Trois militantes kurdes, dont Sabine Cansiz (à gauche) ont été retrouvées, tuées d'une balle dans la tête, dans les locaux du centre d'information du Kurdistan à Paris / Crédits : TF1/LCI
Les trois militantes kurdes, auxquelles un dernier hommage est rendu aujourd'hui à Paris, ont été exécutées avec "une seule et même arme" par un "tireur au sang froid", a appris TF1 News de source judiciaire.
Une semaine après la découverte des corps de trois militantes kurdes au centre d'information du Kurdistan à Paris, l'enquête se poursuit pour tenter de retrouver le ou les auteurs de ces exécutions. Au vu des derniers résultats d'expertises, il ressort que les trois femmes ont été tuées avec "une seule et même arme", a appris TF1 News de source judiciaire. "Des balles de deux marques différentes mais de même calibre, à savoir du 7,65mm, ont été utilisées par une seule et même arme", explique cette source qui précise toutefois que "s'il y a une seule arme, cela ne veut pas forcément dire qu'il n'y a qu'un seul tireur". Pour l'heure aucune interpellation ou garde à vue n'a eu lieu dans le cadre de l'enquête de flagrance menée sous l'autorité du parquet antiterroriste de Paris. Les auditions, dans le cadre de l'enquête de voisinage, et l'analyse des éléments recueillis par la Police technique et scientifique se poursuivent, précise la source judiciaire.
Officiellement, trois pistes sont toujours à l'étude, mais les enquêteurs s'intéressent prioritairement à celles d'un règlement de comptes au sein du PKK ou d'un acte commis par un mouvement d'extrême-droite turc. La troisième piste, celle de l'acte crapuleux, semble s'éloigner. "Toujours au vu des premiers résultats, les trois femmes ont été victimes d'une exécution assez nette, réalisée par un tireur au sang froid vu la localisation des orifices (ndlr : deux des victimes ont été tuées de trois balles dans la tête, et la troisième de quatre balles, également dans la tête). Cela ressemble plus au travail d'un professionnel, qu'à autre chose", précise la même source judiciaire.
Un dernier hommage avant le rapatriement des corps en Turquie
Plusieurs milliers de personnes ont rendu mardi matin à Villiers-le-Bel un dernier hommage aux trois militantes kurdes liées au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), assassinées jeudi à Paris, a constaté une journaliste de l'AFP. Peu après 12 heures, les trois cercueils, portés symboliquement par des femmes et recouverts du drapeau kurde, ont été déposés sur un autel dans une salle des fêtes louée pour l'occasion, au milieu de bougies et de couronnes de fleurs jaunes, rouges et vertes, couleurs du drapeau kurde. Les portraits des trois femmes assassinées, dont celui de Sakine Cansiz, membre fondatrice du PKK interdit en Turquie et considérée comme une proche de son chef emprisonné, Abdullah Öcalan, étaient disposés devant les cercueils.
Les familles et les proches étaient présents aux côtés des dépouilles. Peu après 14 heures, de nombreuses personnes vêtues de noir, une rose rouge à la main, continuaient d'affluer pour se recueillir. Selon les organisateurs, une dizaine des cars ont fait le déplacement depuis l'Autriche, l'Allemagne, l'Angleterre, l'Espagne ou encore l'Italie. "Nous sommes là pour ne pas oublier la cause qu'elles ont défendue, leur bataille et leur engagement. Elles ont porté la parole des Kurdes, nous devons les honorer", a expliqué à l'AFP Jiyan, étudiante de 20 ans qui n'a pas souhaité donner son nom. Un peu plus loin, Guler Biger, jeune femme brune, sèche ses larmes et demande "que les assassins soient rapidement retrouvés".
Les corps des trois femmes sont attendus mercredi à Diyarbakir, la principale ville du sud-est anatolien peuplé en majorité de Kurdes, où aura lieu une cérémonie religieuse puis une commémoration organisées par le principal parti kurde de Turquie, le Parti pour la paix et la démocratie (BDP), ont indiqué lundi des responsables locaux. Les dépouilles seront ensuite enterrées dans les lieux d'origine des défuntes, selon ces sources.
Au moins 15.000 Kurdes venus de toute l'Europe ont manifesté samedi à Paris pour dire leur indignation. Les corps des trois femmes, exécutées de plusieurs balles dans la tête, ont été retrouvés dans la nuit de mercredi à jeudi dans le Centre d'information sur le Kurdistan, situé à deux pas de la gare du Nord, dans le nord-est de Paris.