Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

jeudi 18 mai 2006

LE PROJET SOURDOUGH

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Un programme de la CIA pour intercepter les courriers de la ville de San Francisco.

C'était une opération pour intercepter le courrier suspect en provenance de pays Asiatiques d'extrême-orient, et qui étaient à destination de la ville de San Francisco, aux Etats-Unis. Elle se déroula en quatre phases, entre 1969 et 1971.(1)

Elle était conduite conjointement par la "Far East Division", la "Division pour l'extrême-orient"; la "TSD", la "Technical Services Division", la "Division des services techniques" et par "l'Office of Security", le "bureau de sécurité", qui assurait la couverture et venait en soutien du programme. Durant toute sa durée, ce dernier fût mené par du personnel venant du siège de la CIA et qui avait été envoyé dans la région de San Francisco, en septembre 1969, en février et mai 1970 et en octobre 1971.

Les autorisations furent obtenues auprès du directeur et du directeur-adjoint des plans et le directeur de sécurité. Les archives consultées indiquent que les autorisations avaient été accordées uniquement pour couvrir l'interception des courrier, mais pas pour leur ouverture éventuelle, si cela devait se produire. Il n'y a aucuns éléments qui prouve que le gouvernement Américain avait eu connaissance de ce projet.

Le démarrage du projet.

Le programme démarra à la mi-1969. Le TSD avait reçu une demande de "l'Asian Opération Unit", l'unité pour les opérations en Asie (qui dépendait du "FE", la "Far East Division", la "Division d'extrême-orient"). Pour determiner si l'hypothèse du TSD était exacte. Ce dernier disait que le courrier en provenance de pays d'extrême-orient, devait être soumis à une censure intensive.

A l'origine, le courrier était intercepté à l'étranger par les "CIA East Asian Stations", les "stations d'Asie de l'Est de la CIA", qui avaient entreprisent de surveiller le courrier pour les Etats-Unis. Mais menait ces opérations sur le terrain de manière assez improvisé, qui pouvez nuire à une bonne interception des courriers. Alors, pour plus de sécurité, il fût décidé que ces opérations seraient centralisées et menées directement au moment de l'arrivée du courrier sur le sol Américain.



La première phase.

A la fin août 1969, deux officiers du TSD, avec l'inspecteur-adjoint en chef de la poste de Wasnington, James Conway, pour obtenir des informations sur l'entrée du courrier aux Etats-Unis et également d'avoir sa permission pour faire procéder à un examen extérieur de ces courrier, par des agents de la CIA. Conway donna son accord et une réunion eu lieu en septembre, pour mettre au point les détails du fonctionnement de l'opération.

Fin septembre, deux agents du TSD venant de Californie, trouvèrent un local approprié pour examiner le courrier à l'intérieur de la "Air Mail Facility", la zone de la poste aérienne, au San Francisco International Airport. Avec la complicité d'un inspecteur des postes, ils avaient accès et pouvaient examiner près de 1600 lettres en cinq jours, avant de retourner à Washington. Mais ce premier épisode ne constitué en fait qu'un test, une "étude de faisabilité", pour voir la capacité de l'opération et des agents à intercepter le courrier (il n'avait alors pas était ouvert).



la seconde phase.

La première phase ayant était jugée concluante, en octobre la seconde phase fût lancée par le chef du TSD. Elle avait pour objectif d'élargir les investigations à l'examen des techniques de censure pour les identifier. Durant les deux mois suivants, l'opération désormais conjointe entre le TSD et le FE, recevra l'approbation du directeur-adjoint des plans, Thomas Karramessines; du directeur de sécurité, Howard Osborn et du directeur de la CIA, Richard Helms. L'inspecteur-adjoint en chef de la poste de Wasnington, James Conway, sera aussi informé et acceptera de collaborer à cette seconde phase, avec une autre réunion pour se mettre d'accord sur les modalités.

Le 5 février 1970, l'opération sera poursuivie pour une semaine seulement, jusqu'au 12 février. Le courrier était amener par camion par un inspecteur des postes, qui le remettait à des agents armés du bureau de sécurité. Ces derniers le donnaient ensuite à un autre inspecteur des poste, quatre agents du TSD et du FE, qui le mettaient dans une pièce sécurisée du bureau de poste. Là ils examinèrent les enveloppes et les photographière, sans interruption, durant toute la semaine, en présence de l'inspecteur des postes. Durant cette phase, entre 5 et 80 lettres par jours auront étaient ouvertes. Et dont la copie du contenu sera envoyé immédiatement à la CIA. Mais on apprendra par la suite (par un mémorandum du 15 octobre 1971), que des agents profitèrent régulièrement des quelques moments où l'inspecteur des postes était sortie de la pièce, pour subtiliser des courriers et les mettres carrément dans leur poches). Le délais entre lequel les courriers qui étaient dépouillés, et le moment où ils étaient remit dans le traffic normal, était de deux jours.

Durant cette semaine, 7014 lettres seront retenues pour être examinées et 133 seront ouvertes.



La troisième phase.

Les archives concernant cette phase ne sont que fragmentaires. La première chose sera de faire détruire les éléments de la phase deux (mémorandum du 4 avril 1970), sous prétexte que la troisième phase ne justifiait plus "un tel mode opératoire sur le terrain pour les besoins du TSD". Le 28 avril, il fût décidé que la phase actuelle suivrait la même procédure et serait une continuité de la phase deux. Et la suggestion d'employer des agents féminins dans les équipes pour de telles opérations sera rejetée. James Canway sera encore mis au courant et approuvera cette troisième phase, qui commencera en mai 1970. Et se seront encore des agents du TSD et du FE qui opéreront à la poste de San Francisco, pendant trois semaines, entre le 4 et le 27 mai.

Durant ces trois semaines, 2800 lettres seront examinées. Une partie arrivera au laboratoire du TSD pour y être étudiées. Elles étaient transportées par des agents féminins de la CIA, qui les avaient cachées dans leur sac à main. Donc des éléments féminins seront bien employées pour participer à l'opération (malgré la décision contraire prise précédemment). Il n'existe aucun chiffre sur le nombre exact de lettres ouvertes. Mais pour cette phase, uniquement des agents de la CIA seront présents et plus des inspecteurs des postes.



La quatrième phase.

Cette phase fût proposée en août 1970. La CIA désirait profiter de l'opportunité que constituait la visite officielle que devait faire prochainement le président des Etats-Unis en Asie (où il devait y avoir une entrevue entre Mao et Nixon). Les autorisations furent obtenues en septembre, par les même supérieurs que précédemment. et l'opération dura deux semaines. Pour cette quatrième et dernière phase, ce sera un autre inspecteur des postes, du nom de William Cotter, qui sera contacté pour collaborer au projet. Conway ayant d'autres responsabilités, il avait été nommé entre-temps inspecteur régional en charge de la ville San Francisco (ais il sera tout de même mis au courant de la nouvelle phase qu'il approuvera). Cette phase démarra le 1er octobre 1971, pour se terminer le 15 octobre de la même année.

A la fin de cette quatrième phase, le TSD avait en tout examiné près de 4500 courriers.

(Il faut préciser que pendant chacune des phases, ils firent aussi des tests chimiques à chaque arrivage de courrier, sur trois lettres suspectes, prisent au hasard).



La fin du projet "Sourdough".

Les listes de surveillances qui avaient été établies pour le projet Sourdougn ont toutes étaient détruites une fois le projet terminé. Seul des témoignages, des éléments provenant d'un document appelé "Sourdough Capsule Summary", "le bref résumé de Sourdough", (et d'autres documents internes) permettront de reconstituer les évènements et de connaître certaines des personnes, dont le courrier avait été examiné.
Seul la quatrième phase sera jugée comme étant la seule à être décrite comme étant "une mission d'une très grande réussite".

Le projet se termina officièllement en octobre 1971, quand la dernière phase prit fin. Mais un mémorandum de décembre 1974 de "l'Office of Security", dira que "il n'y a pas d'informations parvenues au bureau de sécurité, que le projet West-Pointer, au sujet de, quand et par qui, la décision a été prise de mettre fin à ce projet".

Les raisons d'arrêter le projet Sourdough, seront évoquées dans un mémorandum de juin 1973, adressé au chef de la East Asian Division (qui s'appelait auparavant la "Far Est Division"). Le document précise que le projet a été arrêté, parce qu'il avait atteint ses objectifs (de découvrir si des courriers en provenance d'Asie était bien censuré, et déterminer la nature des courriers en question).
Et de plus, que "Le "facteur risque" ("risk factor") ou le risque de "retour de bâton" ("flap potential"), a été un facteur crucial dans la décision de mettre fin au programme d'ouverture du courrier. Et que le risque que le projet soit découvert, "l'emportait sur la continuité de l'activité du projet, et l'accomplissement de ses objectifs".



(1) Ce programme est en fait connu sous deux noms différents. Il avait reçu le nom de "Projet West-Pointer", par "l'Office of security", le bureau de sécurité; Et "Plans Directorate", la Direction des plans", l'avait dénommée "Projet Sourdough" ("levain").

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