Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

dimanche 24 juin 2012

les dérives de la CFDT de SeaFrance


Dirigé par Éric Vercoutre et Didier Cappelle depuis 20 ans, il est reproché à la CFDT-Maritime Nord d’avoir cogéré "d'une main de fer" la compagnie, usant pour cela de méthodes très contestées. La direction ne souhaitant plus négocier avec la CGT, elle aurait facilité la position de force de la CFDT.

Par la suite, pour conserver son leadership, la section locale aurait favorisé les petits trafics, alimentant en alcool et en cigarettes - volés sur des navires par des salariés protégés - bars, magasins et bateaux de Calais. Selon une enquête en cours, le préjudice de ces vols est estimé à près de trois millions d’euros pour une seule année. Il est par ailleurs reproché à l'organisation syndicale sa mainmise sur le recrutement des techniciens.

Pour parvenir à ses fins, la section locale aurait tenté d’intimider toute personne s’opposant à ses agissements. Les syndicalistes encartés ailleurs et les journalistes locaux étaient dans son viseur.

Un énième soupçon a ressurgi ces derniers jours : en février 1997, Christian Salomé, un intendant en chef de SeaFrance, aurait fait part à un douanier de son intention de "dénoncer des trafics à bord des navires". Deux jours après, il disparaît en mer. L'hypothèse du suicide sera retenue et son corps retrouvé quelques mois plus tard.

Depuis quelques jours, les langues se délient et une enquête du Parisien met en lumière les dérives de la section CFDT : condamnations répétées pour violence sur personne, abus de confiance, menaces et insultes, vol, détournement de marchandises, contrebande, véhicules saccagés, etc.




La mort inexpliquée d'un intendant de ferry de SeaFrance en 1997, classée sans suite un an plus tard, serait liée aux fraudes supposées à bord des bateaux, instruites par deux magistrats de Lille, a affirmé mercredi dans une interview à Nord-Littoral, un formateur de cet employé.

Christian Salomé, 49 ans, intendant de la compagnie maritime SeaFrance, pour laquelle il travaillait depuis plus de 25 ans, avait disparu le 14 février 1997 alors que le ferry Seafrance-Monet effectuait une liaison Calais-Douvres. Son corps avait été retrouvé le 31 mars à plusieurs milles au large de Calais et une information judiciaire pour meurtre avait été ouverte par le parquet de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais). Faute d'éléments, un non lieu avait été prononcé en août 1998. 

« Tout le monde savait que Christian Salomé avait décidé de cracher le morceau et de dénoncer non seulement les vols mais aussi leurs auteurs. Tout le monde savait que le vol (à bord des bateaux de SeaFreance) était ritualisé », affirme mercredi dans le quotidien calaisien Didier Dufau, contrôleur de gestion à la retraite. Il avait été chargé par la SNCF dans les années 1990 d'installer le système informatique permettant de contrôler les ventes à bord des ferries.

« Tout le monde eut peur pour la paix sociale et se mit à craindre des grèves longues et violentes à Calais. Alors, partout, la lâcheté s'imposa », l'encadrement comme la direction de la SNCF regardant ailleurs, assure encore M. Dufau, qui a l'« intime conviction » que la mort de Christian Salomé a un lien avec ces vols.


De son côté, le fils de Christian Salomé a lancé un appel à témoins sur RTL : « Pour moi, et c'est mon intime conviction, il y a un lien entre les vols organisés, qui profitaient sûrement à des gens, et la disparition de mon père », a-t-il affirmé. Il a fait appel aux « gens qui savent mais qui n'ont jamais pu s'exprimer librement »


Le procureur à Boulogne-sur-mer Jean-Philippe Joubert a dit à l'AFP n'avoir « à l'heure actuelle, été saisi d'aucune plainte nouvelle de la part de la partie civile, qui sait très bien que même si les faits étaient établis, ils ne pourraient plus donner lieu à poursuite, puisqu'il y a prescription ».

Concernant les soupçons de fraudes à bord de ferries SeaFrance, « une seule procédure » est en cours, celle confiée à deux magistrats de la JIRS de Lille suite à une plainte de la direction en 2009, a précisé à l'AFP Eric Bedos, procureur de la Juridiction interrégionale spécialisée (JIRS).

La direction fermait les yeux

Capitaine Cook, est un logiciel permettant de contrôler les ventes à bord des navires qui a été installé à l’époque par une société dont Didier Dufau était directeur. « Les traversées sur le bateau équipé de notre système étaient rentables ; celles sur les autres bateaux restaient incommensurablement déficitaires. Il n’y avait aucune autre raison que le vol puisque les bateaux faisaient en alternance les mêmes lignes avec les mêmes horaires. A la fin de mon activité, il y avait 40% de démarque inconnue chez SeaFrance, c’est-à-dire une différence de 40% entre le stock réel et le stock théorique, alors que ce chiffre est inférieur à 1% dans la grande distribution. »Alors on veut bien que certains voudraient faire passer la CFDT pour la mafia et Eric Vercoutre pour Al Capone obligeant Riblier puis Fa à fermer les yeux, pistolet sur la tempe, mais quand même… Mais peut-être que si la direction fermait les yeux c’est parce qu’elle y trouvait quelque part son compte, non ? Vous ne trouvez pas ça plus crédible ?

"Après vingt-cinq ans de Marine, on ne glisse pas par-dessus le parapet"

Christian Salomé, 49 ans, ceinture noire de judo, occupait, veste bleue de SeaFrance sur les épaules, la fonction d’intendant chef à bord de ferrys. En 1997, il prend contact avec les Douanes. Il veut manifestement dénoncer des trafics sur les bateaux.  Mais le 15 février de la même année, sa disparation en mer est signalée. Enquête pour meurtre. Puis on laisse entendre ensuite qu'il a pu s'enfuir avec une maîtresse. Mais son corps est retrouvé plusieurs mois plus tard à cinq miles des cotes. Et faute d’éléments ou de témoignages suffisant pour connaître les causes de la mort, un non-lieu est prononcé rapidement, au mois d’août 1998.

Christian Salomé avait trois enfants (deux filles et un fils). C'est ce dernier qui, aujourd'hui, parle au nom de la famille. En appelant les témoins de l’époque à se manifester, il souligne que "après vingt-cinq ans de Marine, on ne glisse pas par-dessus le parapet". En1997, précise-t-il, "on a su qu’il y avait des coups sur le corps. L’affaire a été instruite pour meurtre, et puis on n’est pas allé plus loin. Fin de l’histoire. Pour la justice, en tout cas".

Evoquant la liquidation de SeaFrance le mois dernier, le fils de Christian Salomé ajoute que "aujourd’hui, cette compagnie, c’est du passé, mais qu’il ne faut pas fermer cette page avec cette histoire ", celle de son père. Selon lui, "il y a beaucoup de gens qui ont beaucoup à dire en ce moment". "Nous, conclut-il, on a envie d’en savoir plus et de savoir ce qu’il s’est passé". Des soupçons identiques sont évoqués de façon anonyme par plusieurs anciens de SeaFrance que nous avons joint.

Suicide, règlement de compte, meurtre ?

Didier Dufau, lui, était à la tête de la société qui a mis en place pour la compagnie maritime le système informatique permettant de contrôler les ventes à bord. Il nous précise que "Christian Salomé était l’un des entendants chargés de surveiller les vols, avec le système que nous avions mis en place. Il était donc au cœur du contrôle, en particulier des disparitions de matériels et de consommables". Selon lui, "il est clair que si l'un des contrôleurs vient à disparaître dans des conditions suspectes, cela n’encourage pas les autres intendants à mener des investigations détaillées et poussées".

Suicide ? Règlement de compte ? Meurtre de la part des ceux qui trafiquaient à bord ? La brève et première enquête judiciaire n'avait pu apporter aucune réponse. Les éléments nouveaux qui viennent d'apparaître pourraient, en revanche, venir éclairer un autre dossier, actuellement mené par deux magistrats de Lille. Ces juges d'instruction de la JIRS (Juridiction interrégionale spécialisée) enquêtent sur les vols massifs qui grévaient les comptes des boutiques installées dans les bateaux. Le dossier est ouvert depuis une plainte de la direction en 2009. L'histoire de Christian Salomé pourrait l’éclairer.

Le 4 avril, une autopsie est réalisée sur la dépouille. Le corps repêché est bien celui de Christian Salomé. Son épouse a aussi reconnu ses chaussures et une chaîne de cou. Par contre, les enquêteurs sont surpris ne pas avoir trouvé trace de sa veste blazer bleu France.

L'enquête s'est poursuivie encore quelques semaines. mais elle n'a rien donné. A l'époque des rumeurs parlaient d'un rendez-vous pris par l'intendant avec des responsables des affaires maritimes ou des douanes de Dunkerque... Mais il semblerait que cette piste n'ait rien donné.

Le maire de Cappelle-la-Grande dont était originaire Christian Salomé se souvient bien du commissaire de bord, « un homme sympathique, agréable. Il m'avait signalé avoir découvert des choses pas très nettes dans le fonctionnement de l'entreprise... » Mais là encore aucune preuve... Ouvert pour meurtre, le dossier est classé sans suite.

Egger Ph.