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jeudi 3 septembre 2009

Le regroupement d’Al-Qaeda au Yémen inquiète l’Arabie saoudite

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Le regroupement apparent au Yémen d’éléments d’Al-Qaeda inquiète les autorités saoudiennes, qui ont porté des coups sévères au réseau d’Oussama ben Laden dans le royaume sans venir à bout de la pensée fondamentaliste qui le nourrit, estiment des analystes. La tentative d’attentat-suicide la semaine dernière contre le patron saoudien de la lutte antiterroriste, le prince Mohammed Ben Nayef Al-Saoud, par un membre d’Al-Qaeda venu du Yémen semble accréditer cette thèse. Le kamikaze, un Saoudien dont le nom figurait sur la liste des 85 personnes les plus recherchées dans le royaume, est venu du Yémen en prétendant vouloir se repentir. "Le Yémen est devenu un lieu de regroupement d’Al-Qaeda du fait de la pression subie par le réseau en Arabie saoudite", estime le spécialiste saoudien des groupes islamistes Ali Khsheiban. "La présence d’Al-Qaeda au Yémen va créer beaucoup de problèmes. Le fait d’avoir des cellules basées dans ce pays voisin facilitera ses actions" en Arabie saoudite, souligne M. Khsheiban.

Les branches saoudienne et yéménite du réseau ont annoncé en janvier leur fusion sous le nom commun d’"Al-Qaeda dans la péninsule arabique". L’un des chefs de la branche saoudienne, Mohammed al-Awfi, qui s’est rendu aux autorités saoudiennes, a confirmé dans des "aveux télévisés" en mars que Al-Qaeda utilisait le Yémen comme base pour ses attaques en Arabie saoudite, après le démantèlement de ses cellules dans le royaume. "L’une des erreurs d’Abdel Aziz al-Muqrin (chef d’Al-Qaeda en Arabie saoudite, tué par les forces saoudiennes en 2004) avait été de concentrer ses forces à Riyad. La nouvelle stratégie consiste à avoir des brigades au Yémen qui pourraient frapper (en Arabie saoudite) avant de regagner leur base", avait-il dit. Le dernier coup porté à Al-Qaeda en Arabie a été l’arrestation en août de 44 de ses membres, dont de hauts diplômés, et la saisie de stocks d’armes.

"La nouvelle tactique d’Al-Qaeda consiste à avoir des bases au Yémen et à attaquer l’Arabie saoudite à partir de ces bases", renchérit Fares ben Hezam, un écrivain saoudien, lui aussi spécialiste des groupes islamistes. "Il est clair que le gouvernement yéménite a des moyens limités pour combattre Al-Qaeda. Il n’est pas aussi capable de profiter de l’expérience saoudienne dans ce domaine (...). Il n’y a pas au Yémen de combat sérieux contre Al-Qaeda", ajoute ce spécialiste. Le gouvernement yéménite a déjà du mal à contenir la rébellion dans le nord du pays et les violences dans le sud alimentées par des revendications séparatistes. "L’instabilité au Yémen en fait un environnement fertile pour Al-Qaeda", estime M. Khsheiban. Le pays de 529.000 km2 au relief tourmenté partage 1.500 km d’une frontière poreuse avec l’Arabie saoudite.

Outre la menace directe d’Al-Qaeda venant du Yémen, l’Arabie saoudite a fort à faire avec la pensée fondamentaliste largement répandue sur son sol. "Nous avons besoin de réformer l’enseignement de l’islam dans nos écoles", souligne M. Hezam, estimant que la lutte contre Al-Qaeda ne peut pas être uniquement sécuritaire. Un autre analyste saoudien, qui souhaite conserver l’anonymat, affirme quant à lui que "le problème n’a pas été résolu à la racine". "Les gens qui font la promotion de cette pensée ne sont pas inquiétés à moins qu’ils ne commencent à menacer le gouvernement", note-t-il, ajoutant qu’il n’y avait "aucun effort (de fait) pour combattre cette idéologie". M. Khsheiban précise : "L’extrémisme ne peut pas être seulement combattu par des moyens militaires, mais par la modération qui a besoin d’être soutenue par la société et l’État."
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AFP