samedi 13 avril 2013
Sarkozy-Kadhafi : Takieddine réaffirme avoir des preuves
L'homme d'affaires accuse Sarkozy d'avoir fait financer sa campagne de 2007 par l'ancien leader libyen, mais refuse de transmettre ses éléments à la justice.
L'homme d'affaires franco-libanais Ziad Takieddine a réaffirmé vendredi, au lendemain d'une perquisition à son domicile parisien, qu'il existait des "preuves" d'un financement de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007 par la Libye, mais qu'il ne les dévoilerait pas, n'ayant pas confiance en la justice.
"La perquisition a duré 12 heures, mais ce qu'ils cherchent n'est pas là", a expliqué à la presse Ziad Takieddine, qui était absent lors de la perquisition menée dans le cadre d'une enquête préliminaire ouverte après une plainte pour "faux et usage de faux" de Nicolas Sarkozy contre Mediapart. À huit jours du second tour de l'élection présidentielle de 2012, Mediapart avait publié un document attribué à un ex-dignitaire libyen, affirmant que Tripoli avait accepté de financer pour "50 millions d'euros" la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007.
Devant le juge Renaud Van Ruymbeke, Ziad Takieddine, par ailleurs mis en examen dans le volet financier de l'affaire Karachi, avait affirmé détenir des preuves de ce financement sans apporter d'éléments concrets étayant ses accusations, selon une source proche de l'enquête. "Ne nous interrogeons pas sur ces documents, est-ce que Khadafi a payé Sarkozy ? Oui, oui il a payé pour la campagne, payé pour autre chose", a dit Ziad Takieddine. "J'ai dit [au juge] que les documents existent. J'en ai pris connaissance, ils ne sont pas chez moi et je ne peux dire où ils se trouvent", a dit Ziad Takieddine en précisant : "Je ne dirai jamais où ils sont car je ne fais pas confiance à la justice, incapable d'aller vers la vérité car elle est malade de ses magistrats".
"Quatre personnes en possession de preuves"
Selon l'homme d'affaires, quatre personnes, qui ne se trouvent pas en France, sont en possession des preuves. Mais "qui me dit que le parquet ne va pas emprisonner celui qui les a données", ajoute l'homme d'affaires qui demande des "garanties sur leur sécurité". Plus largement, "tant que la justice n'a pas donné toutes les garanties d'un bon fonctionnement, la France n'aura rien (...) je ne dirai pas à la justice où je les ai trouvées", a-t-il assuré.
Devant le juge, Ziad Takieddine avait évoqué plusieurs rencontres, avant l'élection présidentielle de 2007, entre Bachir Saleh, alors secrétaire particulier de Kadhafi, et Claude Guéant, alors directeur de cabinet du ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy. Claude Guéant, dont le domicile a également été récemment perquisitionné, avait réagi en évoquant de pures "affabulations". Peu après la publication du document de Mediapart, Bachir Saleh, visé par une notice rouge d'Interpol, avait précipitamment quitté le territoire français.