Préméditation ou désespoir d'une femme amoureuse délaissée ? Entre Marcela Iacub et DSK, il y a plus qu'un malentendu ou un livre polémique.
Dominique Strauss-Kahn et son ancienne maîtresse, l'écrivain Marcela Iacub, qui a publié un livre racontant leur liaison. © Zazzo - Meigneux / Pasco/Sipa
En décembre 2011, la philosophe Marcela Iacub informe son éditeur Fayard qu'elle publiera bientôt chez Stock, un concurrent. Elle y est contrainte, le patron de Stock est un ami, fort malade, et il l'a ardemment priée de lui donner un livre. Marcela Iacub précise qu'elle envisage de consacrer cet ouvrage aux théories sur l'hermaphroditisme, ou bien aux transsexuels...
Le 15 janvier 2013, Jean-Marc Roberts, le P-DG de Stock, amateur de poker et de désinvolture charmeuse, reçoit ce tapuscrit qu'il attend depuis plus d'un an. "J'ai lu ses dix premières pages, je les ai trouvées fortes", affirme l'éditeur, "Je lui donne des conseils, mais elle écrit entièrement seule..." Dans ce livre de Marcela Iacub, d'hermaphroditisme ou de transsexuels, il n'est nullement question, mais bel et bien des sept mois de sa liaison avec l'ex-patron du FMI, qu'elle ne nomme pas. Un récit déconcertant, dans lequel elle file la métaphore : son amant serait mi-homme, mi-cochon. L'auteur piétine allègrement la vie privée de Dominique Strauss-Kahn, tout en ne le nommant point, glissant seulement quelques indices fortement identifiants : partouze, New York, femme de chambre.
La vie privée de DSK est une chimère
DSK et ses défenseurs saisissent la justice. À l'audience, le 28 février, Jean Veil, avocat de Dominique Strauss-Kahn, lit un courriel que Marcela Iacub envoya à son amant : "Les gens avec lesquels j'ai travaillé m'ont un peu dégoûtée après coup parce qu'ils se sont servis de moi comme d'un instrument pour te nuire." Stupéfaction. L'auteur serait-elle une espionne instrumentalisée dans un noir complot ? Ici, il nous faut préciser qu'avant d'écrire Belle et Bête la philosophe publia en janvier 2012, chez Fayard, un court livre titré "Une société de violeurs". Une déconstruction radicale du féminisme victimaire. Un livre qui parvint à DSK, et à la suite duquel lui et l'auteur vécurent cette liaison tumultueuse et secrète.
Faute d'obtenir les explications de Marcela Iacub, qui n'a pas souhaité nous répondre, il convient d'examiner la machination qu'elle évoque ? Qui aurait pu vouloir nuire à DSK ? L'enjeu paraît bien galvaudé tant la particularité de l'homme public est connue, et sa vie privée une chimère. "Je ne sais pas ce que ce mail de Marcela veut dire, confie Jean-Marc Roberts. Je ne connaissais rien de leur relation amoureuse jusqu'à janvier 2013." Alors, pourquoi Marcela Iacub a-t-elle écrit de si étranges phrases ? "Elle écrit cela pour rendre DSK parano, elle veut l'effrayer", croit savoir un proche. "Faire croire à une machination, c'est son orgueil. Elle veut qu'il croie qu'elle ne l'a pas aimé", analyse une proche amie. Un faux aveu pour masquer un vrai sentiment et fabriquer un livre à scandale. La philosophie s'égare.
Emilie Lanez