Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

lundi 28 mai 2012

Le pape Jean-Paul Ier a-t-il été assassiné ?






Un des plus grands mystères du Vatican, ces dernières années, est sans doute celui de la disparition brutale de Jean-Paul Ier, pape traditionnel qui aurait pu entreprendre la réforme de l’Eglise, et qui fut sans doute assassiné car ne correspondant pas aux plans de certains courants mafieux et modernistes qui s’étaient emparés des leviers de la curie romaine, alors que ce saint Pontife semblait apparaître comme la figure annonciatrice du pape des espérances catholiques, que nous donnera, soyons-en convaincus, un jour Vatican III !

Rappelons que quelques mois après la mort de Paul VI, survenue le 6 août 1978, le cardinal Albino Luciani était élu sur le Siège de Pierre, dès le deuxième jour du conclave, le samedi 26 août 1978. Les dons et les charismes extraordinaires de Jean-Paul Ier pour toucher et réchauffer les cœurs provoquèrent, dès les premiers jours du pontificat, une renaissance catholique spontanée. Ce pape providentiel ne voyait aucun moyen de concilier la Déclaration conciliaire touchant la liberté religieuse, avec l’enseignement traditionnel, et en concluait publiquement qu’il y avait une « erreur » quelque part. Il n’a pas fallu attendre un mois pour que la confrontation avec les partisans du poison moderniste prenne un tour dramatique au Vatican. Le cardinal Baggio et d’autres prélats de la curie s’opposaient en effet au pape, en contestant ses choix et ses décisions pour la nomination de plusieurs évêques à des sièges diocésains.


De plus, et sans doute le plus grave, le Saint-Père se préparait à faire tout le nécessaire pour mettre fin aux malversations financières et aux escroqueries de Mgr Paul Marcinkus, placé par Paul VI à la tête de la Banque du Vatican, et secondé ou parrainé par des mafiosi milanais et siciliens, ainsi que par des forbans de la loge P 2, dont son Grand Maître, Licio Gelli.

 
( le cardinal Baggio).

Le 28 septembre 1978, Jean-Paul Ier déclencha son “ coup de majesté ”. Il révoqua sans le moindre délai Mgr Marcinkus. Il nomma patriarche de Venise le cardinal Baggio afin de l’éloigner de Rome. Enfin, il avertit le cardinal Villot, secrétaire d’État, qu’il devait céder sa place au cardinal Benelli.

Le lendemain matin, à 5 h précises, une voiture du Vatican se présentait à la porte d’embaumeurs romains, les frères Signoracci… La voiture avait donc quitté le Vatican pour aller chercher les embaumeurs avant même qu’on ait découvert le Pape mort, dans son cabinet de toilette ! Ce fait s’inscrit dans un ensemble d’indices et de preuves démontrant la forte possibilité de l’assassinat de Jean-Paul Ier par empoisonnement, comme on peut le lire dans l’enquête de David Yallop (Au nom de Dieu, traduit de l’anglais par C. Gilbert, édit. Bourgois, 1984), confirmant la domination de forces obscures, du moins à cette époque où s’imposaient sans partage les idées les plus sinistres à Rome, sur les plus hautes instances de la curie.

En effet, le 29 septembre 1978, vers cinq heures trente, le secrétaire privé du pape, étonné de n’avoir pas rencontré comme d’habitude le saint père dans la chapelle de ses appartements privés, alla le chercher dans sa chambre et le trouva mort sur son lit, une lampe allumée à son côté, comme s’il avait voulu continuer à lire. Le docteur Renato Buzzonetti, appelé aussitôt, ne pu que constater le décès, qui avait du se produire la veille au soir vers vingt trois heures, à la suite d’un prétendu infarctus.

Ce communiqué laissait sous-entendre que le pape était mort seul, sans secours apparent et qu’il avait été découvert seulement le lendemain matin, de manière assez surprenante et hors du protocole habituel, par son secrétaire privé un irlandais du nom de John Magee, employé subalterne de la Curie qui donnait des leçons d’anglais au pape. Ce dernier aurait pris la liberté de pénétrer sans se faire annoncer dans la chambre privée du pontife. Jean-Paul 1er n’est donc pas mort dans des circonstances aussi claires que les autorités tentèrent de le faire croire et que le Cardinal Jean Villot confirmait malhabilement [1].

 

Le pape Jean-Paul 1er n’était pas malade et n’était pas suivi médicalement. En tentant de démontrer que le pape avait été assassiné par des membres de la loge P2, David Yallop mit le doigt où il ne fallait pas, dans un mystérieux engrenage peu connu du public. Une liste des membres de cette Loge fut publiée dans plusieurs journaux de l’époque et le journaliste Carmine Pecorelli diffusa un inventaire des personnalités importantes du Vatican impliquées dans la loge secrète où tous les pouvoirs financiers, politiques, judiciaires et militaires et jusqu’aux plus hautes instances des services secrets italiens y étaient représentés. Selon certaines confidences récoltées, Jean-Paul 1er était convaincu du bien fondé de ses appréhensions vis-à-vis de ce qui se tramait au sein du Saint Siège. Il démarra immédiatement une enquête destinée à purifier ce qu’il appelait les “écuries d’Augias “.

Sa ferme intention de faire le “grand nettoyage” dans les affaires troubles touchant la banque du Vatican et certains milieux mafieux et occultes entourant le Saint-siège nous furent confirmés à maintes reprises.

 

Il semble même de bonne source que Jean-Paul 1er ait eu un différent avec le Cardinal Villot dans son désir d’écarter du Vatican les personnes appartenant à la Loge P2. (Le Saint Père avait décidé que le cardinal John Cody serait remplacé).

Celui-ci, par devoir de réserve ne fit pratiquement jamais de confidences. Fait intéressant, le pape aurait reçu en entretien privé la veille de sa mort, Monseigneur Marcinkus, chef de la sécurité et secrétaire général de la banque du Vatican, spécialiste du trafic et du blanchiment, depuis longtemps soupçonné de nombreuses malversations frauduleuses.

(Cardinal Colombo)

Ceux qui ont enquêté sur la mort suspecte du pape ont tous relevé les éléments suivants. Il semble tout d’abord acquis que le jour du décès est la veille de la découverte du cadavre, le jeudi 28 septembre 1978 en soirée, peut-être aux environs de vingt-deux heures, après que le Saint-Père eut regagné ses appartements et se fut légèrement alimenté, il s’entretint assez longuement au téléphone avec son vieil ami, le cardinal Colombo, archevêque de Milan.

Malachi Martin, secrétaire du cardinal Béa, dans son ouvrage “The Key of this blood” (Les clés de ce sang), fit allusion de manière directe à l’assassinat de Jean-Paul 1er. Le pape fut retrouvé allongé sur le sol par la sœur Vicenza gouvernante et confidente du pape. Elle était à son service depuis douze ans au moment du meurtre. A la fin de sa vie elle a fait certaines confidences également dont quelques unes à sœur Irma. Les longs moments d’hésitation et la confusion dans les déclarations ne sont dues qu’à un scénario monté de toute urgence. On a replacé le pape dans son lit pour simuler un malaise. Le pape prenait des médicaments vitaminés et stimulants qui étaient prescrits seulement depuis quatre jours au souverain pontife. Ceux-ci auraient très bien pu caché un poison. Quant à la sonnette défaillante et son témoin allumé elle venait seulement d’être installée la veille du décès du pape. Un témoin affirme que l’éminence noire de la curie, n’hésita pas à porter la main sur le Saint Père pour achever sa basse besogne et l’empêcher d’appeler à l’aide. L’accusation est grave mais elle est le reflet du complot machiavélique orchestré par des membres éminents de la Curie qui éprouvaient une hostilité évidente à l’égard du souverain pontife. Ne l’avaient-ils pas accusé injustement d’un manque de préparation pour l’exercice de sa fonction?
Dans son honnêteté, Jean-Paul 1er voulait reprendre les rennes d’un pouvoir fréquemment détourné par des brebis galeuses…



Notes

1) Trois heures seulement après la découverte du corps inanimé de Jean-Paul 1er, la gouvernante ainsi que ses consoeurs furent « remerciées » par le cardinal Villot, réduites au silence et invitées à quitter les lieux pour rejoindre leur couvent où elles furent mises au secret jusqu’à leurs derniers jours ! L’exposition de la dépouille du pape « apprêtée » dans des temps records dans la chapelle Clémentine, dès neuf heures trente, était complètement inhabituelle. Sans affirmer que le secrétaire Villot puisse être l’auteur ou le commanditaire de ce meurtre organisé, il est tout de même loin d’être à l’abri de tout soupçon.

Aux yeux de tous le cardinal Villot a commis plusieurs actes illégaux:

1°) Premièrement, en l’absence de pouvoir, il s’est arrogé indûment le titre et la charge de camerlingue.

2°) Deuxièmement, il a ordonné l’embaumement, bien avant les délais normaux de vingt quatre heures, comme cela se pratiquait habituellement et a refusé l’autopsie.

3°) Troisièmement il a menti au Collège des Cardinaux en promettant de publier une mise au point sur les circonstances de la mort du pape alors qu’il ne tint jamais sa promesse.

4°) Quatrièmement, il a toujours refusé qu’une enquête soit menée. L’état du corps aurait nécessité paraît-il que l’on assouplisse les membres raidis par la souffrance. Ainsi certains cardinaux observèrent des traces d’un cordage autour des poignets de la victime ayant peut-être servis à étirer les bras du défunt.

Les embaumeurs eurent peu de temps pour accomplir leur besogne, sachant qu’il leur fallait attendre l’effet des piqûres, laver la dépouille, l’habiller, la vêtir des insignes pontificaux et surtout, soigneusement maquiller le visage marqué par la douleur, transporter ensuite la dépouille et la déposer, sous un éclairage spécialement étudié dans un cercueil ouvert.

Signalons que l’on ne permit aux visiteurs que de s’incliner uniquement devant le cadavre déposé sur le catafalque, peut-être pour éviter des vues de côtés gênantes.


Albino Luciani,
17 octobre 1912 – 28 septembre 1978

Egger Ph.