Des zones d'ombre entouraient toujours les combats meurtriers entre AQMI et l'armée mauritanienne qui, pour la deuxième fois depuis juillet, s'est aventurée tout le week-end dernier dans le désert malien pour y affronter les islamistes armés. Samedi soir, l’annonce officielle des combats n’était qu’un leurre, car, dimanche, l’aviation mauritanienne a commencé à pilonner les positions terroristes dés les premières heures.
Le gouvernement mauritanien a affirmé avoir lancé cette offensive au Mali voisin pour "anticiper des intentions criminelles" d'Aqmi, sans faire aucun lien avec l'enlèvement, jeudi au Niger, de cinq Français et deux Africains qui auraient aussitôt été acheminés vers le nord du Mali. La France, qui soupçonne Aqmi d'avoir commandité le rapt, a assuré que les combats menés par l'armée mauritanienne étaient "indépendants de l'enlèvement des employés du groupe français Areva" sur le site minier d'Arlit au Niger. Samedi soir, le ministère mauritanien de la Défense a exposé les raisons de son intervention, sans crier victoire.
Le bilan officiel mauritanien est de 12 morts et d'un nombre indéterminé de blessés dans le camp des "terroristes", six morts et huit blessés dans les rangs de l'armée. Mais une source algérienne dans la région a affirmé de son côté que l'armée mauritanienne aurait perdu "au moins 15" soldats. "Nos forces armées avaient repéré une bande de terroristes à bord d'une colonne de véhicules armés, qui se déplaçaient en direction de notre frontière avec la république sœur du Mali, dans l'objectif évident d'attaquer l'une de nos positions", a relaté le ministère mauritanien, selon lequel "une unité de l'armée nationale a intercepté cette colonne, dans l'après-midi" de vendredi. Une source militaire mauritanienne haut placée a assuré à qu'"un important arsenal de guerre avait été saisi" durant la première attaque. Mais des sources régionales concordantes assurent que l'armée mauritanienne a ensuite subi "un important revers" et que, jusqu'à présent, elle n'a "pas de nouvelles de certains de ses hommes". Selon ces sources régionales, un lieutenant de l'islamiste algérien Abdelamid Abou Zeid, Yahya Abou Hamame, dirigeait les opérations d'Aqmi contre l'armée mauritanienne. Abou Zeid serait responsable de l'assassinat en mai 2009 de l'otage britannique Edwin Dyer et de la mort de l'otage français Michel Germaneau en juillet 2010.
L’aviation mise à contribution
L'armée mauritanienne avait pilonné hier des positions d'Aqmi dans le nord du Mali, a indiqué une source militaire mauritanienne haut placée à Nouakchott, peu après 12H00 (locales et GMT). Cette action s'inscrit "dans le cadre de la lutte engagée contre ces bandes terroristes qui sévissent dans la bande sahélo-saharienne, et qui menacent la sécurité et la stabilité le long de la frontière mauritanienne", a-t-il poursuivi. "C'est la poursuite logique de l'intervention engagée (en fin de semaine, ndlr) par nos forces armées après avoir repéré une bande de terroristes à bord d'une colonne de véhicules armés qui se déplaçaient vers notre frontière avec la République soeur du Mali dans l'objectif d'attaquer l'une de nos positions", a assuré ce responsable militaire. «Les Mauritaniens ont engagé des avions de combat dans la bataille. Il y en a au moins deux. L’objectif est de tenter de prendre le dessus, ce qui jusque-là n’était pas le cas», ont affirmé les mêmes sources.
AQMI embrase le sahel
Longtemps craint, le Sahel tombe dans le piège de la guerre. Désormais, le temps des négociations et du paiement de rançons est révolu. L’heure est à la confrontation. Usant du droit de poursuite, l’Armée mauritanienne a mené une offensive militaire contre les groupes terroristes d’Al Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi), dirigés par un lieutenant algérien, Abdelhamid Abou Zeïd. «C’est Yahya Abou Hamame, lieutenant de Abou Zeïd, qui dirige les opérations contre l’armée mauritanienne», a affirmé un élu malien du nord du pays, joint par téléphone depuis Bamako. «Plus de 70% des éléments de son unité sont de nationalité mauritanienne», a assuré cet élu.
Présence française ?
La présence militaire de la France au Sahel n’est plus un secret. Selon l’AFP, la France dispose d’une palette de moyens de renseignement dans cette zone. Il s’agit, entre autre, d’avions et satellites d’observation, stations d’écoute terrestres et forces spéciales. Parmi les moyens ultrasophistiqués que la France a mis pour contrôler la région figure, selon la même source, l’avion Atlantique 2 de la marine qui est équipé de radars et de caméras infrarouges pour passer au peigne fin une zone délimitée. L’autre moyen aérien dont se sert la France est le Mirage F1CR de l’armée de l’air, avion de reconnaissance longtemps déployé au Tchad dans le cadre de l’opération Epervier. Cet appareil porte sous son fuselage une nacelle d’équipements photo et vidéo. A 700 km d’altitude, les deux satellites d’observation militaires Hélios 2 peuvent photographier - avec une précision de quelques dizaines de centimètres - 365 jours par an et 24 heures sur 24 (grâce à son mode infrarouge pour Hélios 2B lancé en décembre 2009) un pick-up d’hommes armés au milieu du désert. L’autre moyen de renseignement est les stations d’écoutes des services de renseignement installées discrètement, captant 24 heures sur 24 les communications téléphoniques et les mails.
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