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lundi 19 mars 2012

De nouvelles preuves jettent le doute sur l’attentat de Lockerbie

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Des documents secrets montrent que la condamnation [des accusés] pour l’attentat de [Lockerbie] aurait probablement été annulée.

Une enquête menée pour la chaine Al Jazeera a permis de révéler que de nouvelles preuves scientifiques dénichées lors d’une étude juridique écossaise mettent à mal la version retenue contre le supposé coupable de l’attentat de Lockerbie.

La “Scottish Criminal Case Review Commission” (SCCRC) rapporte des preuves détaillées qui auraient probablement permis l’annulation du verdict contre Abdel Baset al-Meghrahi (ci-dessous,) un Libyen condamné pour l’attentat du vol 103 de la Pan Am en 1988.

Le documentaire de plus d’une heure « Lockerbie : Case Closed » qui [a été] diffusé sur Al Jazeera, lundi 27 février, examine les éléments découverts par la commission SCCRC, et révèle une nouvelle preuve scientifique inconnue de la commission, qui réfute complètement une partie cruciale de l’accusation contre l’homme que l’on surnomme le “Lockerbie Bomber”.

Parmi les éléments de preuve examinés par le SCCRC se trouve le témoignage de Tony Gauci, propriétaire d’un magasin à Malte, et témoin principal de l’accusation.

Gauci a identifié al-Megrahi comme étant l’homme qui lui aurait acheté des vêtements et un parapluie le 7 décembre 1988 – dont les débris ont été retrouvés plus tard parmi ceux récupérés sur les lieux de la catastrophe.

La SCCRC a rassemblé un certain nombre d’éléments qui remettent sérieusement en cause cette identification ainsi que le récit des événements fait par Gauci concernant ce jour, qui était le seul où Megrahi pourrait avoir été présent à Malte pour effectuer de tels achats.

Le rapport soulève également des inquiétudes quant à la légitimité du processus d’identification formelle, dans laquelle Gauci a indiqué Megrahi parmi d’autres suspects. La commission a constaté que Gauci avait vu une photo de Megrahi dans un article de magazine qui l’identifiait comme un suspect possible plusieurs semaines avant que l’identification n’ait lieu.

La SCCRC a également constaté que la police écossaise savait que Gauci était intéressé par la récompense financière, malgré ses déclarations contraires.

Gauci aurait reçu une récompense de deux millions de dollars du gouvernement américain pour son rôle dans l’affaire. En vertu de la loi écossaise, les témoins ne peuvent pas être payés pour leur témoignage.

Plus important encore, le documentaire va révéler les résultats spectaculaires de nouveaux tests scientifiques qui contredisent la partie la plus cruciale de la preuve médico-légale reliant l’attentat à la Libye.

Les nouvelles révélations ont été soumises à al-Megrahi, qui est malade – en phase terminale – en Libye, et ses commentaires sur l’affaire seront rendus publics pour la première fois dans ce reportage. Al-Megrahi soutient qu’il n’est jamais entré dans le magasin de Gauci.

"Si j’ai une chance de le voir [Gauci], qu’il sache que je lui pardonne. Je lui dirai que jamais de ma vie, je ne suis rentré dans sa boutique. Je n’ai jamais acheté les vêtements chez lui. Et je lui dirai qu’il m’a fait beaucoup de mal… Je ne l’ai jamais vu de toute ma vie, sauf devant la Cour, où j’ai vu un homme très simple," a déclaré Meghrahi à Al Jazeera.

John Ashton, qui a enquêté sur cette affaire pendant près de 20 ans si l’on prend en compte le temps qu’il a passé dans l’équipe de défense d’al-Megrahi, a déclaré: "La catastrophe de Lockerbie a été le pire attentat terroriste en Europe. Il y a eu plus d’Américains qui sont morts dans cette attaque que dans n’importe quel autre événement terroriste avant le 11-Septembre. C’est aussi le pire déni de justice jamais commis en Grande-Bretagne ; on a condamné un faux coupable et les vrais tueurs sont toujours en liberté…"



VIDEO (en anglais, non sous-titrée)



Al Jazeera