La mort d'Oussama Ben Laden a alimenté les spéculations des experts en géostratégie et des journalistes tout au long de ces dix dernières années. Les chaînes de télévision du monde entier ont annoncé la nouvelle des dizaines de fois avec plus ou moins de prudence, et chaque nouvelle apparition audio ou vidéo du chef d'al-Qaida a donné lieu à de vigoureux débats et autres analyses afin d'y trouver des preuves de mauvaise santé voire de décès.
Selon des affirmations d'experts américains et français, la première mort supposée de Ben Laden remonterait au début de l'année 2002, dans les grottes afghanes de Tora Bora. Si l'information est d'abord restée cantonnée aux forums conspirationnistes, l'étude d'un chercheur du CNRS en mai 2003 porte la rumeur jusqu'au journal télévisé.
La mort supposée de Ben Laden est annoncée au journal de France 2 du 9 mai 2003 (Images ©INA)
Après les bombes alliées larguées sur les talibans, c'est la fièvre typhoïde contractée dans les montagnes du Pakistan qui aurait emporté courant 2006 le djihadiste le plus recherché de la planète, selon les services secrets saoudiens relayés par la DGSE française. L'information sera rapidement démentie par le propre frère du terroriste.
Une note des services français révèle que les Saoudiens croient Ben Laden mort d'une fièvre typhoïde
Quelques mois plus tard, c'est au tour de Benazir Bhutto de délivrer la fracassante révélation : Ben Laden est mort, assassiné par un certain Omar Sheikh, un proche des services secrets pakistanais. Cette information sera rapidement relativisée par la France, mais l'assassinat, peu de temps après, de Bhutto alimentera les thèses les plus farfelues sur la véracité de cette déclaration.
L'ex-Premier ministre pakistanais Benazir Buttho révèle à David Frost d'Al Jazeera l'assassinat de Ben Laden en évoquant la tentative d'assassinat qu'elle a subie en 2007.
Il faut ajouter à tout cela les nombreuses suppositions liées aux insuffisances rénales dont aurait souffert Ben Laden et à son besoin de dialyse qui lui laissait peu de chances de survie dans sa cavale au travers des zones tribales afghanes. Certains en déduisaient même diverses conséquences physiques telles que la possible amputation de son bras gauche, souvent immobile dans ses vidéos de propagande. Dans sa vie comme dans la mort, la grande rareté des preuves et des images a nourri les spéculations et donc la légende personnelle du commanditaire des attentats du 11-Septembre. Rien d'étonnant donc à ce que de nombreux sceptiques s'empressent de démentir l'annonce officielle, de "la mort véritable" d'Oussama Ben Laden.