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jeudi 1 octobre 2009

Sous-marins, la nouvelle génération

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L’effondrement du bloc de l’est a changé la donne sur de nombreux plans en matière de défense. Au niveau des sous-marins, si la dissuasion nucléaire est toujours d’actualité, les missions ont évolué. Deux exemples illustrent cette nouvelle politique d’emploi, l’Uss Seawolf et la future classe Barracuda française, destinée à remplacer les types Rubis.

L’effondrement de l’empire soviétique et du bloc de l’est ont définitivement changé la donne en matière de guerre sous-marine. Les quelques 250 sous marins russes qui étaient autrefois stationnés dans les ports limitrophes de Mourmansk et ceux de la flotte pacifique sont aujourd’hui bien moins nombreux. Plus d’une bonne moitié achèvent de rouiller à ciel ouvert, qui plus est l’ex Urss est devenue un pays « allié ». Si le jeu du chat et de la souris continue sous les mers entre les sous-marins de différentes nations, la menace a changé de visage. Un affrontement classique tel que ceux qui ont eu lieu pendant la guerre froide, comportant des patrouilles au large pour une veille ICBM, n’est plus d’actualité aujourd’hui.


Les Etats-Unis revoient les spécificités de leurs bâtiments

A ce titre, les premiers à l’avoir compris ont été les américains. La classe des SNA (sous-marin nucléaire d’attaque) Seawolf, troisième du nom, fut conçue durant la guerre froide, ce qui en fit un bâtiment construit principalement dans l’optique de garder l’avantage acoustique sur les sous-marins soviétiques.

Avec la fin de la guerre froide et le changement de la politique d’emploi, visant à se servir des bâtiments submersibles à proximité du littoral, le coût prohibitif de la classe Seawolf a réduit le nombre de ce type de sous-marins en service au sein de l’US Navy, au profit de la classe Virginia, financièrement plus abordable. Il n’en reste pas moins que le Seawolf et ses nombreux perfectionnements technologiques (furtivité, ballast à l’avant et à l’arrière du sous-marin, emport de missiles de croisière Tomahawk, construction modulaire, équipements de communication et/ou d’interception avancés) a permis à une nouvelle génération de submersibles de naître.

Cette nouvelle génération est directement liée à la nouvelle doctrine d’emploi des forces navales, à savoir l’intervention dans les crises régionales et la lutte anti-terrorisme, depuis l’attaque des tours jumelles du Wold trade center en septembre 2001. Le sous-marin de type SNA n’est plus considéré uniquement comme un vecteur de frappe mer-mer mais bien comme une arme mer-terre, incluant une capacité de projection et/ou de frappe à distance, pour cette dernière via le missile de croisière Tomahawk. Le missile de croisière embarqué n’est pas une nouveauté, puisque pour remonter aux origines, le premier d’entre eux, le Chance Vought Regulus, a été installé sur un sous marin en 1955. Le Tomahawk pour sa part a vu son étude lancée en 1972. Il a été rendu opérationnel en 1983 et tiré des SSN 724 Louisville et SSN 720 Pittsburgh pour la première fois dans des conditions de guerre en 1991, lors de la guerre du Golfe.


Moderniser la flotte française

En France, la modernisation de la flotte, indispensable pour que la Marine nationale puisse intervenir dans les crises régionales, se prépare. Les sous-marins ne constituent qu’une part de ce plan, puisque sont également prévus les FREMM ou Frégates Européennes Multi Missions et le deuxième porte-avions qui sera doté d’une propulsion classique, par opposition au Charles de Gaulle.

La nouvelle génération de SNA français, la classe Barracuda, est actuellement en cours d’étude. Ce programme, d’un coût estimé à 5 milliards d’Euros, vise au remplacement de la classe Rubis, laquelle comporte six bâtiments, à partir de 2015. Si la dissuasion reste l’un des axes essentiels de la stratégie de défense française, les conflits récents ont montré le rôle primordial que les sous-marins d’attaque pouvaient jouer dans la projection de forces. Le SNA, autonome et discret, est parfaitement adapté pour les missions d’interdiction de zone, de recueil de renseignement et pour les opérations spéciales liées à la mise en œuvre de commandos ou de nageurs de combat.

Le Barracuda se verra équipé du missile de croisière Scalp en version navale (MDCN ou missile de croisière naval, dérivé du Scalp EG), en plus des missiles antinavires rénovés Exocet SM 39 et des torpilles nouveau modèle destinées à entrer en service en 2012.

L’accent a été porté sur la propulsion du bâtiment, puisqu’elle sera directement dérivée de la chaufferie atomique des SNLE NG (sous marins lanceurs d’engins nouvelle génération), toutefois adaptée à la taille et aux besoins des Barracuda. En dehors de ces aménagements, les principales améliorations par rapport à la classe Rubis porteront sur l’augmentation de la vitesse maximale silencieuse du navire et la réduction des effets du bruit hydrodynamique à haute vitesse afin d’accroître la mobilité tactique et d’adapter les performances du Barracuda à l’évolution des menaces.

Le système de combat fera l’objet d’une des évolutions les plus importantes du Barracuda.

Dans le cadre des nouvelles missions confiées au navire, il pourra communiquer avec la flotte qu’il accompagne ou avec des stations à terre. Le sous-marin disposera ainsi de moyens de communication et d’interception électromagnétiques évolués. Le volume des informations à traiter, à analyser puis à présenter à l’interprétation du commandant sera fortement accru, tant par l’augmentation de la capacité de détection des senseurs à bord que par la nécessité d’intégrer les informations fournies par les éventuelles forces coopérantes. La Marine nationale possèdera ses six sous-marins de type Barracuda à l’horizon 2022.
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Antony Angrand