Au cours du premier semestre de l’année 2012, il était régulièrement question d’une éventuelle frappe israélienne sur les sites nucléaires iraniens. Depuis, le dossier n’a pratiquement pas évolué, si ce n’est que l’Iran aurait installé 700 centrifugeuses dernier cri dans le cadre de son programme d’enrichissement d’uranium et que la centrale de Bouchehr aurait été endommagée par la récente série de séismes qui ont frappé le pays.
En outre, les négociations entre Téhéran et le groupe dit 5+1 (les 5 membres du Conseil de sécurité des Nations unies et l’Allemagne) piétinent et les inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) n’a toujours pas accès au site de Parchin, où auraient eu lieu des tests d’explosion conventionnelle applicable au nucléaire (détonique).
Et pourtant, la menace d’une attaque israélienne contre l’Iran n’occupe plus le devant de la scène. Et même les responsables israéliens se font discrets à ce sujet. En mars dernier, à l’occasion de la conférence de l’institut de politique et de stratégie d’Herziliya, le chef d’état-major de Tsahal, le général Benny Ganz, n’a pratiquement pas abordé le sujet alors qu’il a évoqué en détail les menaces auxquels Israël est actuellement confronté. “C’est un sujet qui nous occupe, jour après jour, heure après heure”, a-t-il simplement dit.
A la même époque, le président Obama a affirmé que “cela prendra un peu plus d’un an ou à peu près avant que l’Iran ne développe une arme nucléaire, mais évidemment nous ne voulons pas attendre le dernier moment.” Et, quelques jours plus tard, lors d’une visite en Israël, le locataire de la Maison Blanche a même déclaré ne pas s’attendre à ce que “le Premier ministre (Netanyahu) prenne une décision sur la sécurité de son pays en s’en remettant à quelque autre pays que ce soit” en répondant à une question concernant une possible frappe contre l’Iran.
Cependant, ce n’est pas parce que l’on parle moins d’une possible action israélienne que cette dernière n’est plus d’actualité. En tout cas, le vice-Premier ministre irakien, Hussein Chahristani, y pense. Dans un entretien accordé à l’AFP, le 3 juin, ce dernier a ainsi clairement mis en garde Israël.
Si jamais l’aviation israélienne doit mener une série de frappes aériennes en Iran, ses appareils n’ont pas énormément d’options. Passer par la Turquie et la Syrie est impensable vu l’état des relations diplomatiques que Tel Aviv entretient avec ces pays. Survoler l’Arabie Saoudite, ce qui n’est guère plus envisageable pour les mêmes raisons. Reste donc une route “centrale”, via l’Irak, laquelle offre deux avantages : elle est directe et l’espace aérien irakien n’est pas des mieux protégés.
“Les Etats-Unis nous ont assuré qu’ils ne violeraient jamais l’espace aérien irakien ou la souveraineté irakienne en utilisant notre espace aérien pour attaquer l’un de nos voisins”, a-t-il affirmé. “Nous avons également prévenu Israël que s’il violait l’espace aérien irakien, il devra en supporter les conséquences”, a-t-il ajouté.
Et c’est la première fois qu’un dirigeant irakien avertit Israël des conséquences d’éventuelles frappes préventives contre le programme nucléaire iranien. “Bien évidemment, l’Irak ne va pas révéler la réaction qu’il aurait, car cela permettrait à Israël de s’y préparer”, a cru bon de préciser Hussein Chahristani.
Cela étant, l’on voit mal quel type de représailles Bagdad pourrait bien exercer. Une réponse militaire? Cela paraît exclu. Et puis pour le moment, les autorités irakiennes ont déjà bien assez à faire à l’intérieur de leurs frontières, avec une hausse sensible des violences entre les communautés chiites et arabes sunnites et la résurgence d’al-Qaïda, sans oublier le différend avec le Kurdistan au sujet de la manne pétrolière.