Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

jeudi 19 juin 2025

L'espionnage russe inquiète l'Autriche

 

En Autriche, réputé pour être le paradis des espions, on parle beaucoup de l'espionnage russe. Les services de renseignement autrichiens viennent de publier un rapport plutôt inquiétant.

L'Autriche, qui est un pays neutre, a gagné depuis la guerre froide la réputation d'être un paradis pour les espions, et surtout sa capitale Vienne. Mais depuis le début de la guerre en Ukraine, c'est l'espionnage russe qui est au centre de toutes les attentions ici et des inquiétudes. Ces dernières années, plusieurs scandales ont révélé au grand jour que l'espionnage russe était particulièrement intense dans la capitale autrichienne. C'est désormais la DSN, la Direction de la sûreté nationale et du renseignement, c'est-à-dire les services de renseignement autrichiens, qui sonne l'alerte. La DSN vient de publier son dernier rapport et il est plutôt alarmant.

Il est évidemment très difficile de savoir combien d'espions russes sont en Autriche. Mais on sait qu'une partie de ces agents a une couverture officielle, par exemple au sein de l'ambassade de Russie en Autriche. Dans son rapport, la DSN affirme que 258 diplomates et employés techniques et administratifs russes sont accrédités en Autriche. Or, un nombre élevé d'entre eux sont suspectés de travailler pour les services de renseignement russe. La DSN préconise donc l'expulsion de personnel de l'ambassade russe, ce qui permettrait de réduire le danger potentiel.

Peu d'expulsions et une législation laxiste

Depuis 2020, le pays a expulsé 11 diplomates russes, c'est moins que beaucoup d'autres pays européens. Dans le même temps, les nombreuses expulsions survenues dans d'autres pays ont fait de l'Autriche "un refuge important pour les services de renseignement russes", selon la DSN. Si Vienne est un refuge attractif, ce n'est pas uniquement parce qu'il y a dans la capitale autrichienne de nombreuses organisations internationales comme l'OSCE, l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe ou l'AIEA, l'agence internationale de l'énergie atomique. C'est aussi parce que Vienne serait selon la DSN "l'un des derniers sites de renseignement d'origine électromagnétique russe en Europe".

Dans le 22e arrondissement de Vienne, "on voit clairement que sur les toits de plusieurs de ces bâtiments se trouvent de grandes antennes paraboliques et en très grand nombre. Ces dernières années, le nombre de ces antennes paraboliques a considérablement augmenté, cela a été documenté, notamment grâce à des images prises par des drones", explique le journaliste Florian Rehekampff, auteur d'un livre sur l'espionnage en Autriche.

Cette situation s'explique par la législation autrichienne, plutôt laxiste en la matière. L'espionnage est de facto légal en Autriche tant que ce n'est pas dirigé contre le pays lui-même. Un arrêté a bien été pris en 2024 afin que les parquets interprètent de manière plus stricte la législation et estiment que l'espionnage porte également atteinte à l'Autriche quand il est dirigé contre un autre État européen ou une organisation internationale. Mais c'est un arrêté, la loi, elle, n'a pas été modifiée. La DSN préconise d'ailleurs dans son rapport de durcir les dispositions pénales relatives à l'espionnage.

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