L'ancien lieutenant-colonel Dmitri Pavlioutchenkov devra aussi verser trois millions de roubles (90'000 francs) de dommages-intérêts aux enfants d'Anna Politkovskaïa, a indiqué le tribunal, cité par les agences russes. L'ex-policier a reconnu qu'il avait pris en filature la journaliste, acheté un pistolet et remis l'arme au tueur.
La famille de la victime et la défense ont annoncé qu'elles allaient faire appel. L'avocat de la famille Politkovskaïa avait demandé au cours du procès que l'ex-policier soit condamné à la peine maximale, soit treize ans de camp. Le parquet avait requis douze ans. Les avocats de la défense estiment le jugement trop sévère. Ils avaient sollicité une peine avec sursis.
Commanditaire inconnu
Avant même le début du procès, Dmitri Mouratov, le rédacteur en chef du journal d'opposition «Novaïa Gazeta» où travaillait la journaliste, avait estimé qu'il existait un «tabou politique» sur l'élucidation de ce crime.
«Vu les obstacles qui entravent l'identification du commanditaire (de l'assassinat), celui-ci fait partie des personnes les plus intouchables en Fédération de Russie», avait-il déclaré.
Un homme originaire de Tchétchénie, Lom-Ali Gaïtoukaïev, est accusé d'avoir recruté Dmitri Pavlioutchenkov après avoir lui-même reçu l'ordre de tuer la journaliste d'un commanditaire inconnu. Il se trouve en détention.
Trois frères tchétchènes, Roustam, Ibraguim et Djabraïl Makhmoudov, ont, pour leur part, été accusés d'être les exécutants. Roustam est en détention, et ses deux frères ont été acquittés à l'issue d'un procès en 2009. En 2010, la Cour suprême russe a renvoyé l'affaire au parquet et l'enquête a été rouverte avec les mêmes suspects.
Anna Politkovskaïa a été tuée le 7 octobre 2006 dans le hall de son immeuble à Moscou. Elle était l'une des rares journalistes russes à dénoncer les exactions pendant et après la guerre en Tchétchénie.