Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

vendredi 29 juillet 2011

Assassinat du général Abdel Fatah Younès

.
Le général libyen Abdel Fatah Younès, ancien responsable du régime du colonel Mouammar Kadhafi qui s'était rallié à la rébellion, a été assassiné jeudi à Benghazi.


Le général Younis, ici parlant aux médias en avril 2011, a été assassiné le 28 juillet. (photo: Keystone)




Selon Moustafa Abdeljalil, le chef du Comité national de transition (CNT), Abdel Fatah Younès a été tué par un groupe d'hommes armés après avoir été convoqué pour un interrogatoire à Benghazi, fief des rebelles qui ont lancé une nouvelle offensive dans l'ouest du pays. Il a précisé que deux colonels de l'armée rebelle avaient été tués en même temps que Younès.

M. Abdeljalil a ajouté que le chef du groupe qui l'a assassiné a été arrêté et annoncé trois jours de deuil en rejetant indirectement la mort de Younès sur les forces loyales au régime de Mouammar Kadhafi.

Corps disparus

Il a précisé que les corps du général Younès et des deux colonels n'avaient pas encore été retrouvés après avoir été emportés par leurs tueurs.

Selon le chef du CNT, le général Younès avait été convoqué à Benghazi par une commission d'enquête pour discuter de sujets «concernant les affaires militaires».

Des rumeurs avaient auparavant circulé dans la journée sur son arrestation à Benghazi mais n'avaient pu être confirmées par l'AFP.

Ex-numéro deux de régime libyen

Abdel Fatah Younès était présenté, avant son ralliement à la rébellion, comme le numéro deux du régime du colonel Kadhafi, occupant notamment les fonctions de ministre de l'Intérieur. Il avait participé au coup d'Etat qui avait porté le colonel Kadhafi au pouvoir en 1969.

Il s'était rallié très tôt aux insurgés, tout comme Moustafa Abdeljalil, après le début du mouvement de contestation contre le colonel Kadhafi le 15 février et occupait depuis d'importantes responsabilités militaires à leurs côtés.

Les rebelles continuent de se battre

Par ailleurs, les rebelles libyens ont infligé jeudi un nouveau revers aux troupes loyales au régime du colonel Kadhafi en s'emparant de deux localités près de la frontière tunisienne, au sud-ouest de Tripoli.

Après avoir conquis la ville d'Al-Ghazaya, les insurgés ont poursuivi leur route vers le village d'Om Al-Far, à une dizaine de km au nord-est, qu'ils ont pris en fin d'après-midi, selon un correspondant de l'AFP.

Les combats les plus acharnés ont eu lieu dans la partie orientale d'Al-Ghazaya, que les insurgés ont attaquée vers 08H00 (06H00 GMT), à la fois par l'ouest et par l'est, a constaté l'AFP.

En milieu d'après-midi, les rebelles ont pénétré à bord de pick-up dans la cité qu'ils avaient auparavant bombardée à l'artillerie lourde à partir des hauteurs alentours et après la fuite des forces loyales au colonel Kadhafi à bord de nombreux véhicules, selon ce correspondant.

Des tirs intensifiés

C'est d'Al-Ghazaya, à une dizaine de kilomètres de la frontière avec la Tunisie, que les loyalistes avaient intensifié ces derniers jours leurs tirs de roquettes sur Nalout, localité aux mains des rebelles à 230 km à l'ouest de la capitale libyenne.

Une fois Al-Ghazaya dépassée, les insurgés ont bombardé Om Al-Far, où résident quelques centaines d'habitants, et ont touché un dépôt de munitions, qui a explosé, avant d'y pénétrer, a constaté le correspondant.

Cette région montagneuse du Nefoussa dans l'Ouest libyen est le théâtre depuis plusieurs mois d'affrontements entre l'armée de Mouammar Kadhafi et la rébellion, qui y a déclenché début juillet une offensive majeure, espérant notamment avancer vers Tripoli.

Des nouveaux ambassadeurs

La rébellion a également marqué des points sur le terrain diplomatique en installant jeudi ses «ambassadeurs» en France et en Grande-Bretagne, les deux pays en pointe dans l'opération militaire en Libye.

A Paris, le CNT, organe politique de la rébellion, a nommé Mansour Saif Al-Nasr, 63 ans. Ce Libyen, qui a quitté son pays en 1969, a été membre de la Ligue libyenne des droits de l'Homme et du Front national pour le salut de la Libye, mouvement d'opposition en exil.

Reconnaissance du CNT

La France a été le premier pays à reconnaître le CNT et considère désormais que cet organe est «seul titulaire de l'autorité gouvernementale» libyenne.

A Londres, le CNT a par ailleurs choisi Mahmud Nacua, un écrivain et intellectuel de 74 ans, «impliqué dans l'opposition depuis les années 1980», selon Guma Al-Gamaty, coordinateur en Grande-Bretagne pour le CNT.

Cette nomination intervient au lendemain de la reconnaissance par la Grande-Bretagne du CNT en tant que seul «gouvernement légitime» de Libye et après l'expulsion des derniers diplomates loyaux au colonel Kadhafi.

M. Al-Gamaty a qualifié le geste britannique de «pas important» et de «message clair au peuple libyen et à Kadhafi».

La reconnaissance par Londres du CNT avait été en revanche jugée mercredi «irresponsable» et «illégale» par le vice-ministre libyen des Affaires étrangères Khaled Kaaim.

Le Royaume-Uni a en outre décidé de mettre fin au gel d'actifs pétroliers libyens, d'une valeur de 91 millions de livres (102 millions d'euros). Bloqués dans le cadre d'une résolution des Nations unies, ils seront transférés à la rébellion.

AFP