Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

mercredi 25 juin 2025

Les détails du rapport secret qui contredit Trump sur l'Iran

 

Donald Trump l’affirmait avec assurance dimanche 22 juin: les frappes américaines ont «complètement détruit» les principales installations nucléaires iraniennes. Mais à mesure que les jours passent, images satellites et analyses d’experts viennent nuancer, voire contredire cette version. Et ce mercredi 25 juin, une révélation explosive de CNN vient enfoncer le clou: selon un rapport secret du Pentagone, les frappes n’auraient retardé le programme iranien que de… quelques mois.

Ce document confidentiel, rédigé par l’Agence de renseignement de la Défense, indique que les sites visés n’ont pas été autant endommagés que l’espéraient certains responsables de l’administration. Pire: Téhéran aurait conservé le contrôle de la quasi-totalité de son matériel nucléaire. En clair, si l’Iran décidait d’accélérer son programme, il serait encore en mesure de fabriquer une bombe dans un délai relativement court.

Ces conclusions font grincer des dents à Washington. La Maison-Blanche a reconnu l'authenticité du rapport, tout en rejetant fermement son contenu. Furieux, Donald Trump persiste sur Truth Social: «LES SITES NUCLEAIRES EN IRAN SONT COMPLETEMENT DETRUITS!», écrit-il quelques heures après les révélations de CNN. Il en profite pour accuser le média de propager des «fake news».

Les détails du rapport

Avant l'attaque, les services de renseignement déclarait que si l'Iran tentait de fabriquer une bombe rapidement, il lui faudrait trois mois. Après les bombardements américains et les jours d'attaque de l'armée israélienne, le rapport conclut que le programme iranien est bien retardé, mais de moins de six mois, souligne le «New York Times». 

Et selon deux sources citées par CNN, les stocks d'uranium enrichi de l'Iran n'ont pas été détruits. Ils auraient été déplacés juste avant les frappes vers des sites secrets. Pire, les centrifugeuses seraient en grande partie «intactes».

Et bien que les bombardiers américains ont largué plus d'une douzaine de bombes anti-bunker de 13'000 kilos sur les sites de Fordo et Natanz, les dommages seraient «modérés à grave». En effet, les dégâts se seraient limités en grande partie aux structures en surface. Selon des sources proches du dossier, les bombes n'auraient pas totalement détruit les centrifugeuses et l'uranium hautement enrichi des sites. Comme l’avaient anticipé plusieurs experts militaires, il aurait fallu des vagues de frappes successives, étalées sur plusieurs jours, voire semaines, pour raser entièrement des sites aussi protégés que Fordo.

La Maison Blanche en pétard

Karoline Leavitt, attachée de presse de la Maison Blanche, a réfuté les conclusions du rapport sans toutefois nier son existence. «Cette prétendue 'évaluation' est totalement erronée et a été classée 'top secret', mais elle a tout de même été divulguée à CNN par un anonyme, un petit raté de la communauté du renseignement», fulmine-t-elle sur X. 

Elle poursuit: «La fuite de cette prétendue évaluation est une tentative manifeste de dénigrer le président Trump et de discréditer les courageux pilotes de chasse qui ont mené une mission parfaitement exécutée pour anéantir le programme nucléaire iranien.» Et pour la porte-parole pas de doute sur les résultats: «Tout le monde sait ce qui arrive lorsqu’on largue parfaitement quatorze bombes de 13600 kg sur leurs cibles: l’anéantissement total.»

L’armée américaine, de son côté, parle d’un «succès retentissant» et affirme que l’opération s’est déroulée comme prévu. Interrogé mardi matin sur une éventuelle reconstruction du programme iranien, Trump reste catégorique: «Cet endroit est sous terre. Cet endroit est démoli.» Mais le général Dan Caine, chef d’état-major interarmées, se montre plus prudent. Dimanche, il déclarait qu’il était «bien trop tôt» pour déterminer si l’Iran avait véritablement perdu toute capacité nucléaire.

L'Iran fanfaronne

Mardi, le gouvernement iranien a affirmé avoir «pris les mesures nécessaires» pour poursuivre son programme nucléaire. Un conseiller du guide suprême, Ali Khamenei, a déclaré que l’Iran disposait toujours de stocks d’uranium enrichi, ajoutant que «la partie n’est pas terminée».

Il faudra encore du temps au Pentagone pour mesurer précisément l’efficacité des frappes. Mais à ce stade, tout porte à croire que, contrairement aux affirmations de Trump, le programme nucléaire iranien est loin d’avoir été totalement anéanti.

Solène Monney

blick.ch