Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

jeudi 18 avril 2013

Haïti : quand l'ONU tue, mais ne paye pas


Un camp installé par les Nations unies a pollué une rivière dans laquelle la population puise son eau. L'ONU refuse de reconnaître sa responsabilité.

Les Haïtiens puisent de "l'eau potable" dans l'Artibonite. © Nicholas Kamm / AFP 



L'ONU a envoyé des troupes après le tremblement de terre à Haïti afin d'aider le pays à faire face à cette catastrophe. Parmi les troupes installées par l'ONU, pour assurer la sécurité d'une île dans une situation exceptionnelle, se trouvaient des soldats, mercenaires, originaires du Népal. Ils se sont installés dans un camp dépourvu des conditions minimales d'hygiène et de contrôle médical. Une épidémie ravageuse de choléra s'est développée, qui a touché plus de 100 000 personnes et a déjà fait plus de 7 000 morts à Haïti. Très rapidement, la population a identifié que la source du choléra était le camp des Népalais dont les toilettes étaient directement déversées sans décontamination - l'eau de Javel aurait pourtant suffi - dans l'Artibonite, qui sert d'eau potable à la population. Les Haïtiens, par bon sens, en remontant la rivière, ont commencé à protester en disant que c'étaient les soldats de l'ONU qui les avaient contaminés. L'OMS, l'Organisation mondiale de la santé qui dépend de l'ONU, a fait réaliser une enquête, très partiale, niant entièrement les faits et la contagiosité du choléra et mettant en cause le réchauffement climatique et les modifications environnementales !

L'OMS refuse de reconnaître la responsabilité de l'ONU

Le gouvernement haïtien a dès lors demandé au gouvernement français une enquête contradictoire, qui a été menée par le professeur Renaud Piarroux, directeur du laboratoire de parasitologie et de mycologie à l'hôpital de la Timone à Marseille. Il a pu démontrer que l'épidémie avait bien comme origine le camp des Népalais. Cela a été confirmé par le fait que la séquence des gènes des souches de choléra isolées à Haïti est à 100 % identique à celle des gènes de l'épidémie sévissant au Népal. Le travail, réalisé par des équipes scientifiques aux États-Unis et en Angleterre, a été publié dans les meilleurs journaux.

Toutefois, l'OMS refuse de reconnaître la responsabilité de l'ONU, qui vient de refuser d'indemniser les victimes, alors qu'il s'agit bien d'une faute grave, et non d'un aléa imprévisible. En effet, le choléra est l'une des deux maladies avec la peste, pour laquelle on a inventé, il y a des siècles, la quarantaine et les lazarets. Or, on a importé en Haïti des centaines de mercenaires venant d'un pays, le Népal, où sévissait une épidémie de choléra, et ce, sans aucune précaution.

Il est indispensable que l'ONU reconnaisse ses responsabilités, indemnise au mieux les Haïtiens et mette en place une stratégie pour éviter qu'à l'avenir on évite de provoquer des épidémies en déplaçant des militaires de l'ONU issus de zones épidémiques. À Haïti, l'aide internationale n'a fait qu'empirer la situation d'un pays qui n'en avait pas besoin !

Professeur Didier Raoult