Le département administratif de sécurité, DAS, chargé de l’espionnage et du contre-espionnage, disparaîtra, et sera remplacé par une nouvelle institution. Bogota balaie ainsi un gigantesque scandale d’écoutes illégales et raye de la carte une agence accusée d’avoir orchestré plusieurs assassinats d’opposants au pouvoir.
L’affaire des écoutes illégales a été révélée par la presse il y a quelques mois. Les services secrets colombiens enregistraient les conversations de journalistes, d’opposants au président Alvaro Uribe, et de magistrats qui enquêtaient notamment sur les membres de la majorité présidentielle, accusés de complicité avec les escadrons de la mort paramilitaires.
Depuis, le scandale a pris de l’ampleur, au point d’irriter Washington. Des conversations avec des membres de l’ambassade américaine avaient été écoutées, mais aussi des coups de fils passés par des représentants l’ONU.
Le Département Administratif de Sécurité n’en était pas à son premier abus. Pénétré au plus haut niveau par les paramilitaires d’extrême droite, le DAS serait derrière l’assassinat plusieurs syndicalistes, et universitaires de gauche. L’agence avait fait l’objet d’une purge, son ancien directeur, proche du chef de l’Etat, est actuellement incarcéré. Mais le nettoyage n’avait visiblement pas suffit.
Les victimes se demandent comment le président colombien, qui dirige ces services, peut affirmer que tout se passait à son insu. Ils craignent que la liquidation de l’agence n’enterre les enquêtes. Et personne ne peut assurer que l’institution qui la remplacera et gardera ses fonctions d’espionnage et contre-espionnage ne continuera pas, sous un autre nom, à agir contre l’opposition.
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Zoe Beri
Zoe Beri