Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

jeudi 21 juillet 2011

Israël ne devrait pas laver le cerveau de ses enfants

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Le Ministère [israélien] de l'Education a donné aux directeurs et aux maîtres de maternelle un ensemble de documents, afin de planifier et de préparer l'année scolaire à venir. Le premier chapitre concerne « l'éducation aux valeurs sionistes, juives, démocratiques et sociales », très similaire aux objectifs éducatifs pour les écoles élémentaires et secondaires. Après l'avoir lu, il est difficile de décider s'il faut en rire ou en pleurer : la vision du monde qui le guide est tellement superficielle et chauvine !

Les maîtres et maîtresses de maternelle sont censés commencer la journée scolaire en hissant le drapeau national et en chantant l'hymne [israélien]. Le succès de cette initiative - « d'ici au Jour de l'Indépendance tous les enfants connaîtront les paroles de l'hymne » - sera déterminé « par le nombre d'enseignants de maternelle qui discuteront des symboles de l'Etat : le drapeau, le symbole et l'hymne ». L'enseignant est également censé nourrir « l'identité de l'enfant et son sentiment d'affiliation socio-nationale et traditionnelle ».

Ses partisans soutiennent que ces traditions sont habituelles dans les grandes démocraties, en particulier aux Etats-Unis. C'est trompeur. On ne peut comparer les traditions de longue date, qui ont créé un dénominateur civique commun claire dans une société d'immigrés, avec des régulations de circonstance tendancieuses, guidées par un système éducatif faible sujet à la manipulation politique, à un moment où les différences politiques et culturelles de la société se creusent.

Ce lavage de cerveau superficiel rejoint une série d'initiatives prises par le ministère [israélien] de l'éducation ces dernières années, dont celles encouragées sous le ministre Gideon Sa'ar : faire des visites « Masa Mibereshit » (Voyage du Commencement), initiées par le rabbin Mordechai Elon, au Tombeau des Patriarches et à la Cité de David ; faire venir des officiers de Tsahal dans les classes ; choisir des tombes et des monuments de soldats tombés ; faire la promotion d'un projet de loi qui oblige le système à éduquer en direction du service militaire et national ; et plus.

Ces mesures controversées mélangent la religion, la nationalité et l'armée, de la façon la plus simpliste. Il n'y a rien de plus facile que d'amener les enfants de maternelle à répéter comme des perroquets un hymne et à les rendre excités par des cérémonies chauvines et religieuses. L'histoire prouve toutefois que ces pratiques finissent par faire voler en éclat le consensus autour de ces symboles, les transformant en objets de haine et en en faisant la propriété d'un seul camp : celui qui oblige les autres à adopter ses valeurs.

Haaretz