de mauvaise conduite. Toutes les affaires mentionnées dans le reportage de CBS ont fait ou font l'objet d'une enquête minutieuse», a répondu la porte-parole du département d'Etat Jennifer Psaki, tout en pointant un certain nombre «d'accusations sans preuve». Mais cela n'a pas suffit au président républicain de la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants, Ed Royce.

Il a écrit au secrétaire d'Etat John Kerry pour «exiger une explication sur ces allégations de mauvaise conduite au sein du département d'Etat et d'ingérence de hauts responsables ministériels dans les enquêtes».