Il paraît que les cons osent tout, et que c'est même à ça qu'on les reconnaît. Les élèves de Sciences Po qui ont entonné le Chant des partisans en hommage au défunt adolescent dont on parle sur toutes les antennes ont osé. Il paraît que la vieillesse est un naufrage. Pierre Bergé a coulé. L'indécence médiatique oblige à rompre le délai de décence qui suit la mort d'un homme.
On ne sait par quel bout prendre l'hystérie collective qui agite les médias depuis ce triste événement. Il y a, dans ce déferlement de politiquement correct, une extraordinaire obscénité : la gauche Demorand semble presque contente d'avoir enfin là quelque chose qui viendrait valider trente ans de mensonge idéologique. Le journal Libération s'est une fois de plus ridiculisé, avec sa "mort d'un antifa" qui nous fait revenir à un certain 21 avril 2002 où France Inter se prenait pour Radio Londres.
Combat d'arrière-garde
À part l'implacable réalité du crime, tout est faux là-dedans : les étudiants de l'école la plus soumise qui soit à tous les dogmes se prennent pour des résistants, des groupuscules de déséquilibrés mentaux pour une menace fasciste, le ministre de l'Intérieur pour le gardien de l'ordre, les éditorialistes pour de grands esprits courageux.
Il n'y a aujourd'hui en France ni fascisme, ni résistance, ni ordre, ni courage. Ce militant avait sans doute la funeste illusion d'atteindre la fièvre de la lutte politique radicale, comme ses meurtriers. Mais que pouvaient-ils, chacun avec leurs noirs desseins, face aux forces qui actionnent désormais le destin des hommes et des peuples ? Rien. Le combat est ailleurs, et le leur est d'arrière-garde - plus déplorable encore est son issue.
Charles Consigny