Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

jeudi 20 août 2009

Les services secrets russes sont à l'oeuvre contre le Mossad au Liban

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Après la guerre de 2006, au cours de laquelle il a subi de lourdes pertes, le Hezbollah a tenu à regarnir ses rangs en engageant en masse, surtout des recrues issues des camps de réfugiés palestiniens.

Dans l'urgence, la branche du renseignement n'a pas pu gérer ce nouvel afflux, et un grand nombre de safanim, les informateurs du Mossad spécialisés sur les Palestiniens, se sont retrouvés au coeur du système hezbollahi. Ces sources ont permis au renseignement israélien d'obtenir une vision d'ensemble du terrorisme chiite au Liban.

L'apogée de cette infiltration fut, bien sûr, l'élimination en février 2008 du chef du renseignement du Hezbollah, Imad Mughniyeh, l'un des terroristes les plus recherchés du monde, mort dans l'explosion de sa voiture piégée par trois kidonim évoluant sous passeports iraniens.

Cet échec cinglant a fait office de sursaut du côté du Hezbollah. Dans les mois qui ont suivi la mort de Mughniyeh, les réseaux israéliens ont été littéralement écrasés, à l'image du réseau Al-Jarrah et de la "cellule Faquih"...

A l'époque, notre consultant sur le renseignement, l'ancien agent du Mossad Michael Ross, s'était étonné de ces réussites. Le Hezbollah n'a ni les moyens ni la formation d'élite d'une agence aussi professionnelle que le Mossad. Or, si l'on pouvait expliquer la chute d'un ou deux agents, il paraissait douteux que les réseaux du renseignement israélien pussent être aussi aisément et rapidement démantelés.

Certains ont avancé que le VEVAK, le renseignement iranien, était à l'oeuvre. Mais ce service n'a pas les moyens de ses ambitions. Israël a ensuite suspecté du matériel de surveillance sophistiqué livré par la France à l'armée libanaise, et qui aurait permis de pirater les bases de données du Mossad. Mais là non plus, cette explication n'a pas convaincu.Coup de tonnerre cette semaine : une source dans un service de renseignement occidental révèle que ce n'était pas le Hezbollah qui était et est toujours à l'oeuvre au Liban.

C'est le FSB, le contre-espionnage russe. Une unité d'élite a été envoyée par Moscou pour soutenir le Hezbollah après la disparition de Mughniyeh. Au cours d'une opération baptisée "Surprise à l'Aube", les officiers russes ont démasqué près de vingt espions et agents doubles israéliens, une véritable hécatombe ayant provoqué son lot de critiques à Jérusalem.

En Israël, on s'inquiète que la Russie travaille aux côtés d'une organisation terroriste avec si peu de discrétion. Certes, ce n'est pas nouveau que le Kremlin offre son aide à une entité ennemie (à l'orée de la guerre en Irak, un espion russe infiltré dans le CENTCOM américain avait livré les plans d'attaque du Pentagone à Saddam Hussein), mais c'est la première fois que les services secrets russes s'en prennent aussi ouvertement à Israël.

Le consultant sur la question du renseignement russe, M. Preobrazhensky, ancien officier supérieur du KGB, disait ainsi : "Russie et terrorisme islamiste sont désormais partenaires, et cette alliance aura un effet dévastateur sur le monde occidental."
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Egger Ph.