En violation absolue de l’esprit de la résolution 1973, mais en prétextant agir pour protéger les populations civiles conformément à ladite résolution, l’OTAN se prépare à attaquer au sol les forces libyennes. Un vaste dispositif vient d’être déployé.
Des hélicoptères de combat sous commandement OTAN ont été utilisés pour la première fois le 4 juin dans les opérations militaires en Libye : annonce du quartier général allié à Naples. Ce sont des hélicoptères français Tigre et Gazelle et des Apache britanniques, dotés des armements les plus modernes. Parmi eux le missile étasunien à guidage laser Hellfire, que les Tigre et Apache lancent à 8 kms de l’objectif, quand ils ne sont pas encore en vue. Utilisé en Libye aussi par les drones étasuniens Predator/Reaper, il a une tête à fragmentation ou thermobarique. Cette dernière, en explosant, crée un vide d’air qui provoque la mort par asphyxie de toute personne se trouvant dans la zone, même si elle est à l’intérieur d’édifices ou de refuges. Dans la guerre de Libye, est certainement expérimenté aussi le Hellfire Romeo, un missile que Lockheed Martin a rendu encore plus destructeur.
En utilisant des hélicoptères d’attaque, l’OTAN non seulement intensifie l’offensive aérienne, mais prépare le terrain au débarquement de troupes. Les hélicoptères qui sont en train d’attaquer en Libye sont ceux des navires d’assaut amphibie Tonnerre (français) et Ocean (britannique), postés face aux côtes libyennes sur lesquelles, au moment opportun, ils pourront débarquer des milliers de soldats et d’armes lourdes sur des aéroglisseurs.
Le Tonnerre et l’Ocean ont déjà effectué des tests d’interopérabilité avec des navires étasuniens d’assaut amphibie analogues : ils peuvent donc utiliser les véhicules aériens et de débarquement du groupe d’attaque amphibie, conduit par le USS Bataan, posté lui aussi en Méditerranée. Comme le Congrès a confirmé l’opposition de Washington à envoyer des troupes en Libye, pour ne pas s’embourber dans une autre guerre épuisante de longue durée, le scénario qui se profile est celui d’un débarquement —sous commandement et appui US— de troupes françaises, britanniques, italiennes et autres, éventuellement sous l’égide d’ « Eufor Libya » (Forces de l’Union européenne en Libye) pour « fournir de l’aide humanitaire aux civils libyens ».
L’intensification de l’offensive aérienne entre dans cette même stratégie. À la base de Gioia del Colle (Joie de la colline… NdT) (Bari), sont arrivées les Enhanced Paveway III : des bombes à guidage laser d’une tonne, dont les têtes pénétrantes à l’uranium appauvri et au tungstène peuvent détruire des édifices renforcés. Pour le moment ce sont les chasseurs bombardiers britanniques Eurofighter et Tornado qui les utilisent, en décollant de la base des Pouilles. Ces bombes, explique le ministre britannique de la Défense Liam Fox, « nous permettent de protéger les civils et de réaliser les objectifs des Nations Unies » .
En même temps, se trouve renforcé le blocus naval contre Tripoli. Et a commencé en Méditerranée la Phoenix Express 2011, manœuvre sous commandement étasunien à laquelle participent des forces navales et terrestres de treize pays : États-Unis, Italie, Espagne, Grèce, Malte, Croatie, Albanie, Turquie, Égypte, Algérie, Tunisie, Maroc et Mauritanie. Cette opération aussi est dirigée depuis Naples et supportée par les bases en Italie. Le pays qui —assure le président de la République, Giorgio Napolitano— a tourné le dos aux sales années du bellicisme fasciste et joue aujourd’hui un rôle de ferme gardien de la paix.
Manlio Dinucci
Géographe et géopolitologue