Au Liban, les services secrets français ont joué un rôle déterminant dans la libération de sept Estoniens enlevés en mars.
Sept Estoniens récemment enlevés au Liban ont regagné leur pays, après avoir été accueillis jeudi, dès leur libération, à l’ambassade de France à Beyrouth. L’histoire mérite d’être contée, car les services secrets français ont joué un rôle, mal connu à ce stade, dans cette histoire. L’affaire n’a pas fait grand bruit à Paris, mais en Estonie, pardon !
Voici quatre mois, sept cyclistes estoniens avaient franchi la frontière syro-libanaise pour donner quelques coups de pédale au pays du cèdre. Tandis qu’ils circulaient dans la plaine de la Bekaa, ils ont été enlevés par un groupuscule inconnu, "Harakat El Nahda Wal Islah" (Mouvement de la renaissance et de la réforme), qui a naturellement réclamé une rançon. Sauf qu’à Tallinn, capitale de ce pays de 1,3 million d’habitants, on ne sait pas vraiment s’y prendre dans de telles circonstances.
La supplique à la France
Dans une vidéo diffusée par les ravisseurs un mois après l’enlèvement, les cyclistes, qui ne paraissaient pas trop éprouvés, ont lancé un appel au secours : "Nous nous tournons vers vous, Premier ministre du Liban Saad Hariri, roi Abdallah d’Arabie saoudite, roi Abdallah de Jordanie, président français M. Sarkozy, s’il vous plaît, faites n’importe quoi pour nous aider à rentrer chez nous." Et qui s’est décarcassé, je vous prie ? La France.
Dans des conditions sur lesquelles le ministère de la Défense à Paris ne souhaite pas s’exprimer, mais qu’une source diplomatique a confirmées au Point, c’est la DGSE qui a joué un grand rôle dans cette libération. "On a aidé un peu, c’est vrai", dit en France une source informée, ajoutant que, si la DGSE ne souhaite pas faire de commentaire sur cette affaire, c’est parce que "ce sont de grands modestes". Dans une reconnaissante déclaration, le ministre estonien des Affaires étrangères Urmas Paet a remercié, jeudi, la France : "Nous sommes très reconnaissants à la France pour l’énorme aide qu’elle nous a apportée", a-t-il déclaré lors de la réception de la fête nationale à l’ambassade de France à Tallinn. Non sans ajouter : "C’est symbolique que les Estoniens aient été libérés le 14 juillet."
Des succès, mais des otages toujours détenus
Son homologue français Alain Juppé a eu le triomphe modeste : " Je tiens à saluer les efforts de tous ceux qui ont contribué à ce dénouement heureux, en particulier les autorités libanaises." Pourtant, le ministre libanais de l’Intérieur Marwan Charbel avait indiqué : "Les forces de sécurité libanaises sont restées à l’écart pour éviter tout échec." Aucun élément n’a été divulgué sur le paiement éventuel d’une rançon.
La DGSE avait dernièrement rencontré un beau succès avec la libération de deux journalistes français en Afghanistan. En revanche, au Sahel, quatre Français enlevés à Arlit, au nord du Niger, le 16 septembre 2010, demeurent otages d’Aqmi (al-Qaida au Maghreb islamique). Trois humanitaires français sont également détenus au Yémen depuis fin mai 2011. Et, depuis deux ans, un officier de la DGSE, connu sous le nom de Denis Allex, est détenu en Somalie par les milices al-shabaab al-Mujahideen.
Jean Guisnel