Alors que ses forces armées se préparent à mettre en œuvre un plan visant à prendre le contrôle de la ville de Gaza afin de vaincre le Hamas et de libérer les otages que cette organisation terroriste retient depuis le 7 octobre 2023, Israël a été visé par un nouvel attentat ayant fait six tués à Jérusalem Est, le 8 septembre. Soit à quelques jours de la reconnaissance de l’État de Palestine par la France, le Canada et l’Australie.
Quelques heures plus tard, les « Brigades Al-Qassam », qui forment la branche armée du Hamas, a revendiqué « l’attaque par balles qui a eu lieu hier matin [le 8/9], près du carrefour de la colonie de Ramot ».
Cette revendication a-t-elle été l’élément déclencheur du raid mené par les forces israéliennes au Qatar ? Toujours est-il que, peu après la diffusion du communiqué des « Brigades Al-Qassam », plusieurs explosions ont été entendues à Doha. Des témoins ont rapporté que de la fumée s’élevait au-dessus du quartier de Katar, où résident plusieurs hauts dirigeants du Hamas, dont Khalil al-Hayya, le chef de son bureau politique.
Via le réseau social X, l’état-major israélien a fait savoir qu’il en était à l’origine. « L’armée et le service de sécurité intérieure [Shin Bet] ont mené une frappe ciblée contre la haute direction de l’organisation terroriste Hamas ». Et d’ajouter : « Depuis des années, ces membres de la direction du Hamas dirigent les opérations de l’organisation terroriste, sont directement responsables du massacre brutal du 7-Octobre et ont orchestré et géré la guerre contre l’État d’Israël ».
« Avant la frappe, des mesures ont été prises afin de limiter les dommages causés aux civils, notamment avec l’utilisation de munitions de précision et des renseignements supplémentaires », a-t-il conclu.
De son côté, l’émirat a confirmé avoir été visé par des frappes israéliennes. Le Qatar « condamne fermement l’attaque lâche menée par Israël qui a visé des immeubles résidentiels à Doha abritant plusieurs membres du bureau politique du Hamas », a réagi Majed Al-Ansari, le porte-parole du ministère qatarien des Affaires étrangères. « Cette agression criminelle constitue une violation flagrante de toutes les lois et normes internationales et représente une menace grave pour la sécurité des Qatariens et de ses résidents au Qatar », a-t-il fait valoir.
Reste à déterminer le mode opératoire des forces israéliennes pour frapper Doha. Lors de l’opération Rising Lion, menée en juin contre le programme nucléaire iranien, leurs chasseurs-bombardiers avaient survolé la Jordanie, la Syrie et l’Irak. Là, s’il s’agit d’une opération aérienne, il est probable qu’ils aient suivi la même route. Á moins qu’ils aient volé dans l’espace aérien de l’Arabie saoudite. Dans un cas comme dans l’autre, l’appui d’avions ravitailleurs aura été nécessaire. Il n’est pas impossible que cette frappe ait impliqué la marine israélienne, comme cela a été le cas en juin dernier contre le port de Hodeida [Yémen].
Selon le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, ces frappes, dont le bilan reste à établir, ont été effectuées sans aide extérieure. « L’opération d’aujourd’hui contre les principaux chefs terroristes du Hamas a été entièrement indépendante. Israël l’a initiée, Israël l’a menée, et Israël en assume l’entière responsabilité », a-t-il en effet assuré.
Ce n’est pas la première fois que le Qatar est visé par des représailles : cela a été le cas en juin, après les frappes effectuées par des bombardiers stratégiques B-2A Spirit de l’US Air Force contre l’usine iranienne d’enrichissement de l’uranium située à Fordo. En riposte, Téhéran avait tiré une salve de missiles en direction d’al-Udeid, où est implantée la plus importante base américaine au Moyen-Orient. Cela étant, les autorités qatariennes avaient, a priori, été prévenues de cette attaque. D’ailleurs un seul des quatorze engins lancés est tombé dans un terrain vague, les autres ayant été interceptés par les systèmes de défense aérienne Patriot.
Pour rappel, au regard de sa superficie, le Qatar dispose de la force aérienne la plus puissante de la région, avec 36 Rafale, 24 Eurofighter Typhoon et 37 F-15QA [version locale de l’Eagle II]. Et c’est sans compter sur les 12 Mirage 2000-5 que la force aérienne qatarienne cherche à revendre.