La révélation de l’existence d’une ordonnance confidentielle autorisant la National Securité Agency (NSA) et le FBI à avoir accès à des informations concernant des millions d’abonnés à l’opérateur téléphonique américain Verizon ainsi que celle du programme PRISM, qui permet à ces mêmes services d’intercepter les communications d’internautes étrangers via Internet grâce à un accès aux données des géants du secteur comme Google, Facebook ou Skype, ont conduit l’Union européenne à exprimer “sa préoccupation” et à demander à Washington davantage d’informations sur ces affaires.
“Nous avons vu les informations de presse. Nous sommes naturellement préoccupés par les possibles conséquences pour la vie privée des citoyens européens”, a ainsi déclaré Cecilia Malmström, commissaire européen en charge des Affaires intérieures. “Mais il est encore trop tôt pour tirer des conclusions. Nous avons besoin de plus d’informations et nous allons contacter nos homologues américains pour obtenir plus d’informations”, a-t-elle ajouté, le 7 juin.
Le même jour, le président Barack Obama a défendu ces programmes de surveillance en affirmant qu’ils aident “à empêcher des attaques terroristes” tout en se voulant rassurant.
“Ils sont “secrets dans le sens où ils sont classifiés. Mais ils ne sont pas secrets dans le sens où, dans le cas des appels téléphoniques, tous les membres du Congrès ont été mis au courant”, a-t-il expliqué lors d’un déplacement à San José (Californie). Et d’insister : “Les commissions ad hoc du renseignement (au Congrès) sont pleinement informés au sujet de ces programmes (…) qui ont été autorisés par de larges majorités couvrant les deux partis depuis 2006.”
En outre, le président Obama a donné des précisions sur la nature de ces surveillances. “Personne n’écoute vos appels téléphoniques. Ce n’est pas de cela qu’il s’agit avec ce programme”, a-t-il avancé. “Les membres de la communauté du renseignement examinent les numéros de téléphone et la durée des appels. Ils ne regardent pas le nom des gens. Et ils n’examinent pas le contenu. Mais en analysant ces données, ils peuvent identifier des pistes sur des gens qui pourraient avoir recours au terrorisme”, a-t-il assuré, en estimant qu’il fallait “trouver un équilibre entre la nécessité de faire en sorte que les Américains soient en sécurité et nos inquiétudes pour la protection de la vie privée, a expliqué le dirigeant américain.”
S’il y en a un qui ne décolère pas depuis ces révélations, c’est bien James Clapper, le directeur national du renseignement (DNI), pour qui ces programmes de surveillance sont “outils efficaces dans la lutte antiterroriste” ainsi que pour “assurer la sécurité des Etats-Unis et de leurs alliés”. Ainsi, le 8 juin, il s’en est pris vertement à la presse, dans un second communiqué publié au sujet de cette affaire, en fustigeant sa conduite “irresponsable.”
“Dans leur hâte à publier, les organes de presse n’ont pas donné le contexte entier (dans lequel ces programmes sont mis en oeuvre) – et notamment le degré de contrôle exercé dessus par les trois branches du gouvernement”, a écrit M. Clapper, évoquant leur caractère vital pour assurer la sécurité des Etats-Unis et de leurs alliés.
S’agissant plus particulièrement du programme PRISM, les analystes du renseignement américain utilisent, selon le Washington Post, “un portail internet à Fort Meade où “ils doivent entrer des ‘sélecteurs’, ou mots-clé de recherche, de façon à ce que la probabilité que la cible soit étrangère dépasse 51%”.
Aussi, pour James Clapper, il s’agit d’un “système informatique interne au gouvernement utilisé pour faciliter la collecte autorisée de renseignement à l’étranger chez des fournisseurs de services de communications électroniques, sous supervision de la justice.” Et d’ajouter que PRISM, “autorisé dans le cadre du Foreign Intelligence Surveillance Act”, était “largement connu et avait été évoqué publiquement depuis sa mise en oeuvre en 2008.”
Et le DNI n’a pas manqué de rappeler que “les fournisseurs de services donnent des informations au gouvernement quand ils y sont contraints par une décision de justice.” Enfin, a-t-il poursuivi, PRISM “ne vise pas de citoyens américains ou quiconque vit aux Etats-Unis. Et l’administration ne peut demander des informations sur une personne vivant à l’étranger sauf s’il existe des renseignements précis justifiant cette demande (…) et que l’on peut raisonnablement penser que cette cible est en dehors des Etats-Unis.”