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dimanche 10 mars 2013

Drame de Sierre : deux hypothèses persistent encore


La procédure pénale pourrait être classée dans le cadre de l'accident de car de Sierre, qui avait coûté la vie à 22 enfants. Le responsable presse de la police sera pour sa part entendu le 13 mars.

Une année après l'accident du car belge qui a coûté la vie à 28 personnes dont 22 enfants le 13 mars 2012 à Sierre (VS), les dernières investigations se concentrent sur le chauffeur. Ce dernier étant décédé dans le drame, la procédure pénale sera probablement classée.

Olivier Elsig, procureur en charge de l'enquête, attend encore deux rapports du Centre universitaire romand de médecine légale (CURML) de Lausanne (VD). Le premier indiquera si la maladie coronarienne dont souffrait le conducteur du bus peut être à l'origine d'un malaise, le second analysera l'influence sur le comportement de l'antidépresseur que prenait le chauffeur.

Les conclusions de ces rapports devraient être communiquées à la presse en avril. Elles donneront sans doute des pistes mais pas de certitude quant aux raisons exactes qui ont conduit le bus belge à dévier de sa trajectoire pour percuter de plein fouet un mur en béton, au fond d'une niche de secours du tunnel de l'autoroute A9 au soir du 13 mars 2012.

Deux hypothèses subsistent

Au fil des mois, les enquêteurs ont procédé par élimination. A ce stade, il reste deux hypothèses, toutes deux en lien avec le chauffeur: soit il était inattentif au moment du drame, soit il a eu un problème de santé.

«Dans un cas, comme dans l'autre, l'homme étant décédé, un classement de la procédure serait alors envisagé», indique Olivier Elsig. Mais quelle que sera la décision finale du Ministère public valaisan, les parties pourront demander d'éventuels compléments d'instruction.

Nombreuses pistes écartées

L'enquête a permis d'écarter de nombreuses pistes qui auraient pu expliquer l'accident du bus qui transportait deux classes des villes flamandes de Lommel et d'Heverlee (BE) de retour de vacances de neige à St-Luc (VS).

Ainsi l'autopsie et les analyses toxicologiques ont montré que le chauffeur est décédé des suites du choc. Il n'avait pas d'alcool ou de stupéfiants dans l'organisme. L'analyse du tachygraphe et l'expertise des images des caméras de vidéosurveillance du tunnel établie par l'Institut forensique de Zurich ont permis d'établir avec certitude que le conducteur roulait à une vitesse adaptée.

Durant les dernières centaines de mètres avant la collision, la vitesse s'élevait entre 99 et 100 km/h. L'apparente absence de réaction du chauffeur durant les dernières secondes a interpellé des familles de victimes qui ont évoqué un suicide. Pour Olivier Elsig, aucun élément ne permet pour le moment d'étayer cette thèse.

Enfin l'expertise du véhicule, avec l'examen des roues, pneus, freins, direction, suspensions et système d'accélération, n'a pas révélé de défaut ou de problème d'entretien. L'enquête a également écarté l'intervention d'un tiers ou une collision dans le tunnel avec un autre véhicule, un défaut de la chaussée ou des infrastructures du tunnel.

Vie du chauffeur inspectée

Concernant les chauffeurs, tous deux avaient respecté les temps de repos obligatoires. L'examen du téléphone portable du conducteur le plus jeune, celui qui avait pris le volant une fois la descente du Val d'Anniviers effectuée, a permis d'exclure des appels téléphoniques ou l'envoi de SMS durant les minutes ou secondes précédant l'accident.

Les messages échangés hors de ces moments ne mentionnent aucun problème particulier, souligne le Ministère public. Enfin, les investigations menées sur le parcours de vie du chauffeur, sur sa scolarité, sa carrière professionnelle, sa situation personnelle, sa vie de famille ou encore ses loisirs, n'ont pas non plus révélé d'élément pouvant expliquer l'accident.

Hommages en Suisse et en Belgique

Alors que l'enquête touche à sa fin, la ville de Sierre s'apprête le 13 mars à honorer la mémoire des victimes lors d'une célébration oecuménique à 18h00 à l'église Sainte-Croix. En Belgique, l'événement sera commémoré un jour après par une courte cérémonie à Lommel et la présentation d'une oeuvre d'art créée en souvenir du drame.

Sur les hauts de St-Luc, un rocher provenant de la montagne du Thounot a été installé. Il est muni d'une plaque avec les prénoms des victimes de l'accident et une phrase en flamand et en français: «N'aie pas peur de la nuit parce que je sais que la lumière sera là et qu'elle t'attend».

Le 4 mars dernier, une brève cérémonie a réuni autour de ce rocher des représentants de la commune et des remontées mécaniques d'Anniviers ainsi que d'Intersoc, l'organisation belge avec laquelle les enfants étaient en vacances dans la station et qui est à l'origine de ce mémorial.

Suite à la diffusion de la vidéo du quart d'heure qui suit l'accident de car à Sierre (VS), le chef de l'information de la police cantonale valaisanne, Jean-Marie Bornet, est sous le coup d'une plainte pénale. Il sera auditionné par un procureur le 13 mars, un an jour pour jour après le drame.
La plainte pénale a été adressée au Ministère public valaisan pour violation du secret de fonction. Elle émane d'un particulier avec qui Jean-Marie Bornet a déjà été en litige.
En diffusant la vidéo, le chef de l'information de la police valaisanne considère avoir agi dans le cadre de ses attributions professionnelles et selon les règles en vigueur. Son avocat Michel Ducrot rappelle que son client n'est ni suspendu, ni sanctionné.