Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

samedi 4 mai 2013

Le Pentagone a amélioré sa bombe anti-bunker MOP



Au début de l’année 2012, Leon Panetta, qui était alors le chef du Pentagone, avait indiqué, au Wall Street Journal, que la plus puissante bombe anti-bunker en dotation au sein de l’US Air Force, la Massive Ordnance Penetrator, n’était pas en mesure de détruire les installations nucléaires iraniennes profondément enfouies sur le site de Fordow, près de Qom. Et cela, malgré ses 2,7 tonnes d’explosifs.

Et d’annoncer alors qu’un budget de 82 millions de dollars allait être mobilisé pour améliorer les capacités de cette bombe, plus puissante que la “Daisy Cutter” (faucheuse de marguerites), utilisée au Vietnam et dans les montagnes afghanes de Tora Bora en 2002, remplacée depuis par la “Massive Ordnance Air Blast bomb” (MOAB, ce qui signifie aussi Mother of all bombs), laquelle reste la plus dévastatrice de l’arsenal américain.

Cette annonce était importante dans la mesure où il s’agissait de convaincre le gouvernement israélien de ne pas lancer une opération militaire contre les sites nucléaires iraniens avant que ces derniers ne soient trop protégés.

En disposant d’une bombe assez puissante pour détruire un site enterré comme peut l’être celui de Fordow, où est produit de l’uranium enrichi, cela permettrait d’éviter une action préventive israélienne. En clair, si la diplomatie échoue à faire renoncer l’Iran à ses prétentions nucléaires, il sera toujours possible d’y mettre un terme grâce à des capacités militaires susceptibles de détruire des sites très protégés.

Car si un raid israélien ne fait qu’endommager un site comme Fordow, le programme nucléaire iranien ne sera que retardé. C’est à dire que le problème ne sera pas définitivement réglé et qu’il faudra recommencer tôt ou tard, alors qu’entretemps, il faudra composer avec les conséquences cela ne manquerait pas d’avoir au Moyen Orient.

Plus d’un an plus tard, qu’en est-il? Si l’on en croit le Wall Street Journal, le Pentagone disposerait désormais d’une MOP améliorée, après avoir dépensé 400 millions de dollars pour en disposer 20 exemplaires, fournis par Boeing.

Le détonateur de cette nouvelle bombe de 15 tonnes (contre 13 tonnes pour l’ancienne version) dispose d’un fusible spécialement conçu pour résister aux chocs induits par les couches d’acier et de granit qui recouvrent le site de Fordow. En outre, cette munition dispose de “fonctions visant à contrer les défenses aériennes iraniennes” ainsi que de systèmes de guidage améliorés pour augmenter son degré de précision. L’idée du Pentagone est de créer un “cratère” en lançant une première MOP, puis d’y envoyer d’autres bombes pour atteindre les “grandes profondeurs.”

Avec cette MOP nouvelle version, Washington espère donc que le gouvernement israélien s’abstiendra de lancer une opération militaire en Iran. Ce qui laissera le temps à la diplomatie de peut-être aboutir. En tout cas, il s’agit avant tout d’attendre les prochaines élections iraniennes, en juin prochain. Et d’évaluer leurs conséquences sur la politique menée par Téhéran.