Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

vendredi 29 octobre 2010

EST-CE QUE CE SONT LES ISRAÉLIENS QUI ONT ASSASSINÉ LE MINISTRE ALLEMAND ?

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Il y a 23 ans, un journaliste découvrait le cadavre du Premier Ministre du Schleswig-Holstein dans la baignoire d’un hôtel à Genève. Uwe Barschel – étoile montante de la droite allemande – venait de démissionner, empêtré dans un “Watergate” allemand et des accusations de corruption. Pour la police tout était simple : suicide par empoisonnement.

23 ans après l’affaire rebondit avec la publication par l’hebdomadaire DER SPIEGEL d’un dossier en “Une” :”la mort improbable de Uwe Barschel”. Le journaliste Wolfram Baentsch enquête depuis des années sur l’affaire. Il est persuadé que Barschel a été assassiné par le Mossad pour l’empêcher de révéler le trafic d’armes entre Israël et l’Iran.

FOCUS Online: Y a t’il des nouveaux faits qui nécessiteraient une réouverture du dossier, 23 ans plus tard ?

Baentsch: Non, je n’ai pas connaissance de nouvelle preuves. Mais bon nombre de faits connus depuis un certain temps laissent penser qu’il s’agirait plutôt d’un meurtre. Ceux qui ont abordé cette enquête au plus près, rejettent tous la théorie du suicide. Le procureur de Genève, Bernard Bertossa, chargé du dossier à l’époque, n’a jamais cru au suicide. Et le procureur général de Lübeck, Heinrich Wille continue à affirmer à ce jour que Barschel n’est pas mort de sa propre main.

FOCUS Online: Pourquoi la justice a t’elle clos le dossier à l’époque ?

Baentsch: Parce que dès le départ la justice allemande a suivi les consignes d’étouffement de l’affaire. Ce n’est pas un hasard si les principaux témoins interrogés par le procureur de Lübeck ont tous reçu la visite préalable d’agents des services secrets et de la police fédérale. On a utilisé des méthodes de désinformation ciblée et les services secrets ont systématiquement semé de fauses pistes pour détourner l’attention des enquêteurs. Tout cela sur fond de trafics d’armes clandestins qui passaient par l’Allemagne et ne devaient pas se savoir.

FOCUS Online: Barschel aurait payé de sa vie son implication dans ses trafics d’armes clandestins ?

Baentsch: Non, ça c’est encore une fausse piste. Barschel ne s’est jamais occupé de trafics d’armes, il a tout au plus servi de couverture à l’une ou l’autre opération clandestine. Barschel devait disparaître parce qu’il avait annoncé qu’il ne tolèrerait plus que l’Allemange serve d’intermédiaire à un trafic massif d’armes entre Israël et l’Iran. Le trafic était chapeauté par les USA et passait par le gouvernement du Schleswig-Holstein afin de masquer l’origine véritable de ces armes.

Jusqu’à présent l’Allemagne avait été un bon toutou et s’était plié aux volontés US. Mais Barschel, ayant découvert l’affaire lors de sa prise de pouvoir, avait annoncé que non seulement il ne voulait plus continuer à couvrir ce trafic mais qu’il allait le révéler si on tentait de lui mettre la pression.

Barschel était devenu un risque, alors les services secrets israéliens l’ont attiré à Genève – dans un hôtel dont le directeur est un ancien officier de Tsahal – et l’ont éliminé.

FOCUS Online: Sur quels éléments vous fondez vous pour affirmer cela ?

Baentsch: L’ancien agent du Mossad, Victor Ostroswky décrit toute l’opération dans son livre. Sur la base des informations que j’ai collectées tout au long de ces années, je peux vous certifier que ses affirmations sont crédibles. Ostrowsky avait contacté les services secrets allemands pour témoigner de ce qu’il savait. Mais il n’a jamais reçu de réponse. Et la justice allemande ne l’a jamais interrogé. Le procureur de Lübeck avait bien tenté de rouvrir l’affaire afin de pouvoir l’entendre officiellement et faire verser son témoignage au dossier. Mais ils ont reçu des pressions de la part du gouvernement et ont abandonné le projet.

LA MORT MYSTERIEUSE D'UN DETECTIVE

Le détective privé suisse Jean-Jacques Griessen qui enquêtait depuis 18 mois sur la mort de l'ex-ministre allemand Uwe Barschel, en octobre 1987, à l'hôtel Beau-Rivage de Genève, est mystérieusement décédé le 9 novembre 1992 - officiellement d'une crise cardiaque -, dans la chambre d'une prostituée de Zurich. alors qu'il avait un rendez-vous de la plus haute importance avec une source qui devait lui remettre des preuves de l'assassinat de Barschel (...)

Grégoire Seither