Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

jeudi 4 avril 2013

Le Pakistan a expulsé vers la France trois djihadistes présumés


Les trois apprentis djihadistes présumés auraient été détenus dix mois dans le plus grand secret et seraient arrivés en France.

Le Pakistan a expulsé cette semaine vers la France trois apprentis djihadistes français présumés qu'il détenait depuis dix mois dans le plus grand secret, a appris jeudi l'AFP de sources concordantes. Le dernier des trois est arrivé jeudi par avion en France, a confirmé une source diplomatique française. "Les deux autres avaient rejoint la France au cours des 48 heures précédentes", a-t-elle ajouté. Cette annonce intervient un peu plus d'un an après le séisme provoqué en France par l'affaire Mohamed Merah, ce jeune djihadiste français qui se réclamait d'al-Qaida et a tué sept personnes, dont des enfants juifs et des militaires, quelques mois après être passé au Pakistan.

"Âgés d'une trentaine d'années et originaires de la région d'Orléans (à une centaine de kilomètres au sud de Paris), ces trois hommes avaient été arrêtés par la police pakistanaise le 28 mai 2012 dans le sud-ouest du Pakistan en compagnie d'un autre Français, Naamen Meziche", a déclaré une source proche du dossier. Naamen Meziche, environ 42 ans, est, quant à lui, toujours détenu au Pakistan et en attente d'être expulsé. Il est considéré par les services secrets occidentaux et pakistanais comme un important cadre d'al-Qaida potentiellement dangereux pour l'Occident. Son arrestation avait été annoncée en juin par les autorités pakistanaises, et confirmée par les services français.

Un parcours flou

Mais ni Islamabad ni Paris n'avaient jugé bon à l'époque de préciser que trois autres Français, dont Naamen Meziche pourrait avoir été le recruteur, avaient été arrêtés avec lui. Les informations recueillies auprès de sources pakistanaises et occidentales le confirment aujourd'hui. "Les quatre Français arrêtés l'an dernier, dont Naamen Meziche, sont détenus depuis plusieurs mois à Islamabad", indiquait récemment une source sécuritaire pakistanaise. Selon des sources proches de l'enquête, les trois plus jeunes sont tous issus de familles d'origine maghrébine aux revenus modestes, pour certains en couple et pères de jeunes enfants. "Ils avaient quitté la France en janvier 2012. Certains avaient alors dit à leurs familles vouloir se rendre à La Mecque", la ville sainte la plus sacrée de l'islam, explique la source proche du dossier.

Mais quatre mois plus tard, c'est au Pakistan qu'ils sont arrêtés par la police locale pendant qu'ils circulent avec Naamen Meziche dans le sud-ouest de ce pays, région frontalière de l'Iran et de l'Afghanistan et voisine des zones tribales, principal bastion d'al-Qaida et de ses alliés talibans dans cette partie du monde, et où Mohamed Merah avait brièvement passé quelques mois avant de commettre ses meurtres.

Leur parcours de quatre mois entre la France et leur arrestation reste encore très flou. "Ils ont été arrêtés juste après leur arrivée au Pakistan via l'Iran, où ils étaient entrés légalement à partir de la Turquie", note un des enquêteurs. Ces derniers soupçonnent Naamen Meziche d'être venu les chercher dans cette région à partir des zones tribales pakistanaises avec l'intention de les y ramener. Naamen Meziche devrait en principe lui aussi être libéré et expulsé vers la France, mais "le calendrier et les modalités de cette libération ne sont pas encore définis", note la source diplomatique française. La France a adopté le 13 décembre dernier une nouvelle loi permettant de poursuivre des Français commettant des actes de terrorisme à l'étranger ou partant s'y entraîner au djihad. Mais elle ne pourra s'appliquer aux trois expulsés, car ces derniers ont été arrêtés avant son vote. En dépit de la minceur du dossier, n'ayant a priori rien d'autre à leur reprocher que la fréquentation de réseaux djihadistes présumés, la justice française pourrait toutefois ouvrir une information judiciaire pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste" et incarcérer un ou plusieurs d'entre eux.