Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

dimanche 13 juillet 2025

Trump risque de se prendre l'affaire Epstein dans les dents

 

Les républicains avaient placé de grands espoirs en Donald Trump. En tant que président américain réélu, il devait s'attaquer à ses adversaires politiques et aux élites en place. Les dossiers sur Jeffrey Epstein semblaient être un excellent atout pour y parvenir, les républicains espéraient y trouver les noms d'opposants célèbres impliqués dans ses parties de jambes en l'air avec des mineurs.

Mais ce plan est tombé à l'eau. Trump refuse de révéler cette liste, alors qu'il avait promis de la publier pendant sa campagne électorale. De quoi mettre en colère ses plus fidèles partisans. L'affaire Epstein risque d'avoir un effet boomerang pour le président des Etats-Unis.

Après l'augmentation de la dette publique et l'engagement militaire à l'étranger, à présent, Trump déçoit ses partisans avec l'élucidation de l'affaire Epstein. En parallèle, le tribunal a déjà rendu publiques des pièces de ce dossier, parmi lesquelles se trouvent des procès-verbaux de vol, des preuves et une liste de 254 victimes, dont les noms ont été caviardés pour protéger les personnes.

Dans le dossier figurent les noms de Bill Clinton, du prince Andrew, de Michael Jackson et de Donald Trump, même si cela ne signifie pas que ces personnes sont accusées de malversations.

Trump retourne sa veste

Il est évident que d'autres célébrités ont participé aux soirées sexuelles d'Epstein et, possiblement, abusé de mineurs. Pendant sa dispute avec Trump, Elon Musk avait laissé entendre que le président américain figurait lui-même sur cette liste.

Lors de sa campagne électorale, Donald Trump avait promis de publier la liste complète, mais il semble avoir retourné sa veste. La Maison Blanche a déclaré qu'il n'y avait pas de «liste de clients» ou de nouvelles informations compromettantes.

Pour ne rien arranger, Kash Patel, chef de la police fédérale (FBI), et la ministre de la Justice Pam Bondi ont aussi soudainement fait marche arrière, après avoir d'abord alimenté les spéculations sur une «liste de clients» d'Epstein tenue secrète.

Les fans de Trump déçus

Ce retournement de veste a été mal accueilli par les partisans de Trump, qui leur avait pourtant promis une transparence radicale et la fin de l'élite corrompue. Steve Bannon est aux premières loges de ces détracteurs, ainsi que l'idéologue conspirationniste Alex Jones. Pour eux, Trump n'a pas tenu parole. 

Les théories du complot autour de la liste Epstein ou du «Deep State» – un soi-disant Etat fantôme dans lequel les services secrets, les agences de sécurité et les fonctionnaires ministériels forment une sorte de gouvernement de l'ombre – étaient jusqu'à présent un phénomène marginal au sein des républicains. Mais depuis, selon Philipp Adorf, spécialiste des Etats-Unis à l'université de Bonn, une partie importante de l'électorat conservateur donne du crédit à ces récits.

«Si Donald Trump est associé à des soupçons de dissimulation, il court le risque d'être entraîné dans les mêmes logiques de conspiration qu'il a instrumentalisées politiquement auparavant», analyse Philipp Adorf. Alors que Trump a utilisé l'affaire d'Epstein pour s'en prendre à l'élite corrompue, il pourrait aujourd'hui être considéré partie de cette élite.

Des élections de mi-mandat risquées

Avec une telle attitude, Trump se met, lui et ses alliés politiques, en mauvaise posture. «Ces contradictions pourraient non seulement saper la confiance des électeurs, mais aussi réduire le potentiel de mobilisation au sein de l'électorat républicain pour les prochaines élections de mi-mandat», précise Philipp Adorf. Les fans frustrés de Trump pourraient tout simplement rester chez eux au lieu d'aller voter.

En d'autres termes, les élections de mi-mandat du 3 novembre 2026 pourraient être un échec pour Trump. Et la course est serrée: pour obtenir la majorité à la Chambre des représentants, les démocrates ne sont qu'à trois sièges des républicains.

Guido Felder

blick.ch