Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

vendredi 21 août 2009

Le mystère de l'"Artic Sea" : 22 Etats étaient à la recherche d'un cargo transportant "du bois"....

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Le MV "Artic Sea", le cargo battant pavillon maltais disparu entre fin juillet et fin août a probablement été victime d'une opération de renseignement.
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"Cela n'a rien à voir avec de la piraterie en haute mer", a pour sa part affirmé Martin Selmayr, porte-parole de la Commission européenne, visiblement sceptique sur les rapports russes.

Selon les premiers éléments de l'enquête, le cargo aurait été pris en otage le 24 juillet , au large de Gotlen, en Suède, par un commando de 8 à 10 hommes masqués prétendant être des policiers d'une unité de lutte contre les narcotiques de la police suédoise. Dans une autre version, ils se seraient introduits dans le navire en prétextant la réparation d'un problème de moteur, sur demande de l'équipage.

Cependant, une source parmi les autorités suédoises a après coup affirmé que ces informations, données par Moscou, n'étaient pas fiables.Selon la presse, les autorités britanniques ont été les dernières à repérer le navire, au large du Détroit de Douvres le 28 juillet. Le 31, les autorités suédoises sont entrées en contact avec le navire, mais n'ont jamais publié les compte-rendus de ces échanges. Le cargo a ensuite été localisé au large de Brest, puis survolé par un avion-espion portugais, pour ensuite être finalement "découvert" par la marine russe après qu'Interpol ait lancé une alerte le 3 août...

Selon les autorités maltaises, les gouvernements finlandais, maltais et suédois avaient le contact avec le navire mais refusaient de le rendre public pour "protéger la vie de l'équipage"...Quoi qu'il en soit, le plus grand déploiement de la marine russe de récente mémoire a finalement permis de retrouver le cargo au large du Cap-Vert, et les braves fusillers-marins russes ont capturé les "terroristes", tous "Estoniens et Lettons" issus, nous dit-on, du "crime organisé" et convoitant le chargement de bois d'une valeur de 1.3 million $, que l'"Artic Sea" convoyait vers l'Algérie.

Voilà pour... la désinformation.

Le journal danois Ekstra Badet a une toute autre version. Il révèle que le navire transportait en réalité des composants de missiles de croisière X-55, vendus illégalement par la Russie à l'Iran.

Selon le Christian Science Monitor, du "matériel sensible" se trouvait effectivement dans les soutes du navire, mais il partait pour la Syrie. L'ancien commandant en chef des forces armées estoniennes, Tarmo Kouts, a pour sa part affirmé dans le quotidien de son pays Postimees que l'étrange comportement russe s'expliquait "par la présence de missiles de croisière dans le navire".
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Les médias francophones sont étonnament discrets sur l'affaire du cargo Arctic Sea. En revanche, en Suède, la question avait été posée, dès le début, par Boba Bobik, correspondante à Kiev de Instablogs, de savoir si le mystère de l'Arctic Sea, était un test opéré par des terroristes pour évaluer les capacités de mettre en application les accords maritimes internationaux en matière de piratage ; ou une opération, visant à détourner l'attention d'une autre région maritime ou du matériel nucléaire serait convoyé. Si la question peut sembler ridicule de prime abord, elle est tout de même intéressante, car elle dépasse le cadre strict du "piratage" (piratage en Europe, une première...) et aborde le thème du terrorisme.

Or justement, selon Ritt Goldstein, du magazine américain The Christian Science Monitor, cité par Confidential Reporter, l'Arctic Sea transportait du matériel ou des équipements nucléaires destinés à la Syrie. L'information a été confirmée par China Confidential. Il y a une dizaine de jours, Mikhail Voitenko, rédacteur du bulletin maritime russe de Sovfracht, avait écrit que l'Arctic Sea avait peut-être été attaqué parce qu'il transportait du matériel sensible (et non pas du vulgaire bois). Le journaliste Bruno Waterfield avait confirmé cette déclaration le 12 août dans le journal britannique Telegraph.

Le 18 août, Vladimir Pimonov, correspondant à Mouscou du journal danois Ekstra Bladet, écrivait que l'Artic Sea transportait des missiles balistiques X 55 destinés à l'Iran.

L'information avait été également relayée par Les Ogsa dans le média norvégien Nyhetene. Au moment du "piratage" présumé de l'Arctic Sea, Nick Blackmore, rédacteur du magazine Safety at Sea International, écrivait : "Nous nous serions attendus, s'ils avaient été piratés, qu'ils contactent un port" (en effet, entre le début du "piratage" et la prise d'otage proprement dite, l'équipage avait tout de même quelques minutes de battement pour alerter par radio le port le plus proche...).

Le 13 août, Lynn Berry, correspondante de l'Associated Press à Moscou écrivait : "Le cargo a été repéré à Kaliningrad, une enclave russe (...) avant de recevoir le sceau légal de navigation dans un port finlandais".
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Bois vert dans une forêt russe...
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Egger Ph.