Des élus veulent se faire construire une salle de séance hypersécurisée qui les protège des indiscrétions.
L’histoire fait sourire tout Berne. La délégation des commissions de gestion veut se faire construire une salle de séance hypersécurisée. Et pour un coût de plusieurs millions. But déclaré ? Protéger les débats d’un éventuel espionnage avec des micros installés dans la salle, voire des écoutes high-tech à distance.
Seule méthode efficace connue pour lutter contre l’évolution technologique de l’espionnage : construire une cage de Faraday, une sorte de prison de métal qui empêche les ondes électromagnétiques de passer.
Mais ce n’est pas cela qui fait sourire. A Berne, tout le monde sait que le plus grand danger de fuite, ce ne sont pas les espions étrangers mais les parlementaires eux-mêmes, bien souvent trop bavards. Autrement dit : à quoi bon construire une salle spéciale alors que les élus parleront de toute façon dès qu’ils sortent de la salle ? « L’histoire de la politique suisse est remplie d’indiscrétion, reconnaît Pierre-François Veillon (UDC/VD). Mais pas au sein de la délégation des commissions de gestion. » Et effectivement, ce groupe spécial ne ressemble pas aux autres commissions parlementaires. Il a été constitué après l’affaire des fiches. Des élus – six au total – sont donc désormais chargés de surveiller les services de renseignements suisses, aussi bien civils que militaires.
« Nous ne traitons que des affaires sensibles, continue le vice-président de la délégation des commissions de gestion. C’est pour cela que nous avons besoin d’une certaine discrétion. Nous recevons beaucoup de conseillers fédéraux et de chefs du renseignement. » Mais il faut bien le reconnaître : les fuites au sein de la délégation ont toujours été rares, voire inexistantes.
En fait, le projet de cette salle spéciale date de 2002. Il revient au goût du jour avec la rénovation générale du Palais fédéral. « Pour l’instant, rien n’a été décidé, assure Pierre-François Veillon. Il faut encore trouver une solution sécuritaire mais pas trop disproportionnée. » Pour l’instant, les architectes proposent, comme l’a révélé le Blick hier, d’installer cette salle spéciale dans l’aile ouest du Palais fédéral, dans les locaux d’Ueli Maurer, le patron de la Défense. Mais le coût de l’opération semble faramineux. Il est estimé à 2 millions de francs. Une décision définitive devrait tomber cet automne.
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Fabian Muhieddine