Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

lundi 25 mars 2013

Assange : "Google fournit des informations à la CIA"


Pour Julian Assange, le moteur de recherche devenu un géant a dévié de sa vocation première en basculant du côté des puissants.


Tout avait pourtant bien commencé. En 1995, depuis leur chambre sur le campus de Stanford, deux étudiants de 23 et 24 ans commencent à travailler sur un nouveau moteur de recherche. Deux ans plus tard, ils enregistrent leur nom de domaine : "google.com" était né. L'entreprise dont le but déclaré est "d'organiser l'information à échelle mondiale et de la rendre universellement accessible et utile" est devenue en l'espace de quelques années un géant dans le paysage économique mondial. Pour Julian Assange, elle a du même coup basculé du côté des puissants.

Rencontré à l'ambassade de l'Équateur à Londres, où l'hacktiviste australien de 39 ans a trouvé refuge il y a huit mois (s'il se risque à un pas hors de l'ambassade, il sera immédiatement intercepté par deux bobbies et conduit aussitôt en Suède, où il doit répondre de deux accusations de "sexe par surprise" pour des faits qui remonteraient à 2010), et à l'occasion de la sortie du livre Menaces sur nos libertés (1), il continue de livrer sa vision bien à lui du monde qui nous entoure.

"Ce qui était à la base une gentille petite institution est devenue l'une des organisations les plus puissantes du monde. Invitée à la table du pouvoir, elle fournit maintenant des informations à la CIA et aux services secrets américains, et ce au moins depuis ces cinq dernières années", déclare-t-il à propos de Google. L'accusation est un peu dure, alors que dans le Transparency Report qu'il publie chaque année, Google explique résister à des demandes de nombreux gouvernements. C'est d'ailleurs parce qu'il ne souhaitait plus obtempérer aux demandes de Pékin que le moteur de recherche californien s'est partiellement retiré de Chine en 2010. Enfin, Google ne fait pas un blocus concernant les informations diffusées par WikiLeaks : sur YouTube, un site qui appartient au moteur de recherche californien, il est possible de regarder "Collateral Murder", une vidéo mise en ligne par le site de révélations.

Guillaume Grallet
Anne-Sophie Jahn