Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

dimanche 8 août 2010

La Maison Blanche veut donner de nouveaux super-pouvoirs au FBI

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La guerre pour le contrôle de l’information fait rage. Internet fait peur aux gouvernants car l’information y circule trop librement à leur goût. Sous couvert de lutte contre le terrorisme, l’administration américaine vient de demander au Congrès d’étendre les capacités d’investigation du FBI. Mais pas n’importe lesquelles. Elle demande que le FBI puisse espionner les activités de télécommunication (Internet, téléphonie) sans avoir besoin de demander un mandat aux autorités judiciaires. Autrement dit, sans qu’aucun contrôle ne soit possible. Est-ce une simple "officialisation" d’un état de fait, une régularisation de pratiques courantes mais qui n’étaient pas officiellement reconnues ? On ne peut que se remémorer l’interview de l’ex-employé de la NSA, Russel Tice parlant des écoutes téléphoniques faites sous l’ère Bush par la NSA qui espionnait les journalistes ou de simples citoyens [Voir vidéo en fin d'article] . Apparemment Obama marche bien dans les traces de son prédécesseur.

Barack Obama et Robert Mueller, le directeur du FBI


Le gouvernement états-unien veut doter le FBI de nouveaux pouvoirs d’investigation sur les échanges de données sur Internet. Pour combattre le terrorisme, en opérant sur les activités « online » des citoyens sans avoir besoin de demander la moindre autorisation à un juge.

Le Ministère de la Justice (DOJ) états-unien se trouve actuellement dans une situation paradoxale où, après les critiques adressées au FBI pour abus de pouvoir lors d’enquêtes faites sans mandat, arrive la requête explicite demandant l’attribution par les autorités judiciaires de nouvelles exemptions dont bénéficierait ce même FBI lorsqu’il s’agit d’examiner le trafic Internet et les communications des citoyens américains.

C’est le Washington Post qui fait cette révélation : le DOJ a proposé au Congrès l’ajout d’une terminologie spécifique relative aux télécommunications (« enregistrements des transactions de communications électroniques ») à la liste des exemptions de mandat. Une telle terminologie, aussi vague et générique, pourrait bien faire partie des objectifs des National Security Letter (NSL), une série de moyens d’enquête que le FBI peut utiliser pour aller mettre son nez où il veut sans demander la permission à personne, en obligeant dans le même temps le suspect à maintenir le secret.

Les lettres NSL, ainsi que le Department of Justice les avait lui-même définies après une enquête interne, constituent un puissant moyen d’investigation dont le FBI use et abuse, un dispositf issu de la même culture de l’"urgence" que le PATRIOT ACT voulu par George Bush Junior. Et maintenant, ce même DOJ demande que les NSL deviennent encore plus puissantes et dangereuses pour la « discrétion » des communications privées échangées à travers les fournisseurs Internet et les réseaux de téléphonie mobile, le tout étant justifié par la nécessité de fournir au FBI de nouveaux pouvoirs afin de contrer le terrorisme.

Mais les risques contenus dans la proposition du DOJ sont nombreux, explique le Wall Street Journal, car avec les nouvelles normes, les « bad boys » fédéraux seraient autorisés à accéder à la chronologie de navigation sur Internet, les recherches effectuées en ligne, les informations de géolocalisation, les demandes de « mise en relation » sur facebook, et bien d’autres données.

« Si l’on tient compte de la tendance historique du FBI à abuser des écoutes » écrit la Electronic Frontier Foundation commentant l’initiative du DOJ, « il s’agit d’une requête stupéfiante et éhontée. Ils demandent au Congrès de récompenser une sale habitude, ouvrant la voie à des comportements encore bien pires. Espérons que le Congrès aura le courage et l’intégrité de refuser. »

Mais la « sale habitude » du FBI et la tendance à l’abus de pouvoir de la part des Fédéraux ne se font pas seulement sentir sur les télécommunications : le directeur de l’Agence, Robert Mueller, a ouvertement appuyé la proposition de loi exigeant des vendeurs de téléphones mobiles qu’ils conservent les identités des acheteurs. "C’est pour aider à combattre le terrorisme," explique tout naturellement Mueller.

ILLUSTRATION VIDÉO




Alfonso Maruccia