Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

samedi 3 mars 2012

Cet excellent béton iranien...

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L'Iran produit de l'excellent béton à haute performance et c'est un casse-tête pour les experts américains, nous apprend l'hebdomadaire The Economist dans sa dernière livraison.

A partir de la fin des années 80, de nouvelles techniques du béton sont apparues, avec les ultra-high performance concretes (UHPC), le béton à ultra-haute performance. Pour le rendre plus résistant à la compression, l'idée est de réduire au maximum les vides au sein du béton en y mélangeant des micro-particules (nano-particules) et divers adjuvants chimiques. Ce sont des technologies très complexes... que les scientifiques et les ingénieurs iraniens semblent très bien maitriser. Certes, le pays, soumis à un climat difficile -grands écarts thermiques - et aux tremblements de terre, a développé des savoirs-faire dans le BTP... mais les implications militaires ne sont pas négligeables. Ce béton protegerait ainsi les sites sensibles dans lequel les recherches sur le programme nucléaire et balistique sont conduites.

The Economist cite de nombreux chercheurs iraniens qui jouent dans la cour des grands : Mahmoud Nili, Rouhollah Alizadeh ou Ali Nazari. Selon The Economist, les Iraniens travailleraient sur des bétons "quatre fois plus fort que le Ductal", le béton vedette du français Lafarge.

Selon The Economist, le secrétaire américain à la défense, Leon Panetta a récemment reconnu, sur la base des recherches de la Defence Threat Reduction Agency, que les progrès de l'Iran nécessisterait une modernisation des Massive Ordnance Penetrator (GBU-57), les bombes de 13 tonnes conçues pour pénétrer plusieurs mètres de béton avant d'exploser (photo). Comme l'écrit The Economist avec un humour tout britannique : "ce serait embarrasant si les bunkers (iraniens) étaient encore intacts lorsque les poussières seront retombées"... Comme quoi, la fortification reste une science militaire pas du tout obsolète.
Jean-Dominique Merchet
Secret défense