Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

lundi 27 février 2012

Le renseignement américain se dit prudent au sujet du programme nucléaire iranien

.
En décembre 2007, les 16 agences de renseignement américaines indiquèrent, dans un document appelé « National Intelligence Estimate » (NIE), fruit d’un consensus de leurs estimations respectives, que le régime iranien avait gelé son programme nucléaire militaire depuis quatre ans et que, techniquement, il n’était pas en mesure de fabriquer une bombe avant 2010-2015.

Et, visiblement, les analystes d’outre-Atlantique n’ont pas changé d’avis. Ainsi, dans un NIE établi 3 ans plus tard et dont le New York Times s’est fait l’écho le 24 février dernier, cette estimation a été « globalement réaffirmée ». En clair, le renseignement américain ne croit pas que Téhéran soit sur le point de se doter de l’arme nucléaire pour la simple et bonne raison qu’il ne dispose pas d’éléments formels prouvant que le régime iranien ait pris une décision allant dans ce sens.

C’est d’ailleurs ce qu’a avancé James Clapper, le directeur du renseignement américain, lors d’une audition devant une commission du Sénat, en janvier dernier. Selon lui, l’Iran se donnerait les moyens de fabriquer une arme nucléaire sans pour autant avoir pris la décision, pour le moment, de passer à l’étape supérieure.

Cette évalution relativement ancienne du renseignement américain, que certains estiment beaucoup trop prudente – l’affaire des armes de destruction massive irakiennes étant passée par là – a été évoquée par le New York Times au moment où l’Agence internationale à l’énergie atomique (AIEA) vient de rendre un nouveau rapport concernant les activités nucléaires iraniennes.

Et dans ce document, cette dernière a répété ce qu’elle avait déjà affirmé en novembre 2011, à l’occasion de la diffusion d’un autre rapport, à savoir qu’elle est « incapable de conclure que le programme nucléaire iranien est pacifique » et fait part « d’inquiétudes sérieuses » concernant ses « possibles dimensions militaires ».

Plusieurs éléments entretiennent le doute. Comme par exemple, le fait que Téhéran poursuit ses activités d’enrichissement de l’uranium, notamment après avoir mis en service l’usine souterraine de Fordo, près de Qom, construite en secret et dont l’existence a été révélée en septembre 2009. Ou encore l’impossibilité faite aux inspecteurs de l’AIEA de visiter le site militaire de Parchin, où, depuis 2000 et selon leurs propres investigations, le régime iranien aurait bâti un complexe pour réaliser des expériences hydrodynamiques en vue de fabriquer une bombe nucléaire.

Pour autant, l’inquiétude exprimée par l’AIEA ne remet pas fondamentalement en cause le consensus des agences de renseignement américaines. D’après ces dernières, le régime iranien chercherait à cultiver une « ambiguïté stratégique » et à augmenter son influence régionale en laissant planer le doute sur ses intentions et ses capacités réelles en matière nucléaire.

Ainsi, pour les analystes américains, le fait que l’Iran cache des installations nucléaires ou en refuse l’accès aux inspecteurs de l’AIEA ne prouve pas forcément l’existence d’un programme d’armement, étant donné que Saddam Hussein en avait fait de même avant l’intervention américaine en Irak de 2003.

Mais, dans le même temps, il ne s’agit que d’estimation, et non de certitudes. Ce que les analystes américains reconnaissent… Et ils admettent également que leurs évaluations sont « basées sur des informations limitées » alors que la compréhension des rouages du régime iranien est « extrêmement difficile ».

« Deviner les intentions des sociétés fermées est l’une des tâches les plus difficiles pour les analystes du renseignement américain, et la CIA, pendant des décennies, a eu peu de succès pour pénétrer des régimes tels que ceux en Iran et en Corée du Nord, afin de savoir comment leurs dirigeants prennent leurs décisions » explique le New York Times.

Opex360.com