Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

lundi 6 mai 2013

Opération Creek Sand au Mali


Des militaires américains au Mali

L’administration Obama avait été claire en janvier dernier, soit quelques jours après le lancement de l’opération française Serval contre les groupes jihadistes installés au Nord-Mali : il n’était pas question d’engager des soldats américains sur le sol malien.

Une position réaffirmée un mois plus tard par le département d’Etat. “Nous aidons les Français et les Africains (ndlr, de la MISMA) mais nous n’avons pas l’intention de mettre les pieds au sol et d’engager nos forces militaires”, avait alors déclaré Johnnie Carson, un responsable de la diplomatie américaine chargé de l’Afrique.

L’aide américaine a donc consisté à fournir des moyens logistiques (transport aérien, ravitaillement en vol) et à partager des renseignements au sujet des groupes jihadistes. Légalement, l’administration Obama ne pouvait pas faire plus, étant donné que l’assistance militaire accordée au Mali a pris fin avec le coup d’Etat du capitaine malien Sanogo, en mars 2012.

C’est ainsi que, par exemple, l’armée américaine a déployé, à Niamey, au Niger, des drones Predator non armés, avec une centaine de personnels pour les mettre en oeuvre.

Pourtant, Washington a bel et bien envoyé des soldats au Mali. C’est du moins ce qu’a admis, la semaine passée, le lieutenant-colonel Robert Firman, un porte-parole du Pentagone. Selon l’officier, “environ 10 militaires” ont été déployés sur le territoire malien pour assurer un “soutien de liaison” entre les forces françaises et africaines et 12 autres ont été affectés à la protection de l’ambassade américaine à Bamako. Et il n’est pas question pour eux de prendre part à des opérations de combat.

Mais visiblement, cette présence militaire serait plus importante étant donné que Washington y aurait aussi envoyé des forces spéciales. Ce qui ne serait guère surprenant étant donné que les Etats-Unis ont installé des bases discrètes dans la région sahélienne à des fins de renseignement (opération Creek Sand). Et comme le rappelle le Washington Post, trois militaires américains furent tués au Mali dans un “mystérieux” accident de voiture en avril 2012.

Et le même quotidien rapporte que, le mois dernier, un élu républicain du Congrès avait évoqué la présence des forces spéciales américaines au Mali, à l’occasion d’une audition de l’amiral McRaven, le commandant des opérations spéciales.

“Il me semble que cela pourrait être un peu gênant de voir que les forces spéciales françaises sont en action alors que vos troupes en font probablement autant. Vous devez avoir pris des mesures sinon, vous allez risquer de vous tirer les uns sur les autres”, a demandé le représentant John Kline à l’amiral McRaven, au sujet de la situation au Mali.

Ce qu’a admis le commandant de l’USSOCOM. “Les forces américaines ont travaillé étroitement avec les Français au Mali”, a-t-il affirmé, sans pour autant donner plus de précisions. “Il y a une coordination très étroite sur le terrain”, a-t-il ajouté. “Il y a des communications tactiques jour et nuit afin que de coordonner tout mouvement”, a-t-il insisté.