La veuve de Yasser Arafat a déposé mardi plainte contre X pour «assassinat» à Nanterre en France. Cette démarche fait suite à des informations selon lesquelles l'ex- président de l'Autorité palestinienne, mort en 2004 en France, pourrait avoir été empoisonné.
Les avocats français de Souha Arafat ont formalisé leur action auprès du doyen des juges d'instruction du tribunal de Nanterre, a indiqué à l'ats l'avocat genevois de la veuve, Me Marc Bonnant. Le dossier de la mort du leader historique des Palestiniens est une pierre d'achoppement de plus avec Israël. Dans un communiqué, Souha Arafat précise agir au nom aussi de sa fille mineure Zahwa et assure qu'elle n'accuse personne.
«Cette plainte pour assassinat dirigée contre X - de telle sorte que Souha et Zahwa Arafat n'accusent personne: ni Etat, ni groupement, ni individu - n'a d'autre objet que d'établir la vérité en mémoire de leur mari et père», écrit-elle.
Compétence territoriale
Après avis du procureur de Nanterre, Philippe Courroye, le doyen des juges devra déterminer les suites à donner à cette plainte, susceptible de donner lieu à une enquête de police s'il est conclu que la France est compétente juridiquement et que les griefs sont suffisamment sérieux.
La justice française devra dire s'il est légalement possible d'enquêter sur un empoisonnement éventuel qui, par hypothèse, se serait déroulé à l'étranger et aurait abouti à un décès sur son territoire. Il est probable juridiquement qu'une procédure soit lancée au moins pour répondre à ces questions légales, a dit un magistrat étranger au dossier.
Yasser Arafat est décédé à l'hôpital militaire de Percy, en région parisienne, le 11 novembre 2004, à l'âge de 75 ans. C'est le lieu de ce décès qui désigne le tribunal de Nanterre.
Les avocats français ont choisi le terme d'«assassinat» et non d'«empoisonnement» comme chef d'accusation pour tenter de convaincre la justice qu'elle est territorialement compétente pour instruire ces faits.
Experts lausannois
Selon l'avocat suisse de Mme Arafat, la procédure devrait connaître deux phases: «La première, c'est l'investigation parisienne, avec l'hôpital, les dossiers de l'hôpital, les expertises.» «Et, très vite, la justice va vouloir avoir le dossier suisse. Après commission rogatoire, elle va interroger les experts suisses, leur demander éventuellement des prolongements d'analyse», avait expliqué Me Bonnant mi-juillet au «Matin Dimanche».
La thèse d'un empoisonnement de Yasser Arafat a été relancée par la diffusion par Al-Jazeera d'un documentaire où il apparaît que l'Institute for Radiation Physics de Lausanne (Suisse), qui a analysé des échantillons biologiques prélevés sur les effets personnels d'Arafat, y a découvert «une quantité anormale de polonium».
L'Autorité palestinienne avait donné par la suite son feu vert pour l'exhumation à Ramallah du corps de Yasser Arafat mais aucune date n'a encore été fixée. Le président Mahmoud Abbas avait également décidé de charger les experts lausannois d'effectuer des prélévements sur les restes de M. Arafat.
Dans plusieurs déclarations antérieures à la plainte, Souha Arafat a dit croire à la thèse d'un meurtre, soulignant qu'Israël et les Etats-Unis considéraient à l'époque que son mari était un obstacle à la paix au Proche-Orient. Israël a démenti toute implication dans le décès du leader historique palestinien dès 2004.
AFP