Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

vendredi 26 avril 2013

L’aviation russe a simulé l’attaque de bases militaires suédoises




La soirée du 29 mars dernier, veille du week-end de Pâques, promettait d’être sans histoire pour les contrôleurs de la défense aérienne suédoise. Les forces russes étaient bien en train de mener l’exercice Ladoga 2013 près de la frontière finlandaise, avec 70 avions et un millier d’hommes. Mais rien de bien méchant. La routine en somme.

Peu après minuit, les radars suédois détectent deux bombardiers à capacité nucléaire Tu-22 M3 Backfire escortés par 4 chasseurs Su-27 Flanker, qui, venant de Saint-Petersbourg, survolent alors le golfe de Finlance. Là encore, rien de particulier à signaler, les avions russes ayant l’habitude de prendre cette route pour rejoindre l’enclave de Kaliningrad.

Mais, deux heures plus tard, la tension monte brusquement d’un cran : les 6 avions russes pénétrent à l’intérieur de l’espace aérien suédois, après avoir suivi une ligne entre les îles d’Öland et de Gotland, dans la Baltique. Théoriquement, deux JAS Gripen maintenus en alerte auraient dû décoller pour intercepter ces appareils. Seulement, il n’en a rien été et l’aviation suédoise a totalement été prise au dépourvu.

Quant aux avions russes, comme rien n’est venu perturber leur mission, ils se sont séparés en deux groupes, l’un prenant la direction de Stockholm, l’autre se dirigent vers le sud de la Suède. A priori, leurs objectifs étaient deux importantes bases suédoises. Puis ils ont ensuite la route vers la base d’où ils étaient partis.
La seule réaction qu’il y a eu ce soir là est à mettre au crédit de l’Otan, qui a fait décoller deux F-16 danois alors déployé sur la base de Šiauliai, en Lituanie, dans le cadre d’une mission de police du ciel menée au profit trois pays baltes.

Cet épisode a été maintenu confidentiel jusqu’à ce qu’il soit relaté dans les détails le 22 avril dernier par le très sérieux quotidien Svenska Dagbladet et confirmé par le général Anders Silwer, le chef d’état-major des forces aériennes suédoises.

Mais visiblement, l’aviation russe semble s’intéresser de très près à la Suède étant donné que le même journal a indiqué qu’un avion de renseignement électromagnétique Iliouchine Il-20M “Coot”, dont il est supposé que l’aéronautique navale en a gardé deux exemplaires en service, a effectué un vol, le 20 avril, entre les îles d’Öland et de Gotland, “au moment où la Suède menait un important exercice militaire” dans le cadre de l’Otan.

Ce nouvel “incident” a motivé la Commission de la Défense et des Affaires étrangères du Parlement suédois à organiser une audition des responsables militaires du pays afin d’avoir des explications sur le manque de réactivité des forces suédoises.

Ces révélations sont faites alors qu’un débat concernant les capacités militaires suédoises a été lancé suite aux affirmations du général Sverker Göranson, le chef d’état-major des armées, selon lesquelles le pays ne pourrait pas tenir plus d’une semaine “en cas d’attaques limitée”.

Après avoir baissé drastiquement ses dépenses militaires – en 20 ans, le nombre d’avions de combat est passé de 400 à moins de 150 – plusieurs voix politiques, de droite comme de gauche, se sont élevées, au début de cette année, pour réclamer une hausse de l’effort de défense.