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lundi 7 juillet 2025

Les rebelles houthis reprennent leurs attaques contre les navires civils en mer Rouge

 

Ce 7 juillet, les forces israéliennes ont de nouveau frappé des positions tenues par les rebelles houthis [liés à l’Iran] au Yémen, en réponse à leurs derniers tirs de missiles contre l’État hébreu. Les ports de Hodeida, de Ras Issa et de Salif ont ainsi été visés, de même que la centrale électrique de Ras Al-Khatib.

Cela étant, on aurait pu penser que les houthis allaient reprendre leurs attaques contre le trafic maritime civil en mer Rouge lors de l’opération « Rising Lion », menée par Israël contre le programme nucléaire iranien. Or, il n’en a rien été. Mais ce n’était que partie remise.

Ayant décrété une trêve dans leurs opérations en mer Rouge à la faveur de l’accord de cessez-le-feu conclu par Israël et le Hamas en janvier, les houthis n’avaient plus revendiqué d’attaques contre des navires civils depuis celle menée contre le porte-conteneurs danois Santa Ursula, le 27 décembre dernier.

En mars, alors que le cessez-le-feu arrivait à son terme, les États-Unis lancèrent l’opération Rough Rider pour dégrader l’infrastructure militaire des houthis. Aussi, ces derniers concentrèrent leurs attaques sur les navires de l’US Navy déployés dans la région. Puis les choses se calmèrent après un accord obtenu sous l’égide du sultanat d’Oman.

Dans le même temps, les opérations navales « Gardien de la prospérité » et « Aspides », lancées respectivement par les États-Unis et l’Union européenne pour protéger le trafic maritime en mer Rouge, furent prolongées. Et, après une accalmie de près de sept mois, elles auront probablement de nouveau à s’employer pour escorter les navires civils.

En effet, le 6 juillet, les houthis ont revendiqué l’attaque du vraquier grec « Magic Seas » [battant pavillon du Liberia], à un moment où il est question d’un nouveau cessez-le-feu entre Israël et le Hamas et où l’Iran a décidé de rompre avec l’Agence internationale de l’énergie atomique [AIEA].

Assurant une liaison entre la Chine et la Turquie avec une cargaison de fer et d’engrais à son bord, le Magic Seas a été attaqué alors qu’il se trouvait à 51 nautiques au nord de Hodeida. Ce cargo « avait déjà fait escale en Israël dans le passé, mais le dernier transit semblait peu risqué car il n’avait rien à voir avec Israël », a commenté Michael Bodouroglou, un représentant de l’armateur Stem Shipping, auprès de l’agence Reuters.

Leurs stocks de missiles et de munitions téléopérées [MTO] ont-ils été affectés par les frappes américaines ? Toujours est-il que les houthis ont changé de mode opératoire. En effet, le Magic Seas a été visé par des tirs d’armes légères et de roquettes RPG depuis huit petites embarcations.

« L’équipe de sécurité armée [AST] du navire a riposté », a indiqué la société privée britannique Ambrey, spécialiste de la sécurité maritime. Mais cela s’est avéré insuffisant. En effet, les houthis ont ensuite envoyé quatre drones de surface contre le cargo, dont deux ont percuté sa coque à bâbord. Le porte-parole des rebelles yéménites a précisé que « trois drones et cinq missiles » avaient aussi été utilisés. Ce qui ne peut pas être confirmé pour le moment.

Puis, un incendie s’est déclaré à bord du Magic Seas, ce qui a contraint son équipage à l’abandonner, alors qu’il prenait l’eau. Ce dernier a été recueilli par un autre navire civil qui naviguait dans la zone en direction de Djibouti. Au total, l’attaque a duré quatre heures.

Reste à voir si d’autres vont suivre… En tout cas, Ambrey voit dans le recours à des drones de surface chargés d’explosifs le signe d’une « escalade majeure » en mer Rouge.

Comme l’a récemment expliqué le capitaine de vaisseau Pascal Forissier, commandant de l’équipage A de la frégate multimissions [FREMM] Provence quand celle-ci était déployée en mer Rouge, les drones de surface utilisés par houthis sont généralement des « skiffs traditionnels », c’est-à-dire des « barques en bois employées par les pêcheurs dans la zone sud de la mer Rouge, équipés d’explosifs et téléguidés ». Et d’ajouter : « Les houthis sont allés jusqu’à les doter de mannequins pour laisser croire qu’il s’agissait de barques de pêche inoffensives et non de drones téléguidés armés ».

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