Des chars syriens encerclent samedi la ville de Jisr al-Choughour (nord-ouest), faisant craindre aux opposants au régime de Bachar el-Assad une répression sanglante dans cette région proche de la frontière turque.
D'ores et déjà, des milliers de civils ont fui en Turquie
La grande majorité de la population de cette ville de 40.000 habitants a cherché à échapper par avance au siège imminent. Damas affirme que plus de 120 membres des forces de sécurité ont été tués par des «groupes armés» agissant dans cette zone. La télévision d'Etat syrienne rapportait samedi que l'armée avait arrêté plusieurs dirigeants de ces «groupes armés» à Jisr al-Choughour.
Alors que plus de 4.000 Syriens ont franchi la frontière turque, les autorités locales du village turc d'Altinozu ont fait savoir que leurs capacités d'accueil étaient presque pleines et qu'un troisième camp de tentes allait être érigé à Boynuyogun.
«On ne s'attend pas à ce que cet afflux cesse rapidement. Les informations dont nous disposons laissent entendre qu'il y a encore beaucoup plus de gens qui attendent de franchir à leur tour la frontière», a indiqué Metin Corabatir, porte-parole du HCR. Après avoir accusé le régime syrien de commettre des «atrocités» contre son peuple, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a indiqué vendredi soir sur la chaîne NTV qu'il parlerait avec Assad «de façon très différente» après les législatives turques de dimanche.
Ecraser le soulèvement
Damas tente depuis près de trois mois d'écraser le soulèvement contre le régime alaouite. D'après un bilan établi par les organisations de défense des droits de l'Homme, la répression de ce mouvement entamé à la mi-mars a fait plus de 1.300 morts. Pour la seule journée de vendredi, 36 personnes ont été tuées lorsque les forces de l'ordre ont ouvert le feu sur les manifestants qui protestaient contre le régime dans différentes villes du pays.
Si la région de Deraa (sud) est considéré comme le foyer de l'insurrection en cours, Jisr al-Choughour et la province d'Idleb (nord-ouest) ont une longue histoire d'hostilité envers Damas. Une révolte de la population dans ce fief des Frères musulmans contre le père de Bachar, Hafez el-Assad, a été matée dans le sang en mars 1980, faisant des dizaines de morts. Trois ans plus tard, une semblable révolte à Hama (ouest) était sauvagement réprimée, faisant entre 10.000 et 25.000 morts, d'après Amnesty International.
AP