Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

samedi 18 février 2006

LE PROJET COLORADO

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Le programme qui enterra le projet Blue Book et provoqua, officiellement, la fin des enquêtes sur les ovnis.

Le Projet Colorado était un programme d'étude indépendant sur les ovnis, demandé par l'US Air Force, auprès de l'université du Colorado. Ce projet, qui était initialement prévu pour une durée de dix-huit mois, pouvait être prolongé. Il était sous la direction du physicien Edward Condon, qui encadré un groupe de consultants. Ce programme recevra une subvention de trois cent mille dollars et il avait été également indiqué que la subvention pourrait être augmentée.

La commission aura à étudier cinquante-six cas, tous sélectionnés par l'ATIC, pour une analyse détaillée afin, de déterminer si "l'analyse de nouvelles observations peut permettre d'augmenter les connaissances scientifiques utiles pour l'US Air Force" et "de tirer des rapports sur les ovnis toute contribution pouvant être considérée comme un accroissement des connaissances scientifiques". Elle pouvait aussi s'adresser à d'autres sources pour obtenir des rapports. Et le fera en se rapprochant de Donald E. Keyhoe, dirigeant le NICAP, qui lui communiquera plusieurs rapports.

Ce que l'on appellera bientôt la "commission Condon", se composait de quatorze personnes:

- Dr. Edward J. Condon, docteur en philosophie de l'Université du Colorado et professeur de physique, directeur du projet;

- Dr. Robert Low, docteur en philosophie de l'Université du Colorado, coordinateur du projet;

- Dr. Franklin Roach, astrophysicien et spécialiste en spectroscopie astronomique et en physique de la haute atmosphère;

- Dr. Stuart W. Cook, docteur en philosophie et professeur de psychologie de l'Université du Colorado;

- Dr. David E. Saunders, docteur en philosophie de l'Université de l'Illinois et professeur de psychologie de l'Université du Colorado;

- Dr Michael Wertheimer, psychologue et spécialiste des "ensembles psychologiques structurés";
- Dr. William Blumem, astro-géophysicien, attaché à l'Université du Colorado;

- DR. Joseph H. Ruch, météorologue du N.C.A.R. "Hight Altitude Observatory";

- Deux étudiants diplômés en psychologie de l'Université du Colorado;

- Un étudiant diplômé ès lettres, de l'Université du Colorado;

- Deux secrétaires;

- Un imprimeur typographe (pour effectuer l'impression du rapport).

Nous trouvons plusieurs diplômés en psychologie ou en philosophie, mais assez peu de scientifiques dans d'autres disciplines. Comme par exemple l'aéronautique, l'aérodynamique, la chimie, la communication radio et les radars, ou encore la photographie pour étudier les photos et les films, pris par les témoins.

Il leur avaient été indiqué qu'ils avaient l'autorisation de s'adjoindre au maximum une centaine de chercheurs pouvant venir d'autres universités, si besoin était. Ce qu'ils ne feront pas.

La commissions se voit attribuée de nouveaux moyens.

Par la suite, il y aura une requête présentée au bureau de la recherche scientifique de l'US Air Force, pour une prolongation de cinq mois, qui sera accordée. Et une rallonge de subvention de deux cent dix mille dollars, qui sera aussi acceptée. Portant la facture à plus de cinq cent mille dollars. Cette augmentation de budget était dût à:

- Achats d'instruments spéciaux de détection photographiques et électromagnétiques, conçus pour fournir des chiffres précis sur les tailles et performances des ovnis;

- Mise en place d'un réseau d'alerte de détecteurs d'ovnis qui préviendra immédiatement l'Université du Colorado, dès le début d'une observation potentiellement importante;

- Les archives des cas significatifs pourront être consulté par ordinateurs;

- Plusieurs équipes opérationnelles d'enquêteurs prêt à se rendre au moindre appel, sur tous signalement important;

- Un formulaire spécial d'analyse des observations, conçu exclusivement pour le projet Colorado;
- Un manuel de vulgarisation pour aider le citoyen à faire un meilleur travail de repérage et de compte-rendu d'observation;

- Des relations plus étroites avec les commandants de base de l'Air Force;

- Le recrutement de deux nouveaux membres pour la commission: le Dr. Gerald M. Rothberg, professeur de physique, qui dirigera une équipe d'enquêteurs sur le terrain et sera basé à Boulder (Colorado); Sam Rosenberg, qui rédigera une analyse historique sur le phénomène ovni, qui constituera un chapitre du rapport final.

Heureusement que le capitaine Ruppelt n'était plus là pour voir ça. La commission Condon, belle et bien chargée par l'Air Force d'enterrer le problème ovni, à de plus importants moyens, que n'en avait eu Blue Book, du temps de Ruppelt. Et pour quel résultat ?

Pendant que la commission à la folie des grandeurs et se prend pour une équipe d'intervention "Moon Dust", la presse s'en donne à coeur-joie.

Dès le départ, personne n'était dupe du rôle joué par la commission Condon.

"En d'autres termes, il n'existe pas au monde une équipe de psychologues plus qualifiée pour affirmer que la soucoupe volante est une structure psychologique expliquable en bloc par certaines particularités de la perception", peut-on lire dans la revue "Planète" n°39 de mars-avril 1968.

Comme le soulignera Ray palmer, le fondateur de la "Flying Saucer Review", dans son éditorial de mars 1967, la commission veut donner l'impression qu'elle est là pour se prononcer sur la réalité du phénomène ovni, peut-être sur leur origine et pour établir s'il est ou non une menace pour la sécurité nationale. En fait, il n'en est rien. La commission a été mise en place pour répondre à la question: "quel genre de personnes voient des soucoupes volantes (et l'écrive) et pourquoi en voient-elles ?". En clair, c'est une enquête psychologique. C'est une enquête sur les témoins et non sur les soucoupes. Une lecture attentive du règlement de la subvention accordée, le révèle à qui a le bon sens de se reporter à un dictionnaire.

D'ailleurs Kenneth Arnold, interrogé à maintes reprises depuis son observation de 1947, le reconnaîtra lui-même après avoir était en conversation téléphonique pendant près de trois heures avec un membre de la commission. Se qui le dérangeait, c'est le fait que c'est bien lui-même qui était examiné. On lui a posé des questions caractéristiques, comme par exemple: "Qu'est-ce qui vous fait penser que les soucoupes existent ?", au lieu de "Qu'avez-vous vu ?".

Autre exemple, voici ce que dit la commission à propos d'une photographie prise à McMinnville (Oregon) le 11 mai 1950: "Tous les facteurs étudiés, géométriques, psychologiques et physiques paraissent être cohérents avec l'assertion d'un objet volant extraordinaire, argenté, métallique, en forme de disque, de dizaines de mètres de diamètre, et évidemment artificiel, qui volait à portée de vue des deux témoins. On ne peut dire que les éléments excluent catégoriquement une fabrication, bien qu'il y ait des facteurs physiques tels que la précision de certaines mesures photométriques des négatifs d'origine qui arguent contre une fabrication".

Ces "scientifiques devraient expliquer comment "un objet volant extraordinaire", pourrait être "évidemment artificiel" et que cela excluerait "catégoriquement une fabrication". Alors que de plus, ils admettent eux-mêmes que la photographie n'est pas truquée (sûrement une indication de l'Air Force, étant donné qu'ils n'ont recruté aucun spécialiste en photographie).

Les conclusions et les recommandations du rapport final.

Le rapport final, qui sera titré "Etude scientifique des Objets Volants Non Identifiés", sera plus connu sous le nom de "Rapport Condon" et sera publié en 1968. Il concluait: "l'étude des ovnis durant ces vingt et une dernières années n'a rien apporté à la connaissance scientifique (et) que d'autres études approfondies des ovnis ne peuvent probablement pas se justifier par l'espoir qu'elles pourraient faire progresser la science". Et que "des personnes avec de bonnes idées pour des études spécifiques sur le sujet" devraient être soutenues au cas par cas par le gouvernement des Etats-Unis. En particulier le comité conclura à des lacunes dans les domaines de l'optique atmosphérique, de la propagation d'ondes radios et d'électricité atmosphérique qui pourraient bénéficier de la recherche sur les ovnis. Et que l'étude des cinquante six cas n'a pas apporté de preuves sur la réalité des ovnis ou sur l'hypothèse extraterrestre.

Le rapport sera validé par des membres de l'Académie des Sciences des Etats-Unis, de même que les conclusions et les recommandations. L'Académie des Sciences n'était nullement intéressée aux ovnis et sa consultation n'était en fait qu'une initiative de l'Air Force, pour cacher les lacunes du de la commission. Les supérieurs de l'Air Force craignaient en effet les conséquences d'une possible contre-enquête pouvant réunir des scientifiques, qui seraient opposés aux conclusions du rapport Condon, et aussi critiqueraient les membres de l'Université du Colorado.

Un programme manipulé et orienté, dès le début.

Le psychologue David Saunders divulguera une note interne de l'administrateur de la commission, Robert Low, datant de 1966, précisant "Notre étude sera conduite exclusivement par des personnes qui n'y croient pas et qui, bien qu'elles ne pourront probablement pas prouver un résultat négatif, pourront fournir un ensemble impressionnant de preuves qu'il n'y a aucune réalité dans les observations. La chose serait, je le pense, de présenter le projet de telle manière que pour le public, il apparaisse comme une étude tout à fait objective alors que, pour la communauté scientifique, il présenterait l'image d'un groupe de sceptiques faisant de leur mieux pour être objectifs mais avec un espoir pratiquement nul de trouver une soucoupe". Cette note sera publiée dans la presse en avril 1968 et mènera à une grande polémique sur l'objectivité du rapport.

La presse fera une virulente campagne contre l'US Air Force et le Dr. Condon. Même Frank Drake, le président de l'Académie des Sciences, critiquera le rapport Condon, avant même sa publication. L'Institut Américain de l'Aéronautique et de l'Astronautique (AIAA) estimera que "la conclusion inverse aurait pût être déduite de son contenu, c'est-à-dire, qu'un phénomène avec un ratio aussi élevé de cas inexpliqués (environ 25%) devrait produire assez de curiosité scientifique pour continuer son étude". Montrant bien, malgré les conclusions du rapport, la réalité et le pourcentage important de "cas inexpliqués".

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