En parvenant à la présidence, B. Obama a hérité d’un déficit des dépenses publiques de 1300 milliards de dollars et la croissance ne reprend pas. Il revient donc au crédit public (Etat fédéral, administration subfédérales et FED) de mener l’économie américaine dans un contexte où les déficits budgétaires et financiers gagnent des proportions inquiétantes. Le moment est donc venu de réaliser des économies drastiques. Mais aux dépens, entre autres, des contrats passés avec les industriels de la défense : Boeing, Raytheon, Lockheed Martin, General Dynamics, aussi bien qu’avec Halliburton ou des entreprises de sécurité privées comme Xe Services LLC, anciennement Blackwater.
A l’heure où l’on parle du retrait limité des troupes en Afghanistan (2 000 soldats seulement), les démocrates au Congrès s’en prennent maintenant au budget du Pentagone avec l’espoir de le voir réduit. Des critiques s’élèvent, arguant que, dans un contexte de guerre contre le terrorisme, de telles mesures sont déplacées. Mais le Pentagone aurait tout de même demandé un budget supplémentaire de 33 milliards de dollars pour la poursuite des opérations armées en Afghanistan. Le budget militaire pour l’année fiscale 2011 atteint 768 milliards de dollars (552,11 milliards d’euros, soit 1 862 euros par habitant aux USA). Les dépenses militaires US l’an prochain pourraient avoisiner les 708 milliards de dollars.
Le New York Times revient sur les désaccords au sein du Congrès quant à la gestion du trésor de guerre US par temps de crise économique, tandis que le second article tiré du site du Lexington Institute préconise des solutions pour sauver le Pentagone de la faillite.

Ayant connu une rapide augmentation des dépenses militaires sur presque une décennie, le Pentagone est maintenant confronté à d’intenses pressions politiques et économiques visant à limiter son budget; ce qui prédispose à un premier débat sérieux sur l’ampleur et le coût des services armés depuis les attentats terroristes de 2001.
Les troupes en guerre se sont battues jeudi dans la vallée sous tension d’Arghandab, à Kandahar, en Afghanistan. Le président Obama a promis de commencer le retrait des troupes l’an prochain. Ceci, ajouté à d’autres facteurs pourrait conduire le Congrès à envisager la réduction des demandes de financement par le Pentagone.
Pour les législateurs, les responsables de l’administration et les analystes, la combinaison de l’important déficit budgétaire, de la liquidation de la guerre en Irak avec la promesse du Président Obama d’amorcer le retrait des troupes d’Afghanistan l’an prochain, a conduit le Congrès à envisager la réduction des demandes de financement du Pentagone.
Robert M. Gates, Secrétaire à la Défense, a tenté d’empêcher les réductions budgétaires exigées en indiquant au Congrès et à la Maison Blanche qu’il peut générer plus de profits de la bureaucratie du Pentagone et des programmes d’armement et employer les économies au maintien des forces de combat.
Mais la pression croissante reflète déjà les efforts déployés par les démocrates au Congrès pour accélérer la demande de réduction du budget de l’administration l’an prochain, ce à quoi les hauts responsables du Pentagone ne s’attendaient pas.
A plus long terme, inquiétée par la dette croissante du gouvernement, soit environ 13 milliards de dollars, une commission bipartie pour la réduction du déficit prévient que des coupes dans les dépenses militaires pourraient être nécessaires afin d’aider la nation à sortir du gouffre financier.
"Nous devrons rester critiques vis à vis de la défense si nous voulons être sérieux quant à la réduction du déficit", a déclaré Erskine Bowles B., chef de cabinet du président Bill Clinton qui est co-président de la Commission du déficit. Le sénateur Judd Gregg, un républicain du New Hampshire qui fait également partie de la Commission de la dette, a déclaré que si la Commission pousse à la réduction des dépenses discrétionnaires, "la défense doit être examinée", peut-être par une autre commission de clôture.
M. Gates demande à ce que le budget du Pentagone progresse sur le long terme de 1 % par an après inflation, plus les coûts de la guerre. Le taux de croissance corrigé de l’inflation était en moyenne de 7 % par an au cours des dix dernières années (près de 12 % par an, sans correction pour l’inflation), y compris les coûts des guerres. M. Obama demandait au Congrès une augmentation des dépenses totales de l’an prochain de 2,2 %, soit 708 milliards de dollars – 6,1 % de plus que le pic sous l’administration Bush.
M. Gates soutient que si l’on permet au budget du Pentagone de poursuivre une augmentation de 1 % par an, il peut trouver une épargne de 2 ou 3 % dans la bureaucratie du ministère à réinvestir dans l’armée – ce qui représentera une somme suffisante pour répondre aux besoins de la sécurité nationale. L’un des paradoxes de la bataille sur le budget à Washington est que même si M. Gates tente d’empêcher des réductions plus importantes, il essaie d’anéantir les programmes d’armement, disant que l’armée n’en a pas besoin, malgré les objections des membres du Congrès qui veulent protéger les emplois.
M. Gates bénéficie d’un soutien biparti au Capitole; il a une emprise considérable au sein de l’administration. Bien qu’il puisse actuellement soutenir la ligne contre d’importantes réductions, selon les analystes, le soutien des dépenses militaires pourrait rapidement s’éroder si le Pentagone retire un nombre important de troupes d’Afghanistan.
"Pour ce qui est du Pentagone, ils ont vécu grassement et avec bonheur depuis si longtemps qu’ils en ont presque perdu le sens des réalités", a déclaré Gordon Adams, qui a supervisé les budgets de sécurité nationale sous le président Clinton.
Le sénateur Daniel K. Inouye, démocrate de Hawaï et président du Comité des fonds de dotation au Sénat, a déclaré qu’il examinerait d’abord l’augmentation des taxes et les changements dans la sécurité sociale et Medicare pour réduire le déficit, et qu’il était "hors de question" que le Congrès réalise d’importantes réductions dans le budget de l’armée tandis que plus de 100.000 soldats sont encore en guerre. Mais dès que la plupart d’entre eux seront rentrés, je suis à peu près certain que des coupes suivront – en matière de défense et dans l’ensemble du budget, dit-il.
Le cours de la guerre en Afghanistan aura sans aucun doute un impact sur les débats, tout comme sur le résultat des élections de mi-mandat et, finalement, la course à la présidentielle en 2012.
Mais les premiers signes de pression sur les dépenses militaires ont fait surface, alors que la Chambre et le Sénat sont sur le point d’élaguer la demande de budget de l’administration du Pentagone pour l’année fiscale qui commencera le 1er octobre.
La semaine dernière, les démocrates au Comité des fonds de dotation du Sénat ont voté pour réduire de 8 milliards de dollars la demande du Pentagone pour une augmentation de 18 milliards de dollars de ses opérations de base.
Le représentant Norm Dicks, démocrate de Washington et président du sous-comité à la Chambre des fonds de dotation de la défense, prévoit une coupe de 7 milliards de dollars à la demande de budget de l’administration. "Il y a ici un grand soutien pour des restrictions", a-t-il dit.
À court terme, les inquiétudes sur le déficit pourraient aider M. Gates à stopper les deux principaux programmes d’armement qu’il a identifié cette année – un second moteur pour le nouveau Joint Strike Fighter et l’achat supplémentaire de cinq avions de fret C-17 de Boeing.
General Electric et Rolls-Royce ont exercé de fortes pressions pour sauver leur moteur qui serait en concurrence avec un autre pour une affaire de 100 milliards de dollars.
M. Inouye a déclaré que face à l’opposition de l’administration, "et face à un déficit, cette affaire est morte."
Lors d’un discours prononcé en mai à l’Eisenhower Presidential Library and Museum à Abilene, Kansas, M. Gates a tenté de définir les termes d’un débat plus large :
"Les dépenses militaires à grande ou petite échelle peuvent et doivent être examinées plus sévèrement," dit M. Gates. "Le geyser s’est tari, et le restera pour un bon moment."
M. Gates a appliqué les ordres afin que les forces armées et les agences du Pentagone réduisent de 7 milliards de dollars les dépenses et économisent en 2012, en vue d’atteindre 37 milliards de dollars par an d’ici 2016.
Rahm Emanuel, le secrétaire général de M. Obama, a déclaré que le président soutenait sans réserve les initiatives de M. Gates : des économies ont déjà été réalisées en annulant ou élaguant plus de trois douzaines de systèmes d’armes en 2009. "Ce ne sont pas des affaires usuelles", a déclaré M. Emanuel.
De hauts responsables de l’administration espèrent que les efforts de M. Gates soutiendront les critiques discrètes de ceux qui se demandent pourquoi les dépenses militaires ont fait exception à l’ordre du président qui visait une réduction de 5 % des budgets de la plupart des organismes nationaux.
À l’heure actuelle, l’administration estime que le budget de base du Pentagone et les dépenses de guerre supplémentaires atteindront les 708 milliards de dollars au cours du prochain exercice, même si selon les analystes, il est probable que le Pentagone aura besoin d’au moins 30 milliards de dollars pour le financement supplémentaire de la guerre.
Deux tiers des dépenses du Pentagone concernent les coûts en personnel. Le Pentagone aura probablement à examiner pour la première fois les réductions des prestations de santé offertes aux participants actifs, aux retraités militaires et leurs familles.
Certains analystes estiment que le Pentagone ferait l’objet de pressions pour réduire la taille des forces armées.
M. Adams, l’agent au budget de l’administration Clinton, écrit dans une récente analyse que pour effectuer "de réelles économies sur les budgets de la défense, il faudrait réduire la force." Mais le Pentagone s’oppose fortement à la réduction du nombre des troupes, a déclaré Peter R. Orszag, directeur de cabinet du président de la gestion et du budget.
"M. Gates et les dirigeants militaires ont très clairement indiqué qu’ils ne tolèrent pas de réduction des forces", a dit M. Orszag.
Selon lui, il y a peu de comparaisons possible avec la dernière période d’importantes compressions des dépenses militaires et du personnel – dans les années 1990, après l’effondrement du communisme.
"Au cours de la fin de la guerre froide, on aurait pu imaginer une réduction sensible des effectifs de l’armée américaine," a dit M. Orszag. "Cette proposition diffère totalement de la situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui."
Graphique des dépenses annuelles U.S. consacrées aux guerres de 1940 à 2010
Le trésor de guerre : les Etats-Unis dépensent actuellement les 2/3 de la somme qu’ils avaient consacrée lors du pic annuel des dépenses pour la Seconde Guerre Mondiale. (Montants exprimés en millions de dollars)
Thom SHANKER et Christopher Drew
