Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

dimanche 21 septembre 2025

La création d’un Califat au Mali est désormais un scénario possible

 

Depuis quelques semaines, les délégués traditionnels d’une partie de la population, toutes ethnies confondues, commencent à douter de l’issue de la guerre et parachèvent des accords de paix localisés sous la dictée de l’insurrection du Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (Gsim-Alqaïda).

Le mardi 16 septembre 2025 à l’intérieur de l’emprise militaire de Sévaré, cercle de Mopti, une rencontre à huis-clos réunissait, outre plusieurs officiers du commandement des Forces armées maliennes (Fama), des volontaires russes d’Africa Corps, des représentants de milices d’autodéfense Donzos agissant en supplétifs et une poignée de chefs de villages de la zone dont le soutien à la junte tient toujours malgré des récentes défections sur le terrain. 

A la faveur des échanges, empreints de ferveur patriotique pour la défense de Maliba (mère patrie) contre la menace de débordement par les terroristes, les Donzos encore acquis au centre de pouvoir se sont vu confier un surcroît de responsabilités, au titre de la résistance à l’ennemi. Parmi les résolutions prises afin de mieux sécuriser et stabiliser les espaces soumis à la pression jihadiste, il a été décidé de confier, aux Donzos, un meilleur arsenal, assez de munitions et de coordonner leur action avec le duo Fama-Africa Corps.

De l’évolution en cours découlent 6 constats   

1. Le rééquipement des Donzos accentuerait les risques d’extension de la violence civile, notamment l’exacerbation des inimitiés aux dépens des Peulhs, réputés principal vivier de recrutement du Gsim. Cependant, l’assertion, certes vérifiable il y en encore un an, ne reflète plus la réalité. Les ralliements à la franchise sahélienne d’Alqaïda au Mali couvrent, désormais, les peuplements Bambara, Songhai, Maure et Tamachek.

2. Les ultimes tentatives de sauvetage du pays arrivent à contretemps. La savane boisée autour de la capitale Bamako et d’autres villes est à présent infiltrées par les combattants du jihad, comme le confirme la quasi-totalité des sources de Veille sahélienne. Le Gsim dispose, là, d’une aire de repli, et d’une base arrière de ravitaillement et d’entrainement tactique. La plus proche de la capitale, s’en trouve éloignée de 60 km, le long de la route de Ségou. Suivent, selon un mouvement d’ondes concentriques, les périmètres de la Boucle du Baoulé (120km), reliant Kati et Kita et la végétation touffue des Monts mandingues, de Kangaba à la frontière de la Guinée. Plus au sud, le Gsim s’est durablement installé, près de Koulikoro et Sikasso, dans les forêts denses du Sounsan.

3. En profondeur de l’ensemble des sites précités, les blessés du Gsim côtoient les prisonniers et les otages étrangers. Les lieux de refuge assurent le rôle de quartier général d’où partent les attaques et les missions de reconnaissance. Les butins y convergent, également.  

4. Le rôle et l’envergure des cellules dormantes demeure moins aisé à quantifier au sein des agglomérations urbaines. Aucune indication factuelle ne permet, pour le moment, d’en mesurer l’incidence éventuelle sur la suite du conflit.

5. Au travers des réseaux sociaux, certains spéculateurs, qu’ils soient adversaires ou partisans de la junte, évoquent de possibles négociations d’échange de prisonniers et la conclusion de trêves ponctuelles, entre les deux protagonistes. Or, au train où va la configuration du champ mouvant de la belligérance, l’hypothèse de la somalisation se précise davantage.

6. Alors que la République du Mali fête, le 22 septembre courant, sa liberté en sursis, les promoteurs zélés de la solution martiale, rivalisent au partage de la vidéo non datée d’une livraison de blindés neufs, à Bamako. Néanmoins, l’impact stimulant sur le moral du peuple semble de peu d’effet auprès de soldats certes surarmés mais en mal de motivation devant la férocité du camp adverse.  L’insubordination et la désertion poignent, déjà, à l’horizon de la défaite.

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