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vendredi 26 décembre 2025

La Chine a transformé un cargo civil en navire lance-missiles

 

Récemment, le ministère taïwanais de la Défense a dévoilé une camionnette civile équipée d’un lanceur de missiles antichars AGM-114 Hellfire, d’un mât télescopique et de capteurs optroniques. L’idée est de disposer ainsi d’une capacité de frappe mobile et difficilement détectable afin de renforcer, si besoin, les défenses côtières de l’île.

Or, la Chine a l’intention de faire la même chose… mais avec des cargos civils. C’est en effet ce que suggèrent des photographies qui, prises à Shanghai, montrent un porte-conteneurs, en l’occurrence le Zhong Da 79, équipé de 60 cellules de lancement vertical conteneurisées, d’un radar de surveillance aérienne, d’un radar de conduite de tir de Type 344 et d’un système d’arme rapproché [CIWS – close-in weapon system].

D’une longueur de 97,5 mètres, le Zhong Da 79 navigue exclusivement au large des côtes chinoises. Selon The Maritime Executive, il est resté dans un chantier naval entre avril et août, avant de rester amarré à un quai donnant sur le fleuve Huangpu, près du centre-ville de Shanghai.

A priori, ce bateau a été équipé d’un système appelé CSDCS [pour Containerized Sea Defense Combat System / système de combat de défense maritime conteneurisé], inspiré du dispositif russe Club-K, apparu au début des années 2010. Selon le site américain Interesting Engineering, prenant place dans un conteneur maritime standard de 6 ou 12 mètres, il peut emporter jusqu’à quatre missiles de différents types.

Un tel système placé à bord de cargos civils « complique les règles d’engagement, notamment pour la marine américaine, qui ne peut légalement attaquer des cibles civiles sans menace avérée. De ce fait, ils pourraient servir à une première frappe, à l’instar de Pearl Harbor, contre des objectifs américains stratégiques », avait écrit Interesting Engineering, en juin dernier.

Même si, évidemment, il n’a pas été conçu pour résister aux chocs et qu’il n’affiche pas les mêmes performances qu’une frégate, un navire civil doté d’un tel système pourrait participer à la mise en place d’une bulle de déni ou d’interdiction d’accès [A2/AD], en assurant, par exemple, la défense aérienne d’un secteur donné ou en menant des frappes antinavires. Et sa seule protection reposerait en partie garantie sur son aptitude à se fondre dans le trafic maritime civil.

Cependant, installer des cellules de lancement vertical conteneurisées à bord d’un cargo civil pour en faire un navire arsenal est une chose… mais encore faut-il que celui-ci dispose d’un système de gestion de combat, qui est indispensable à tout navire militaire dans la mesure où en quelque sorte, est le « cerveau » d’un bateau militaire dans la mesure il intègre tous les capteurs, les systèmes informatiques, et effecteurs de ce dernier. 

Alors qu’elle ne cesse de se moderniser et de se renforcer à un rythme soutenu [elle aligne désormais 400 navires de guerre], la composante navale de l’Armée populaire de libération pourrait disposer d’une flotte d’appoint à moindre coût en équipant des bateaux civils avec des CSDCS, d’autant plus que près de 8 000 porte-conteneurs naviguent sous le pavillon chinois ou sous celui de Hong Kong. En outre, selon le renseignement militaire américain, elle est déjà en train de se doter de ferries commerciaux construits de telle sorte qu’ils seraient en mesure d’être engagés dans une opération amphibie.